Après la loi Macron : circulez, il n'y a (plus) rien à voir<!-- --> | Atlantico.fr
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La loi Macron a été vidée de son contenu initial.
La loi Macron a été vidée de son contenu initial.
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

La loi Macron, vidée de son contenu initial, s'ajoute aux réformettes du gouvernement Hollande, qui manque cruellement de visions politiques et économiques globales, qui permettraient de remettre notre pays sur les rails de la croissance.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Certaines choses appellent une suite. En politique, rarement. Chaque séquence représente une check-list dont une case de plus se coche chaque jour, sans espoir que la séquence en question ne se représente avant longtemps. La politique ne construit pas l’avenir, elle fait des coups. Nous propose des séquences. Elle a une liste de courses à suivre et non une gradation de mesures à prendre, qui permettraient pourtant de tricoter une vision, maille après maille.

Pourquoi ? Car la réforme, la vision nécessaire au destin d’un pays, la grandeur que ce pays nécessite, leur est étranger. Les entrepreneurs attendaient beaucoup d’Emmanuel Macron. Et pensent, à juste titre semble t-il, qu’il pourrait apporter une vision fraîche et un peu de ce courage que les politiques traditionnels n’ont pas. Plus. Mais Macron est bien seul dans ce jeu politique qui doit entraîner les "cheveux blonds et les cheveux gris", la gauche frondeuse et la gauche libérale, dans une même danse impossible.

Et à ce jeu, le pays sera perdant, car les politiques veulent des gagnants, oui. Mais notre pays ne fait pas partie de la liste. Les perdants sont toujours les mêmes à ce jeu de qui perd gagne. Avec le temps, la classe politique gagne toujours, car elle récupère toujours un os à ronger, avec un peu de patience. Le jeu de l’alternance ramène sur le rivage quelques victoires et sièges à occuper. Inexorablement. Et ils le savent.

Que pouvons-nous attendre d’ici à 2017 ? Rien. Malheureusement. La séquence réforme économique est terminée. Tout a été fait. Le bonheur règne au pays de l’économie, la croissance va bondir à 5%, le chômage connaît une courbe aussi parfaite que la montée de la température qu’amène l’été, et les entreprises, le moral au beau fixe, sont obsédées par la création d’emploi et l’investissement. Tout ce qu’une élection présidentielle permettait de faire à 18 mois de son échéance, a été fait. Il ne se passera plus rien.

Nous attendions impatiemment la reprise des Assises de l’entrepreneuriat pourtant annoncées à l’Elysée, en Janvier, par le président de la République lui-même. La Loi Macron II, n’est qu’un Rambo fatigué, dont les mesures sont un patchwork de mesures prônées par le patronat et la CGPME, chacun heureux de voir certaines de ses mesures annoncées. Ce qui semble justifier pour eux leur existence, alors que les PME doutent, pour le moins, de l’intérêt de leur action et de leur compréhension de nos problèmes.

Nous allons donc être portés, ou plutôt abandonnés, au sort de l’économie mondiale. Une économie dont les fondamentaux sont porteurs d’une nouvelle crise financière possible, d’une croissance molle, même si tous les organes mondiaux chantent en cœur une chanson optimiste, de type "tube d’été". Les Etats, la France en tête, sont à la merci d’une augmentation des taux, qui plomberait le coût de la dette et lui demanderait de nouvelles coupes sombres. L’Etat, qui n’a toujours pas entamé sa cure minceur, pour l’été de la croissance, ne pourrait alors qu’augmenter les impôts, entraînant ainsi le pays dans un marasme définitif.

Pour ceux qui rêvent d’une économie laïque, il faudra se faire souffrance et se mettre à prier. Pour que rien ne dépasse. Pour que rien ne dérape. Car le dérapage sera totalement incontrôlé. Et incontrôlable.

Les réformes clés, resteront bloquées dans la serrure du calcul politique. Et nous avec. Plus que jamais tout cela prouve que seule la révolution institutionnelle permettra d’accoucher d’une réforme salvatrice :

- Revenir au septennat. Non renouvelable. Afin que notre futur président puisse être tenté de faire ce qu’il a promis au pays, sans concession, car libéré par la quête d’un autre mandat.

- Réduire de moitié le Sénat et l’Assemblée. Afin que les députés passent moins de temps à produire des lois comme les vers pondent des œufs (A titre d’exemple, un ver pond environ 800 œufs par jour).

- Interdire de faire plus de 2 mandats consécutifs. Et ainsi obliger les politiques à se former, afin de pouvoir se réinsérer dans la vie civile, trouver un emploi, ce qui serait une première et ainsi reprendre contact avec la surface terrestre, en en découvrant les rudes réalités quotidiennes.

- Permettre le "congé sabbatique politique" permettant aux cadres des entreprises de pouvoir s’investir le temps de 2 mandats, dans la vie publique, afin de renouveler le tissus politique. Et voir ainsi arriver des gens sincères, motivés et issus du terrain, dans nos sphères politiciennes et professionnelles. Il faut des "pros" de la politique, si nous les écoutons, car leur professionnalisme est indispensable à leur "mission". Les résultats obtenus par ces professionnels, nous feraient plutôt dire que même des amateurs pourraient faire mieux. Ou alors, nous n’avons pas la même définition du professionnalisme. Si le professionnalisme est l’équivalent du secteur exclusif donné à un commercial, lui assurant ainsi une rente qui l’incite à tout sauf à la remise en cause et au changement, à l’innovation, alors oui on comprend ce qui sous tend cette analyse.

De notre fenêtre, le professionnalisme signifie la compétence. Et là, c’est tout de suite moins perceptible chez le politique. Dans un monde gouverné par des hommes et femmes qui n’ont jamais travaillé, la compétence est clairement le critère qui ne rentre pas en compte dans l’attribution des rentes de la république. Sans cette révolution institutionnelle, rien ne changera en France. Et en tous cas, jusqu’en 2017, nous n’aurons pas de loi Macron III, malgré l’intérêt que suscite souvent un film à épisodes, quand on sent que le contenu ira crescendo. Rien cette fois. Rentrons chez nous, il n’y a plus rien à voir pour les entrepreneurs.

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