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Le dur retour à la réalité d'un entrepreneur revenant de vacances aux Etats-Unis
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

La grande différence entre la France et les Etats-Unis, c’est qu'outre-Atlantique la politique est faite par des hommes d’affaires qui connaissent la réalité et non, par des politiques qui travestissent la réalité pour la ramener à leur référentiel quotidien. Mais en économie, le maquillage ne tient pas...

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Des vacances, on peut rapporter beaucoup de choses. Un teint de playboy, ou des brûlures d’exposition, des souvenirs qui paraîssent tellement essentiels sur le moment mais qui terminent irrémédiablement à la cave, des photos suffisamment nombreuses pour piller la mémoire de tout téléphone digne de ce nom, et, selon le pays visité, quelques restes de maladies liées à l’eau ou l’alimentation, qui vous assure un ventre plat pour la rentrée. A défaut de l’avoir eu avant le départ !

Souvent on revient avec un sac de plage bourré d’optimisme. L’azur et les divers cocktails absorbés à l’occasion de soirées devant le coucher de soleil ont une capacité à travestir la réalité et donner des perspectives béates que le quotidien vous dérobe. L’infini du ciel se confond avec celui de la croissance économique et on pense que finalement, tout est possible. Mais non ! Lire la presse française afin de se remettre dans le bain Gaulois revient à passer du sauna au bain de glace. Bon pour la peau (à voir !) et assassin pour le moral. 

La grande différence, au fond, avec les Etats-Unis, c’est qu’ils font de l’économie et nous, de la politique. La grande différence, c’est que la politique est faite par des hommes d’affaires qui connaissent la réalité et nous, par des politiques qui travestissent la réalité pour la ramener à leur référentiel quotidien. Mais en économie, le maquillage ne tient pas. Nos larmes le font couler rapidement, et cette coulée irrésistible, entraîne le pays, plus sûrement que les coulées de boue naturelles. La boue aussi c’est bon pour la peau. Pas pour la croissance !

En France, les gouvernements pensent que, réunis, dans d’infinies réunions sans intérêt, ils créent l’emploi. Ils pensent que l’emploi se crée par décret ou compromis entre les "partenaires sociaux" (depuis quand sont ils partenaires d’ailleurs ?).  Quelques compromis, arrachés à grand coup d’annonces et parsemés de cris effarouchés, par les concessions faites aux salariés ou aux affreux patrons, et voilà notre croissance assurée. L’emploi se fabrique donc entre ces "partenaires" et l’Elysée ou Matignon, c’est bien connu. En éprouvette. A coup de mesures. Et ils en sont vraiment persuadés. 

Aux Etats-Unis, l’emploi se crée, bizarrement, dans les entreprises. Ces entités assez peu connues de nos technocrates, qui sont animées par des entrepreneurs, des bêtes de concours qui deviennent bêtes à tondre, quand elles réussissent, à qui l’on demande ici, comment faire, pour qu’ils aillent plus loin et plus vite. Et on leur en donne les moyens. Rien n’est totalement parfait bien sûr. Mais globalement, les Etats-Unis ont créé 250 000 emplois en 6 mois, donc c’est plutôt globalement satisfaisant. Pour la moitié de ce chiffre notre président actuel serait déjà proposé pour la canonisation ! Bien sur, le plafond "inquiétant" à 2,9% en rythme de croisière, "inquiète", notamment The Economist. Qui y voit une incapacité à tenir son potentiel. Soit ! 

En attendant, au lieu d’une bataille de chiffonnier pour savoir qui a donné à l’autre assez pour être en droit d’attendre des emplois, ce fameux et ridicule Pacte de responsabilité, qui restera la farce du début d’année, les Etats-Unis ont des salariés qui reprennent le chemin du travail et de la consommation. La réalité, c’est que la souplesse est mère de réussite, et que nos schémas institutionnels, rigides, ont fait leur temps.

Le problème n’est pas la démission du président Hollande, mais la rapide disparition de cette classe politique incompétente et d’institutions qui, a minima, ont besoin d’un gros nettoyage d’hiver, sans quoi nous n’aurons plus d’été. Et l’arrivée ou non d’un ancien président, qui rêve de retour, n’y changera rien. Il n’y a à ce jour, aucun homme providentiel dans ce pays. Un homme à la carrure assez forte pour attaquer la réforme du pays, y compris à l’envers de ses propres intérêts personnels. Aucun ! Il y aurait des profils providentiels. Au moins pour Matignon, mais idéalement au-dessus. Des Lamy, des Lagarde. Des gens qui connaissent le monde et ses réalités. Mais personne ne les laissera faire. La médiocrité est un rempart parfaitement hermétique à la compétence et l’intérêt général.

Nous allons donc rentrer en période glaciaire. Pas de croissance, pas d’emploi. Pas de bras, pas de chocolat, ou plutôt, pas de franchise et de courage, pas d’embellie. Tant que nos grands gamins se chamailleront pour savoir de qui est la faute, au lieu de penser à ce qu’il faudrait faire…notre France, et son potentiel, restera une valeur de cire, un Grévin vieillissant. Pourtant le libéralisme, le vrai, celui qui inspire les Etats-Unis, et non celui que nous vendent nos intellos ou journaux au rabais, celui qu’on tente de nous faire passer pour un western dans lequel la force seule préserve de la mort, une cage aux fauves où les dérives du laisser-faire forment les seules règles du jeu, celui des Etats-Unis, où les dérives et les erreurs existent, bien sûr, reste social. Mais pas en tuant les créateurs de richesse, ou en assassinant les classes moyennes. 

Ici, le salaire minimum est en train d’être institué pour les contractants de l’Etat et des Agences, qui exagéraient franchement, quand on examinait les prix qu’ils facturaient. 

Ici, un système de santé, couvrant ces millions d’Américains qui priaient chaque jour pour ne pas tomber malade, faute de pouvoir payer la facture, va enfin être en marche. Ici, on va baisser les impôts des classes moyennes. Vite. 

Ici, la plupart des Etats, qui se sont mis à la diète pendant la crise, au lieu de continuer à embaucher et dépenser comme la plupart de nos collectivités territoriales (et souvent à cause de l’Etat français qui leur "déléguait" des compétences, sans leur déléguer le budget correspondant, dans un exercice de maquillage budgétaire assez classique pour les intimes), sont en excédent. Vous lisez bien. En excédent ! Et pensent, en prenant en compte les erreurs du passé, à conserver une partie de ces excédents en épargne et investir le reste dans des dépenses utiles : éducation, infrastructures, capacité d’attraction des PME et des start-up. 

Entre la larmoyante politique sociale française, égalitariste, qui plonge tout le monde vers les bas-fonds et la pauvreté, afin que tous soient égaux et en souffrance, et la pragmatique politique libérale des Etats-Unis, je donnerais assez cher pour savoir ce que choisiraient les Français. Ces Français à qui nos politiques font dire tant de choses. Et notamment leur refus de toute réforme. Ce qui est faux.

Enfin, la presse américaine, cette semaine, mettait à l’affiche les jeunes. Ces jeunes que le numérique rend riche avant un âge que notre société considère comme acceptable en France. En France, pour être brillant, riche et avoir le pouvoir, il faut un crâne chauve et beaucoup d’expérience. Rien n’est possible avant 60 ans. Aux Etats-Unis, les stars ont moins de 30 ans. Ils surfent sur une bulle, certainement exagérée, mais dans laquelle les valorisations enrichissent tout le monde, y compris les salariés. Dans une économie qui a compris que tirer le pays vers le haut nécessitait de donner leur chance aux jeunes, ne pas les surtaxer en cas de succès et les inciter à partager le muffin avec leurs salariés. Un capitalisme apaisé, un libéralisme efficace, est le meilleur gage d’élévation sociale qui existe. La répartition, le vol en bande organisée qui incite à la passivité et alimente la "société de la défiance" bien décrite par Elie Cohen, est la meilleure assurance contre cette élévation sociale. Là encore, j’aimerais, si on leur expliquait enfin clairement, savoir ce que les Français choisiraient.

Je vais donc rentrer après ces semaines de plaisir passées aux Etats-Unis. Ce pays qui a fait de tous les visiteurs, une batterie rechargée à chaque instant par ce peuple qui agit au lieu de geindre, cherche au lieu d’attendre, tranche au lieu de tergiverser, positive tout jusqu’à l’extrême et intègre, ce que nous appelons la "diversité" par le seul facteur d’intégration qui existe : le travail. 

Ici pas de péroraisons sur la France terre d’accueil, qui n’aboutit qu’à bâtir des banlieues crasseuses, échappant à tout contrôle. Terre d’islamisme et de dérives quotidiennes, abandonnée de la République et de sa police, terreau de désespoir et de ressentiment, vite transformé en haine ; une terre d’accueil ne peut mériter ce terme que lorsqu’elle a quelque chose à offrir, un besoin à satisfaire qui contente l’attente du migrant. 

Aux Etats-Unis, le travail fond chacun dans une culture unique. Le travail élève. La première génération bosse dur, la seconde capitalise et la troisième réussit. Chacun comprend que le modèle consiste à embrasser la société dans laquelle on arrive et non d’en abuser ou de la violenter en cas d’échec. Les règles sont claires, dures, mais claires. Chacun conserve sa religion, sa culture, mais en ajoute une à son arc. En France l’absence de contrat bilatéral, de compréhension mutuelle des intérêts, entraîne une incompréhension qui se transforme rapidement en haine. Le libéralisme vécu ici a le mérite de la clarté et un contrat heureux est un contrat où les conditions sont claires. Pas celui où l’essentiel se cache dans les renvois de bas de page. Méditons mes frères, en cette veille de rentrée amère...  Je redoute un peu de rentrer, et nous sommes nombre à nous dire, que nous allons tenter de faire entendre raison aux politiques, de faire entendre la voix des entrepreneurs et de la société civile. Mais en cas d’échec, nous savons où le vent nous appelle, où l’énergie nous attend et non pas pour des raisons fiscales mais pour des raisons de "moral" ! Cheers !

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