La social-écologie : quel potentiel électoral pour la dernière trouvaille de Jean-Christophe Cambadélis ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le chef du PS tente d'unifier les électeurs de François Hollande
Le chef du PS tente d'unifier les électeurs de François Hollande
©Reuters

L'espoir fait vivre

L'expression de "social-écologie" participe d'une stratégie électorale destinée à unir les électeurs qui ont assuré l'élection de François Hollande en 2012. La démarche n'est pas circonscrite aux élections départementales des 22 et 29 mars, mais difficile de croire qu'elle parviendra à ses fins, à savoir, fédérer véritablement la gauche et sauver le Parti socialiste.

André Bercoff

André Bercoff est journaliste et écrivain. Il est notamment connu pour ses ouvrages publiés sous les pseudonymes Philippe de Commines et Caton.

Il est l'auteur de La chasse au Sarko (Rocher, 2011), Qui choisir (First editions, 2012), de Moi, Président (First editions, 2013) et dernièrement Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi : Chronique d'une implosion (First editions, 2014).

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Atlantico : Le Premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis était l'invité mercredi 18 mars de France Info. A cette occasion, il a affirmé que le PS n'était pas dans une stratégie de "revival" ni dans une logique nostalgique, comme au lendemain de la victoire de François Mitterrand. D'après lui, le PS est dans une dynamique d'avenir en misant sur la social-écologie. Mais de quoi s'agit-il vraiment ? Croit-il sincèrement, et le PS avec lui, pouvoir sauver son parti avec ce nouveau concept ?

André Bercoff : Je ne vois pas la signification que peut revêtir ce terme. La social-écologie serait-elle l'opposé du capitalisme écologique ? Tout le monde sait que l'écologie est une politique dont la vocation est entre autres choses d'assurer la protection de la planète, la survie des espèces, la lutte contre la pollution, etc. Tout le monde sait, de la même manière, que le social a des objectifs en matière d'amélioration de la condition de vie des populations, de la réduction des inégalités, du mieux-vivre et de la santé… Mais la social-écologie ? A mes yeux cela ne veut rien dire. Cela fait bien longtemps que l'on aurait pu faire de la social-écologie. Mais si cela avait été le cas, nous l'aurions su. Ce concept est un couteau sans lame, auquel il manque le manche !

De fait, la question n'est pas tant de savoir si Jean-Christophe Cambadélis croit à la social-écologie. J'espère qu'il y croit ! Mais ce n'est pas avec des slogans de ce type que l'on peut prétendre sauver quoi que ce soit. Le Parti socialiste ne peut se sauver que s'il retrouve une politique et une cohérence qu'il a perdues. C'est d'ailleurs la même chose pour les autres partis. Tous doivent répondre à une crise de trois ordres : économique, identitaire et du pouvoir, dont les différents volets se juxtaposent de manière explosive. Et c'est en y répondant qu'ils seront jugés. Ce n'est pas en mettant un cautère sur une jambe de bois – ce qu'est la social-écologie – que l'on résoudra cette crise.

Quel est le degré de compatibilité du PS avec l'écologie ?

Il est du même ordre que celui des autres partis, Europe Ecologie Les Verts y compris. Il y a peu, José Bové a très bien analysé qu'il y avait les gauchistes à la Cécile Duflot, les ambitieux à la Jean-Vincent Placé… Mais entre les deux, où est le parti écologiste ? Il faut que les politiques arrêtent d'utiliser des slogans cache-misère et donnent des preuves concrètes de ce qu'ils sont en train de faire ! Que font concrètement les partis qui représentent supposément l'écologie ? Les discours n'ont plus aucun sens, ils sont dépassés avant même d'être prononcés. Ce sont les actes et les mesures qui comptent aujourd'hui.

Se positionner sur une social-écologie – et tenter donc de fédérer un parti qui n'a représenté que 2,3% de la population française en 2012 – peut-il être payant ? Qu'en pensent les électeurs du Parti socialiste ?

Aujourd'hui, les électeurs sont devenus des "consommacteurs". Dans un monde d'information à la nanoseconde, il est possible de tout promettre mais le risque est de ne pas tenir ses promesses et agir. Bien sûr, on peut espérer voir des rassemblements électoraux, mais si rien n'est prouvé, les électeurs resteront chez eux et c'est l'abstention qui gagnera. Je suis assez sceptique vis-à-vis du potentiel de mobilisation de ce type de discours, peu importe qu'il s'agisse de social-écologie ou d'autre chose. Cela reste des étiquettes. Par conséquent, je doute que la social-écologie mobilise en masse les électeurs socialistes ou écologistes.

Ne peut-on pas y voir simplement une stratégie opportuniste destinée à fédérer tant bien que mal les sympathisants écologistes autour des candidats PS en prévision des élections départementales dont le premier tour aura lieu ce weekend ?

C'est un peu leur mal ! Il ne faut pas leur jeter la pierre. L'objectif des politiques est d'attirer les électeurs. Par conséquent ils brandissent tous les discours, les slogans, les invitations et autres postures possibles – certaines sont sincères, ce n'est pas là le sujet – mais aussi longtemps qu'elles resteront des postures et seront perçues comme telles, il s'agira en vérité d'impostures. Or, c'est bien à cela qu'il faut veiller, que les postures ne deviennent pas des impostures.

Concernant les élections départementales, ce serait une forme de SOS, mais je pense que l'expression de social-écologie recouvre une stratégie électorale qui consiste à regagner et unir pour des échéances plus longues, surtout pour l'élection présidentielle. L'objectif est de renouer les forces qui ont fait élire François Hollande en 2012.

Ce nouveau concept est-il une preuve supplémentaire que le socialisme a bel et bien disparu des ondes radar en France, et que le PS est incapable de se réinventer ?

Il y a, à mon avis, une ossification incontestable du Parti socialiste à l'heure actuelle. Mais ce n'est pas par hasard non plus que l'UMP a décidé de changer de nom ! Nous assistons à mes yeux à une ossification de la plupart des partis de gouvernement. L'histoire est arrivée au bout du chemin. Désormais, il leur est nécessaire de changer complètement de donne, ou à défaut, de chemin. Le Parti sociale est dans ce cas, il flotte et court après ses électeurs en agitant une lanterne. Actuellement, il s'agit de la social-écologie. Demain, de la lutte contre le racisme ? Cela ne prend pas en compte le fond de la question : les électeurs sont des "consommacteurs". Ils veulent voir et juger sur pièce, dans le bon sens de la relation qualité-prix. 

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