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Médias. Les scoops du Monde ? C’est aux éditions Stock...
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Zone franche

Si l'actu est sur le Web et l’investigation dans les livres, il ne va plus rester grand-chose aux quotidiens papier.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Je me garderai bien de donner un avis tranché sur cette nouvelle affaire Liliane Bettencourt : la vieille dame est d'une générosité légendaire mais, comme on ne prête qu’aux riches, on a vite fait de transformer une grenouille en bœuf…

Tiens, une infirmière aurait confié à une greffière que Nicolas Sarkozy aurait reçu de l’argent liquide de la main de la parfumeuse mais n’aurait pas osé le répéter à une juge, laquelle n’aurait alors pas osé instruire.

Ça fait pas mal de conditionnels.

Mais c’est assez crédible tout de même. C’est juste que, si ça se trouve, elle lui donnait innocemment un peu de cash pour payer le livreur lors d'une soirée pizza. Ou elle lui faisait la monnaie sur un billet de 50. Vous avez remarqué à quel point il est difficile d’acheter une baguette aux six céréales avec un billet de 50 ? La boulangère tire une de ces tronches…

Bon, que Lady Gaga ait ou n’ait pas donné de l’argent à un futur hyperprésident (c’était avant 2007, semble-t-il), ce n’est pas à moi de le dire puisque je n’en sais fichtre rien. En revanche le truc qui m’étonne vraiment, et tant pis si l’on m’accuse de chercher la petite bête, c’est le circuit emprunté par ce scoop.

Les lecteurs du Monde ? Qu'ils aillent en librairie...

Voyons voir, deux reporters du Monde, spécialistes de l’enquête au long cours (l’un d’entre eux a d’ailleurs appris à s’occuper des majordomes à grandes oreilles à Médiapartavant d’être débauché, en tout bien tout honneur, par le grand quotidien vespéral), déterrent une info d’envergure potentiellement fukushimesque. La publient-ils immédiatement dans leur journal, histoire d’informer leurs fidèles lecteurs de leur trouvaille ?

Que nenni !

Ils gardent l’info au chaud quelque temps, en font un bouquin et, le jour où le livreur de leur éditeur se gare devant les librairies, en offrent gentiment les « bonnes feuilles » à un canard concurrent  (Libération, en l’occurrence) ― lequel fait même sa Une sur le sujet et en stimule quelque peu ses ventes généralement anémiques !

Le Monde, lui, se contente d'un misérable huitième de page en séquence France (page 13), planqué entre une histoire de camping chic et une sombre affaire de flic malheureux en amour… Excusez du peu.

Bonnes feuilles : « c'est l'éditeur qui décide »

Bon, il y a bien quelques explications, fournies par les auteurs eux-mêmes sur un forum improvisé sur le site du journal :

« Les personnes que nous avons interrogées, et qui toutes décrivent un système visant à affaiblir ou attaquer des personnes coupables de menacer le président de la République, n'ont accepté de s'exprimer qu'à condition que leurs témoignages soient regroupés »

« La publication de bonnes feuilles est un choix qui relève uniquement de l'éditeur. D'autre part, nous estimons qu'il est préférable que les extraits d'un livre publié par des journalistes ne paraissent pas dans la publication qui les emploie, pour des raisons qui nous semblent évidentes ».

Mouais. Moi, tout ça ne me semble pas si « évident », justement. Et si la presse écrite, qui n’a plus depuis bien longtemps le monopole de l’info brute se laisse piquer l’investigation au long cours par l’édition, et avec le concours de ses propres journalistes par dessus le marché, on n’attendra pas bien longtemps la fin du Monde

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