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Zapatero est-il chassé du pouvoir 
par les Indignés comme Aznar 
le fut par les attentats de Madrid ?
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Desperado

Favori des sondages en 2004, Aznar aurait perdu les élections législatives au dernier moment pour ne pas avoir su gérer les attentats islamistes de Madrid. 7 ans plus tard et avec une opposition qui ne semble guère plus crédible que le pouvoir sortant, comment Zapatero a-il perdu la main ?

Bernard  Bessière

Bernard Bessière

Bernard Bessière, professeur émérite d'Aix-Marseille Université, est spécialiste de l'histoire et de la culture de l'Espagne contemporaine. Il a publié récemment avec Bartolomé Bennassar : Espagne : histoire, société, culture, Paris, La Découverte, 2017,[3e édition mise à jour]

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On aurait tort d’établir un parallèle entre deux événements - le premier datant de 2004 et le second se situant en 2011 - qui auront précipité la chute du parti au pouvoir. Comment pourrait-on les mesurer à la même aune ?

Au cours des deux journées qui suivirent le massacre des 192 victimes du terrorisme islamiste, et alors que les sondages donnaient une légère avance au Partido Popular, les bévues puis les mensonges de José María Aznar et de Mariano Rajoy [ce dernier déjà candidat il y a sept ans] avaient fait pencher le fléau de la balance électorale du côté des socialistes. Entre le 11 et le 13 mars, les deux leaders de la droite et le gouvernement PP unanime n’avaient eu de cesse de marteler, malgré les preuves irréfutables que la police nationale apportait d’heure en heure, que les bombes placées dans les trains à destination de la gare d’Atocha étaient le fait de l’ETA et non des islamistes radicaux. Un exercice de machiavélisme unique dans la jeune histoire de la démocratie espagnole…

Un mensonge d'Eta...

Ce mensonge visait à occulter une vérité terrible : la tuerie était la réponse sanguinaire à l’engagement du gouvernement d’Aznar aux côtés des troupes américaines dans la déplorable aventure irakienne. Bien mal lui en prit : lorsque, le dimanche 14 mars les électeurs déposèrent leur bulletin dans l’urne, 8% d’entre eux changèrent d’avis, ce qui permit à l’outsider Zapatero de distancer Rajoy de cinq points.

Plutôt que de faire son autocritique, le PP regarda sa défaite comme une injustice, et la fondation de l’ex-Premier ministre Aznar [la FAES] accrédita l’idée monstrueuse que les inspirateurs du massacre avaient été… les socialistes eux-mêmes ! Le Partido Popular avait creusé sa tombe tout seul, à coups de duplicités et d’aveuglements car la gravité exceptionnelle du massacre aurait dû conduire Aznar à repousser les élections de quelques semaines.

Les indignés n'ont pas eu la peau de Zapatero

Les événements qui ont ruiné les espoirs de victoire du PSOE en ce mois de novembre 2011 sont d’une tout autre nature. Une analyse superficielle laisserait croire que ce sont les indignés du 15-mai qui ont « eu la peau » de Zapatero et de son dauphin Rubalcaba. Ce serait oublier que ces dizaines de milliers de jeunes, souvent chômeurs, parfois surdiplômés, unis dans une même désespérance, n’ont pas plus confiance dans un Partido Popular libéral et ami des schémas monétaristes ; et qu’ils ont dénoncé sans relâche les scandales de corruption qui éclaboussent en premier lieu le PP, notamment sur la côte levantine, et sur lesquels Rajoy a préféré jeter un voile pudique.

Les indignés de la Puerta del Sol et de la Plaza Catalunya sont le fruit amer d’un tsunami qui aura submergé un parti socialiste d’abord hésitant et peu lucide puis implacable dans ses mesures d’austérité. Ils attendent peu du nouveau pouvoir et resteront sur leurs gardes. Les Espagnols voteront donc… un 20 novembre. Le choix de cette date est on ne peut plus insolite : c’est le jour anniversaire de la mort du dictateur Francisco Franco disparu le 20 novembre 1975. Clin d’œil de l’histoire ? Trait d’humour un rien surréaliste décoché par un Zapatero désabusé à la veille de son départ ?

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