Sauvetage grec : la Finlande dans le rôle du grain de sable<!-- --> | Atlantico.fr
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Des Finlandais se baignent dans une fontaine de Tampere : "Les Grecs, on veut bien leur prêter un peu d'argent, mais pas si c'est pour se retrouver complètement à poil !"
Des Finlandais se baignent dans une fontaine de Tampere : "Les Grecs, on veut bien leur prêter un peu d'argent, mais pas si c'est pour se retrouver complètement  à poil !"
©Reuters

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Contre toute attente, c’est peut-être la Finlande plutôt que la Grèce qui aura notre peau…

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Les Finlandais sont des gens raisonnables et posés même si, un poil portés sur la boisson, il leur arrive de se conduire n’importe comment dans les films de Jim Jarmusch. Ils peuvent d'ailleurs se montrer raisonnables à l’excès, au point de mettre en péril les équilibres qu’ils cherchent justement à préserver en toutes choses.

Ainsi, et même si vous n’avez probablement pas encore entendu parler de cette bombe à retardement ― entre Kadhafi et DSK qui trustent les Unes ―, nos lointains voisins du Nord ont décidé, pour participer au sauvetage paneuropéen des Grecs, d’y apporter quelques bémols.

« Amis Hellènes, ont-ils expliqué aux rouleurs de tonneaux des Danaïdes, nous sommes parfaitement d’accord pour aider à vous sortir de ce pétrin, c’est bien le minimum entre membres du même club, mais à une toute petite condition : pourriez-vous effectuer un dépôt de garantie équivalent à 20% de la somme que nous allons vous prêter, afin que nous ne perdions pas jusqu’à notre culotte de peau [ils portent des culottes de peau comme les Bavarois, les Finlandais ? J’ai un doute…] en cas d’échec de vos efforts de redressement ».

Les Grecs, qui ne sont pas chiens et savent eux aussi, parfois ― pas souvent mais bon ― se montrer raisonnables, ont immédiatement accédé à cette exigence bilatérale, sans réaliser qu’ils venaient d’ouvrir la fameuse boite de Pandore (quand on parle des Grecs, on a toujours ce genre de citation plus ou moins pertinentes en tête) en incitant Autrichiens, Slovaques, voire une poignée de länder allemands, à exiger un traitement identique.

Un 20% ça va, c’est quand il y en a plusieurs que ça pose problème

Las, un 20% ça va, mais c’est quand il y en a plusieurs que ça pose problème. Et si un pays déjà endetté jusqu’à la glotte doit se débrouiller pour dénicher plusieurs dizaines de milliards d’euros avant de pouvoir emprunter ce dont il a vraiment besoin, ça risque de bloquer (pour les seuls Finlandais, c’est déjà un joli petit 1,4 milliard d’euros, soit 240 millions de garantie).

OK, j’en entends dans le fond de la classe qui suggèrent que les Grecs n'ont qu'à l’emprunter à quelqu’un d’autre, ce dépôt de garantie. Mais à ceux-là je réponds : « Vous croyez vraiment que c’est le moment de rigoler ? »

Ce qui serait bien, et c’est ce que tente fébrilement Bruxelles depuis hier, c’est d'obtenir des Finlandais qu'ils remettent leur prudence dans leur poche et comprennent que, dans une union digne de ce nom, les accords bilatéraux sont une vraie plaie. Surtout s'ils font capoter toute l’affaire, entrainant ultimement la Finlande dans le cataclysme.

Qui sait : s’ils n’ont pas trop abusé de l’aqavit et sont dans un bon jour, peut-être verront-ils la logique du truc.

Car franchement, coulés par des Grecs fraudeurs et brouillons, passe encore. Mais par des Finlandais organisés et prévoyants, ça frôle le ridicule…

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