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Sarkozy à Cameron sur l’euro : 
« Mais ferme-la donc ! »
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Zone franche

Les Britanniques ne savent plus sur quel bateau couler, du nôtre ou du leur. Ça met le maître-nageur en pétard.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Les relations entre leaders français et britanniques peuvent être difficiles. Il y a le Camp du drap d’or et l’Entente cordiale, bien sûr, mais aussi Mers el-Kébir et la vache folle.

D’une manière générale, pour autant, les apparences restent sauves et les noms d’oiseaux ne fusent qu’en privé. Tiens, la dernière fois que ça a vraiment déraillé sur le mode bagarre de rue entre premiers ministres des deux rives du Channel, c’est lorsque Chirac s’est agacé des exigences de Thatcher sur le remboursement d’une partie de la contribution du Royaume-Uni au budget de l’Union européenne :

« Mais qu'est-ce qu'elle me veut de plus cette ménagère ? Mes couilles sur un plateau ? »

C’était en 88, la Dame de fer avait obtenu gain de cause au niveau financier mais pour la livraison stylée des gonades de Jacquot, les historiens divergent.

Ces jours-ci, c’est entre Sarkozy et Cameron qu’il y a de l’eau dans le gaz. Je ne sais pas ce qu’en pensent « les Français », qui n’ont pas été sondés sur la question et qui, de toute manière, semblent avoir une dent générale contre leur omniprésident depuis quelques mois, mais ils devraient se sentir vaguement solidaires…

C’est vrai quoi ! Sarko se démène comme un beau diable pour sauver l’Europe et nos Livret A, passant plus de temps à donner la sérénade à Merkel que le biberon à sa petite dernière et Cameron n’arrête pas de lui savonner la planche : « Et que la monnaie unique c’est naze par ci, et que la BCE c’est nul par là »… Les Britanniques des années 2000 ne se sentiraient que moyennement attachés au rêve churchillien États-Unis d’Europe que ça ne m’étonnerait pas !

« Tu détestes l’euro et tu veux te mêler de nos réunions ? ! »

Du coup, Nico s’est fichu en rogne ce weekend et a vertement expliqué sa façon de penser à un David donnant son avis sur la nullité des eurozonards au raout desquels il jouait les pique-assiettes :

« Tu as perdu une bonne occasion de la fermer ! On est fatigués de tes critiques et de tes conseils. Tu dis que tu détestes l’euro et maintenant tu veux te mêler de nos réunions ? »

Merde alors ! (non, ça c’est moi in petto mais je suis sûr qu’il n’en pensait pas moins, le boss).

Bon, à la décharge du petit cousin du réalisateur de « Titanic », le film-catastrophe du sauvetage de la monnaie unique ennuie désormais même les plus grands cinéphiles : tous les six mois, on se réunit pour remettre la Grèce sur les rails à coups de milliards de brouzoufs, les Athéniens descendent dans la rue pour dire qu’ils ne sont pas d’accord, Standard & Poor’s dégrade un clampin quelconque parce qu’il passait par là et on en est toujours au même point…

Moi-même, européiste fervent, je me suis laissé abuser un temps en m’enthousiasmant bruyamment à chaque « avancée majeure vers la sortie de crise » mais j’ai fini par fatiguer. Alors un eurosceptique congénital, vous imaginez…

Le grand problème de Cameron, qui s’accommoderait plus ou moins d’être affilié au club si la carte de membre restait gratuite, c’est surtout que ses troupes ont de moins en moins envie d’être entraînées dans le naufrage : aux Communes, ils en sont même à voter sur un processus de sortie de l’Union. D’accord, ça fait rigoler parce que la livre est elle-même à peu près aussi vaillante que le franc CFA ces jours-ci et que se rapprocher des États-Unis pour en devenir le cinquante-et-unième membre serait un peu passer de Charybde en Scylla, mais on sent que l’heure des remises en question majeures à sonné.

Enfin, jusqu'à la prochaine, quoi...

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