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Palestine souveraine : Sarkozy en maître-horloger ?
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Zone franche

OK, avant l’heure, c’est pas l’heure. Mais à quelle heure c’est l’heure ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Sauf à faire partie de l’une ou l’autre des deux équipes de supporters de foot qui, abdiquant tout regard objectif, se contentent d’applaudir les buts marqués par un camp pour mieux conspuer le goal d’en-face, l’initiative de Mahmoud Abbas est difficile à apprécier…

Assurément, le président de l’Autorité palestinienne, fatigué d’être baladé par un gouvernement israélien empêtré dans ses coalitions (autant que dans ses contradictions), est fondé à reprendre la main et à forcer un peu le destin en demandant la reconnaissance d'un État souverain par les Nations-Unies.

Les promesses d’Obama, à quelques mois de la fin du mandat de l’homme dont on attendait tout mais dont le bilan est plutôt maigrelet, se sont révélées n’être, justement, que des promesses. Le Hamas, médiatiquement renfloué par une poignée « d’indignés » tout-terrains confondant parfois Palestiniens et bébés phoques, avance ses pions en Cisjordanie. Quant au « quartet » censé faire avancer le schmilblick depuis bientôt dix ans, ce n’est pas céder à la métaphore leste que de dire qu’il s’est surtout contenté de pisser dans un violon…

Une entrée triomphale de la Palestine dans la communauté des pays « authentiques », de ce point de vue, serait donc une sacrée façon de relancer le mécanisme grippé de la négociation. Elle rassurerait aussi les réfractaires à l’islamisme qui, de Ramallah à Bethléem, s’alarment des nouvelles qui leur parviennent de Gaza

Bon, on pourra  toujours rappeler que tout ça aurait pu se faire dans la joie et la bonne humeur dès le 29 novembre 1947, l’ONU ayant alors voté la partition de la Palestine mandataire en deux États souverains, mais ce serait jouer les footeux dont on vient tout juste de se moquer. Vu le nombre d’occasions perdues par les uns comme par les autres, on serait d'ailleurs plus dans le basket ou dans le rugby …

L’unilatéralisme, on a déjà vu ce que ça donnait à Gaza…

Pour autant, les raisons d’être inquiet à l’idée de voir la Palestine reconnue aujourd’hui comme État souverain ne peuvent pas être balayées si facilement : trop de questions restent en suspens, de la manière dont serait découpé l'intriguant « Jérusalem-Est » à la question des réfugiés ― pour ne rien dire des échanges de territoires sur lesquels les deux parties sont officieusement d’accord mais qui rendent obsolète la fameuse « ligne verte ».

Plus néo-gaulliste qu’il ne l’a jamais été, voici toutefois l’ami Sarkozy qui s’avance avec ses idées simples vers l’Orient compliqué. Tellement simples, en fait, que même Obama ne l’envoie pas promener, lui qui parlait déjà de veto pur et simple.

« Pourquoi ne pas commencer par un statut d'observateur Vatican-style, suggère en substance l'hyperprésident français, histoire de ne pas déclencher une guerre nucléaire inutilement, de marquer tout de même le coup, et de reprendre tranquillement un vrai dialogue menant à une vraie souveraineté sur un vrai pays ? Tiens, je vous organise à tous un petit séjour à Paris et on discute de tout ça ! »

Il est sympa, ce Sarko ! Tellement sympa que Abbas a trouvé l'idée intéressante et que même Netanyahou a dit qu'il « en prenait acte » sans l'envoyer promener comme il fait d'habitude ― c'est dire...

Si son plan B convainc, il aura manifestement mérité ses galons de maître-horloger et engrangé une nouvelle victoire à l'international dans la perspective de la présidentielle. Dans le cas contraire, il passera sans doute pour un mégalo inconséquent à la maison (il en a l'habitude), mais il sera difficile à ses adversaires de s'en réjouir sur fond de 3e intifada. C'est que, les décisions majeures prises unilatéralement dans le secteur, on a déjà vu ce que ça donnait avec le départ des colons de Gaza.

En tout cas, la journée va être intéressante.

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