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La très sélective indignation 
des opposants à la peine de mort
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La semaine Goldnadel

William Goldnadel revient cette semaine sur le débat autour de la condamnation à mort de l'Américain Troy Davis. Toujours incisif, il évoque également la prestation au 20h de DSK, les manifestations pro-Tristane Banon, l'affaire du DC-10 d'UTA, les écoutes de Brice Hortefeux et la reconnaissance éventuelle d'un État palestinien.

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Il a notamment écrit en 2024 "Journal de guerre : C'est l'Occident qu'on assassine" (éditions Fayard) et en 2021 "Manuel de résistance au fascisme d'extrême-gauche" (Les Nouvelles éditions de Passy). 

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DSK au 20h de Claire Chazal

DSK le 18 septembre chez Claire Chazal. Le bide total. Aucune spontanéité. Au lieu de s’en remettre à son instinct qui, jusqu’à présent, ne lui avait pourtant pas trop mal réussi, Strauss-Kahn a préféré écouter ses doctes « communicants » peut-être excellents par temps calme, mais sans compétence, les jours de tempête. Il aurait pu, il aurait dû, laisser parler son émotion. Il n’était interdit ni impossible d’être à la fois madré et sincère. Ni de se taire.

Je l’écris d’autant plus sans scrupules particuliers que j’ai été l’un de ceux à avoir pris sa défense dès le premier jour, y compris dans ces colonnes.Moins pour une improbable sympathie pour l’homme que par respect pour les principes intangibles que je défends. La suite pénale ne m’a pas cruellement démenti.

L'affaire Banon, suite...

Pour les mêmes raisons, qu’il me soit permis d’écrire, y compris dans ces colonnes, combien me déplaisent les manifestations féministes au soutien de la cause, déjà juridiquement hardie, de Mlle Banon. Je n’y vois pas grande différence avec les démonstrations des femmes de chambre new-yorkaises qui n’auront guère porté bonheur à Mme Diallo.

Le message de cette dernière apportant son appui à sa compagne d’infortune parisienne n’étant pas de nature à crédibiliser un dossier dans lequel, si on a bien compris, la mère de la plaignante aura à la fois bien connu le prévenu – jusqu’à le trouver brutal – et dissuadé sa malheureuse fille de porter plainte contre lui dans les délais requis.

Il me semble que les souffrances réelles subies quotidiennement par les femmes, et pas seulement dans les suites d’hôtels et les appartements luxueux, méritent mieux. Grâce soit rendue à « Ni putes, ni soumises » de ne pas s’être aventuré dans cette pétaudière. Quant aux assurances des manifestantes de n’avoir enfreint la « présomption d’innocence » de l’intéressé, elles paraissent, si j’ose dire, un brin faux cul.

L'attentat du DC-10 d'UTA : l'après-Kadhafi

Belle tribune de notre garde des Sceaux, Michel Mercier (le Figaro 19 septembre) à l’occasion de l’anniversaire de l’attentat du DC-10 d’UTA. Mais, à dire le vrai, on aurait préféré qu’un tel article soit écrit lors d’un anniversaire précédent, autrement dit avant la chute de Kadhafi.

On aurait également aimé avoir des nouvelles de M. Ahmed Senoussi, beau-frère du colonel déchu et condamné par contumace par la justice française, précisément pour avoir organisé l’attentat. Je rappelle, une nouvelle fois, que pour un autre anniversaire, celui de la Jamahiriya libyenne, Jacques Godfrain, représentant officiel de Jacques Chirac, avait côtoyé le condamné sur la tribune officielle. Dans d’autres pays, plus sourcilleux, il y aurait eu un immense scandale d’État. Il est vrai que seulement 170 Français furent condamnés à mort par Kadhafi et son beau-frère ce 19 septembre 1989.

Troy Davis condamné à mort

Troy Davis a été exécuté en Géorgie. Protestations hautement compréhensibles des adversaires de la peine de mort. Mais certains commentaires périphériques échappent à l’entendement. Le supplicié aurait incarné le prototype du « Noir accusé d’avoir tué un policier blanc ». Suivaient les protestations d’innocence, invérifiables sans accès au dossier, indiscutables sans passer pour un salaud en dépit de fâcheux précédents, mais surtout inutiles lorsqu’on est opposé à la peine de mort par principe.

Le même jour, un certain Brewer, était exécuté lui aussi, mais dans l’indifférence générale des abolitionnistes. L’explication nous était donnée benoitement par l’un d’entre eux : ce condamné là, un Blanc ayant assassiné un Noir, « n’était pas très sympathique ». Avec des opposants comme ça, la peine de mort a encore de beaux jours aux Etats-Unis d’Amérique.

Les écoutes de Brice Hortefeux

Les déclarations, très écoutées, de Brice Hortefeux sont troublantes, peut-être confondantes. Ses explications laborieuses. Pour autant, on ne voit toujours pas le lien entre l’enquête financière du juge Van Ruybek et l’attentat de Karachi. Pas davantage le doigt de Sarkozy dans un pot de confiture dont il est aujourd’hui difficile de douter de la consistance.

Dès lors, était-il bien utile pour la radio d’État d’en rajouter une pleine louche en tendant (le 27 septembre à 13h) un micro complaisant à l’avocat de Mme Thierry Gaubert, très mal mariée à celui-ci, pour l’enfoncer davantage en expliquant, sans grand risque d’être contredit, que cette princesse de Yougoslavie était la malheureuse victime de son machiste de mari ?

Encore une chose : autant l’exploitation médiatique des écoutes de la conversation entre M. Gaubert et l’ancien ministre de l’Intérieur est édifiante au regard de l’affaire elle-même, autant elle est déplacée pour se plaindre de la violation d’un secret de l’instruction dont la presse est la principale bénéficiaire. L’instruction est depuis longtemps la victime consentante de tous les acteurs appointés de la comédie judiciaire : avocats, juges, greffiers, policiers. Il ne manquerait plus que les spectateurs s’en émeuvent.

Dans la même étrange mais très moderne logique, on aura vu cette semaine Julien Assange, fondateur du fort indiscret Wikealeak , poursuivi – lui aussi – pour agression sexuelle en Suède, s’étouffer d’indignation au motif que sa biographie avaient fait l’objet d’une publication intempestive…

La reconnaissance d'un État palestinien

La Palestine, enfin et toujours. La démarche unilatérale du président Mahmoud Abbas à l’ONU a donné lieu à diverses interventions très commentées. Le discours du président Obama, une fois n’est pas coutume, aura été unanimement critiqué en France pour sa tonalité nettement pro-israélienne. Les commentateurs, à qui on ne la fait pas, y ont vu un lien regrettable avec l’élection présidentielle américaine de novembre 2012. Et ils ont, en partie, raison. Question : est-il beaucoup plus anormal de se soucier d’un scrutin démocratique, que de la réaction encolérée de la rue arabe annoncée en cas de rejet de la motion palestinienne ?

Le discours du Président Sarkozy : il aura été le premier à faire le lien entre le printemps arabe et l’exigence palestinienne. Étrange et dangereux lien. La liberté palestinienne ne devrait-elle pas s’arrêter à la sécurité Israélienne ? A moins que le Président n’ait voulu suggérer qu’il était temps que les habitants de Gaza se révoltent contre le Hamas ? Ou que les journalistes de l’autorité palestinienne soient libres d’y dénoncer la corruption, ce qui est loin d’être le cas ?

J’ai bien écouté, le discours du Président de l’autorité palestinienne. Je n’y ai toujours pas entendu le moindre commencement de reconnaissance d’Israël en tant qu’État du peuple juif, conformément à la résolution de l’ONU de 1947.Reconnaissons aux Arabes de Palestine l’invariable constance depuis 60 ans.

Ce discours a été salué par un tonnerre d’applaudissements. Des représentants de l’Algérie à ceux du Zimbabwe. Le discours du Premier ministre israélien n’a fait l’objet, lui, d’aucuns commentaires en France et de bien peu d’applaudissements dans le palais de verre de Manhattan. Il est vrai que Benjamin Netanyahou, après avoir observé le caractère indéfendable des lignes de 67, a eu le mauvais goût de rappeler qu’Israël avait fait l’objet de plus de condamnations à lui seul, que l’ensemble de tous les autres États réunis.

Le Premier ministre israélien a également remarqué que l’actuel président du Conseil de Sécurité était le représentant de l’État libanais aux mains, désormais, du Hezbollah. Le très modéré Abba Eban disait souvent que si un État arabe proposait une motion déclarant que la terre est plate et que c’est Israël qui l’a aplati, celle-ci serait entérinée avec 110 voix pour, quatre contre et 16 abstentions.

Ceux que ne révolte pas la situation de voir l’État juif traité en juif des États, indépendamment de ses erreurs éventuelles, sont-ils des critiques dignes de confiance ? On aurait tort de rejeter ces observations avec l’assurance confortable que confère le matraquage médiatique.

Le discours en faveur d’Israël à ceci de tristement remarquable qu’il donne souvent raison trop tard à son auteur, moqué sur le moment. Ainsi du méchant rapport Goldstone, renié ensuite par son rédacteur repentant. Ainsi du blocus anti- Hamas de Gaza, dont même l’ONU reconnait aujourd’hui la légalité. Attendons donc.

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