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Une idée qui fait son chemin : rediabolisons le FN !
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Zone franche

Attaquer Marine Le Pen sur l’inanité du programme économique du FN, ça n’est peut-être pas une si riche idée, après tout…

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Si la présentation du « programme présidentiel » de Marine Le Pen doit servir à quelque chose, c’est bien à la réévaluation d’un cliché fatigué : c’est en démontrant l’absurdité des propositions économiques et politiques du FN que l’on ramènera les brebis égarées au bercail démocratique…

Moi-même, et c’est un peu mon mea culpa du jour, j’ai longtemps défendu ce point de vue (j’aimais tout particulièrement rappeler le concept lepéniste du droit de vote supplémentaire offert aux papas pour leurs fistons et aux mamans pour leurs fifilles, qui valait tout de même son pesant de cacahouètes…).

Las, l’électeur d’extrême droite « standard », et je ne parle pas du militant aux convictions xénophobes réellement ancrées, se moque totalement de savoir si, oui ou non, les réponses des « experts » frontistes aux problèmes du pays sont pertinentes ou non.

A l’heure où nos plus brillants esprits se grattent le crâne en observant la Grèce et l’Italie s’enfoncer chaque jour un peu plus profondément, on aurait d’ailleurs un peu de mal à les en blâmer. Mais c’est surtout qu’écouter sérieusement le FN sur la manière dont on pourrait remettre le monde sur les rails est aussi vain que de tabler sur Sepp Blatter pour nous éclairer sur le racisme dans l’univers du foot ou Marion Cotillard sur les conséquences mécaniques de la rencontre brutale d’un avion de ligne et d’un gratte-ciel

Étrangers du dedans, étrangers du dehors...

Le FN demeure un "single issue party" : les étrangers, du dedans comme du dehors, sont responsables de tous nos maux et la France redeviendrait le joli paradis des livres d’images si nous nous retrouvions entre gens de bonne compagnie. Le chômage, la délinquance, la maladie et le mauvais fonctionnement du RER A aux heures de pointe, c’est la faute aux étrangers du dedans. La baisse de nos exportations, la dépendance par rapport aux marchés, les licenciements chez PSA, c’est plutôt celle des étrangers du dehors.

De fait, la France qui émergerait de l’application du programme du FN (au-delà de sa tiers-mondisation quasi instantanée mais on a dit qu’on laissait cet argument de côté), c’est tout le contraire de l’idéal de grandeur patriotique censément prôné par, hum, "Marine" ― comme il est de bon ton de désigner l’héritière depuis que les médias l’aident à se faire un prénom.

Une petite France étriquée, isolée, repliée, racornie, pétocharde, archaïque, sans influence ni ambition que même la Jeanne d’Arc de la rue de Rivoli déserterait fissa pour le Buckinghamshire sur son destrier doré.

Délire pour délire, je préfère de loin la vision mégalomane qui nous sied d’habitude au teint sous un de Gaulle, un Pompidou, un Giscard, un Mitterrand ou un Sarkozy (oui, j’ai sauté Chirac, j’ai fait exprès, ce n’est pas un oubli). Cette vision d’une France à la population tout juste égale à 3% des effectifs humains globaux mais restant capable d’envoyer paître un Kadhafi à l’occasion et de faire du buzz dans les forums internationaux.

A ceux qui seraient tentés ― et pourquoi pas, c’est (encore) la démocratie, on fait ce qu’on veut de son bulletin ― de voter pour un parti prônant ce type d’isolement grotesque et anachronique parce qu’ils rêvent d’habiter dans un reportage de Jean-Pierre Pernaut bourré de savetiers à moustaches et d’hortilloneurs à rouflaquettes (oui, oui, je caricature avec mépris, c’est terrible, engueulez-moi dans les commentaires, j’adore ça), rappelons qu’ils n’ont tout de même que l’embarras du choix depuis que le souverainisme est à la mode.

Mais si c'est à Marine Le Pen qu'ils décident d'apporter leur soutien, leur rappeler les fondamentaux n'est certainement pas du luxe. Le FN est un authentique parti d'extrême droite dont même les plus réacs des tea-partistes américains refusent de rencontrer les leaders.

Oui, pour 2012, rediabolisons le FN !

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