Match des performances économiques Hollande-Sarkozy : 3-0 pour l’ancien président<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
François Hollande et Nicolas Sarkozy
François Hollande et Nicolas Sarkozy
©Reuters

Raclée

François Hollande et Nicolas Sarkozy ; deux présidents, 36 mois d’exercice, et des chiffres à comparer pour un match économique basé sur leur performance relative par rapport aux partenaires européens. Et si le contexte macro-économique biaise forcément le résultat, d'autres indicateurs permettent de faire l'exercice.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

Voir la bio »

Le 6 mai 2012, François Hollande était élu président de la République. 3 années ont passé, 3 années qui suffisent à établir une comparaison avec son prédécesseur; Nicolas Sarkozy. Et si un match économique entre deux Présidents peut relever du fantasme, tant l’influence du contexte macroéconomique en fausse le résultat, certains indicateurs permettent bien de réaliser un tel exercice. A cette fin, il suffit de mesurer, non pas simplement les chiffres d’un Président par rapport à l’autre, mais de comparer les performances relatives de chacun d’eux par rapport à ses pairs européens. Une monnaie unique, des contraintes budgétaires similaires, et 18 "concurrents – partenaires" qui permettent de juger avec objectivité les résultats de l’un ou de l’autre président.  

Dans un premier temps, la mesure du niveau de confiance des acteurs économiques dans leur propre pays permet de se faire une idée du climat instauré par les deux personnalités. Pour cela, il suffit de prendre en compte les indices des directeurs d’achats (PMI, publiés par Markit) qui, mois après mois, sondent les entreprises sur le contexte économique auquel elles sont confrontées. L’avantage évident que présente cet indice est son haut niveau de fiabilité, c’est-à-dire sa corrélation avec l’emploi ou la croissance du pays considéré.

>> Lire aussi : Premier bilan à mi-mandat, le match des performances économiques comparées Hollande-Sarkozy

Afin de réaliser une comparaison entre les deux Présidents, il suffit de mesurer l’indice publié pour la France et de le comparer à l’indice couvrant la zone euro. En additionnant et en cumulant les données de cette façon pour les 36 premiers mois de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, le résultat ne fait aucun doute :

Match PMI. Cumul relatif de la France par rapport à la zone euro. Markit.

Cliquez pour agrandir

Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, mois après mois, la France enchaîne des résultats supérieurs à ceux de la zone euro. De façon symétrique, l’entrée en fonction de François Hollande coïncide avec un retournement de la situation. Et la France sous performe la zone euro dans des proportions importantes. Le constat est clair, les accusations de plus en plus soutenues d’une France "homme malade de l’Europe" reposent sur une nouvelle réalité.

Et le niveau de confiance dans l’économie est primordial. Car, et dans un second temps, la "confiance" agit fortement sur la situation du chômage. Il est donc tout à fait naturel de retrouver la même tendance sur le front de l’emploi. Entre le mois de mai 2007 et le mois de mars 2015, le taux de chômage français est passé de 8.12% à 10.56%. Mais cette progression n’a pas été linéaire :

Taux De chômage en %. Zone Euro. France. Source. Banque Centrale Européenne.

Lorsque Nicolas Sarkozy arrive en fonction, le taux de chômage français est supérieur à celui de la zone euro. Les premiers mois de mandat subissent les effets d’une croissance soutenue au niveau mondial, et la baisse du taux de chômage français s’accélère pour rejoindre celui de la zone euro. Le point bas de 7.16% est d’ailleurs atteint en février 2008, une première en France depuis 25 ans, soit depuis le mois de juin 1983.

Puis, lorsque la crise frappe l’ensemble du continent, les deux taux, français et européen,  vont évoluer de concert. Mais la structure de l’économie française va permettre de contrer une partie du choc. C’est ainsi que le bilan de Nicolas Sarkozy est d’avoir débuté son mandat avec un taux de chômage supérieur à celui de la zone euro et de l’avoir terminé avec un taux inférieur. La situation de François Hollande est inverse. Et cette différence entre les deux Présidents est visible dans le graphique ci-dessous, représentant la performance relative de chaque Président par rapport au taux de chômage de la zone euro :

Taux de chômage. Sur et Sous performance de chaque Président par rapport à la zone euro. Source Banque centrale européenne.

La situation est claire. Si les cinq années de la période 2007-2012 ont permis de contrecarrer une portion du choc de l’année 2008, les années Hollande ont vu la situation de la France s’aggraver par rapport aux autres pays de la zone euro. Et l’inversion de la courbe du chômage n’a toujours pas eu lieu.

Enfin, et concernant la pression fiscale, le match se révèle également déséquilibré. Lors de l’entrée en fonction de Nicolas Sarkozy, le total des prélèvements obligatoires représentait 42.8% du PIB (fin 2006, données INSEE). A la fin 2011, le ratio avait atteint 42.6%. Ainsi, les recettes supplémentaires de la fin du mandat Sarkozy sont venues compenser les baisses octroyées en début de quinquennat. Si Nicolas Sarkozy a débuté son mandat dans un contexte macroéconomique favorable, permettant la modération fiscale, la survenance de la crise est venue annihiler ses premières actions.

Depuis la prise de fonctions de François Hollande, la pression fiscale est passée de 42.6% à 44.7% (fin 2014), soit plus de 2 points de PIB supplémentaires en trois années. En effaçant les effets de la croissance sur les recettes, c’est-à-dire en corrigeant les données, les hausses d’impôts mises en place par François Hollande représentent déjà plus de 44 milliards d’euros.

Pour comparer plus "justement", il suffit de prendre en compte les hausses décidées pendant le quinquennat Sarkozy et ce, à partir du moment où la pression fiscale a effectivement été alourdie, c’est-à-dire depuis la fin 2009. Ainsi, entre 2009 et la fin 2011, les prélèvements obligatoires (hors effets de cycles) ont progressé de 32 milliards. Dès lors, le partage du fardeau de la hausse de la pression fiscale depuis 2009 repose à 57% sur les épaules de François Hollande et à 43% sur celles de Nicolas Sarkozy. Etant entendu qu’en prenant en compte l’ensemble de la période 2007-2013, c’est-à-dire les baisses d’impôts de début de quinquennat, le bilan de Nicolas Sarkozy est neutre du point de vue fiscal. Car les impôts n’ont pas augmenté; tout simplement. Contre 44 milliards de hausse pour François Hollande, jusqu’à présent.

En conclusion, et pour en arriver au point essentiel. Nicolas Sarkozy et François Hollande ont tous deux été confrontés à un contexte macroéconomique extrême. Contexte dont ils peuvent également être jugés responsables en raison de la place prépondérante de la France au sein de des organes qui gouvernent la zone euro. Mais il ne fait aucun doute, factuellement, que les "performances" relatives de l’économie française par rapport à la zone euro ont été supérieures sous la Présidence Sarkozy que sous l’actuelle Présidence Hollande.

Ce qui est le plus éclairant, dans cette comparaison, est que François Hollande a été élu, notamment, sur un discours anti austérité. Et pourtant, ses résultats démontrent une chose : il est le Président de l’austérité française. Non pas une austérité de la baisse des dépenses, mais une austérité de la hausse des prélèvements obligataires. Et l’immobilité de la stratégie européenne a fait le reste. Pour des résultats qui ne se sont pas fait attendre.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !