Sous la plage, la haine : "un juif, une balle !" et aussi "un juif, un flic !"<!-- --> | Atlantico.fr
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Paris Plages.
Paris Plages.
©Reuters

Tel Aviv - Paris

De la solidarité avec les Palestiniens ? Allons-donc…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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1968 : "Sous les pavés, la plage". 2015 : "Sous la plage, la haine". La controverse autour de "Tel Aviv sur Seine", organisé par la mairie de Paris, n'est pas une polémique. C'est un exorcisme mortifère, comme du temps où l'on brulait les sorcières. Le mot "polémique" utilisé par les médias a autant de rapport avec la polémique (normale) qu'un massacre avec une incivilité. L'arc des protestataires, des opposants à cette manifestation prévue pour être ludique et festive, est très étendu. Il va de Dieudonné, en passant par Soral et différentes associations musulmanes ou pro-palestiniennes, jusqu'au Front de Gauche. Leurs communiqués se disent et se prétendent politiques : "non à la colonisation, non à Netanyahou".

Et sous les communiqués, comme sous la plage, un torrent de boue. Les journaux évoquent avec retenue et prudence les posts et les tweets "violents et outranciers". Ils parlent des réseaux sociaux auxquels ils attachent, semble-t-il, beaucoup d'importance. Mais ils n'y vont pas. Et en tout cas laissent leur contenu dans un flou protecteur. Tout le monde peut y aller. Je l'ai fait.

Des centaines, des milliers de tweets appelant à la mort. Ali :"vous voulez Tel Aviv sur Seine ? Vous aurez Auschwitz sur Seine". Yassine : "on va en poignarder des sionistes !"  Le reste est à l'avenant. De la compassion pour les Palestiniens ? Non. Juste une envie de tuer. En 2003 à Durban lors de la Conférence des Nations Unies sur les droits de l'homme (présidée par la Libye, un exemple absolu de démocratie) on entendit les cris :"one jew, one bullet" ("Un Juif, une balle !"). Depuis ça résonne et ça plaît. Y compris sur les berges de la Seine où tant de paisibles protestataires comptent se rendre…

La haine - fort heureusement - n'est pas toujours suivie d'une mise à mort. Mais elle a déjà un résultat : il faut que les Juifs aient peur ! Les enfants juifs assassinés par Merah, les Juifs tués par Nemmouche, ceux abattus par Coulibaly c'était, de ce point de vue là, pas mal. Mais il faut que les Juifs continuent d'avoir peur. Toujours peur. Des flics et des militaires devant toutes les synagogues et les écoles juives...300 policiers et gendarmes pour sécuriser "Tel Aviv sur Seine". "Un Juif, un flic !"…Il faut aussi que les "sales céfrans" et les "face de craie" se tiennent à l'écart des "sales Juifs".

Sinon ils pourraient devenir des "victimes innocentes" alors que la mort est a priori réservée aux Juifs. C'est en bonne voie. Qui aurait envie de s'allonger dans un transat face à la Seine avec des flics autour ? Pour terminer une bonne nouvelle quand même. Le Monde titre en gros : "Un djihadiste français sur 7 meurt en Syrie". Ça n'a pas de rapport avec ce qui précède ? Mais si, mais si…

P.S. J'ai, l'autre jour, parlant de "Tel Aviv sur Seine" été sévère avec Bruno Julliard, l'adjoint d'Anne Hidalgo. Au vue de ses dernières et fermes déclarations j'ai eu tort. 

Et n'oubliez pas : le A-book de Benoît Rayski, Le gauchisme, cette maladie sénile du communisme, est toujours disponible à la vente sur Atlantico éditions : 

Le gauchisme, cette maladie sénile du communisme

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