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Libye : un sans-faute pour l’OTAN ?
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Zone franche

Une assistance militaire efficace et désintéressée à des révolutionnaires légitimes et déterminés, la chute d’un dictateur sanguinaire : ça n’est pas du bon boulot ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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On aura du mal à en convaincre les réfractaires réflexifs à toute initiative sarkozyste (et entre mon appel d’hier à voter la « règle d’or » et le point de vue qui suit, je vais encore me faire pas mal d’amis dans ce vertueux cénacle), mais l’entrée triomphale des rebelles dans Tripoli est le couronnement de la stratégie otanienne.

Un dictateur psychopathe qui menace d’écrabouiller dans le sang ses populations civiles, c’est un peu l’ordinaire de notre petite planète violente et tourmentée. Dans neuf cas sur dix, realpolitik et géostratégies bien comprises commandent d’ailleurs aux grandes démocraties confortables de se contenter de condamner du bout des lèvres, pendant que CNN et MSF les tiennent au courant du nombre de victimes minute par minute.

La Libye, c’est justement le cas n°10, le cas d’espèce : le dictateur sanguinaire est tellement bon dans le rôle que même les usual suspects ont le soutien discret.  Oh, Chavez, Castro et Ortega ont bien tenté le coup au tout début, mais c’était sans réelle conviction…

De fait, Kadhafi est à ce point le « super-vilain » idéal que même la ligue arabe a fini par s’en rendre compte et, à défaut de mettre les mains dans le cambouis, faut pas déconner non plus, a choisi d’observer avec bienveillance le coup de main franco-britannique aux rebelles.

Jack Bauer ou le bourbier ?

D’accord, l’arrivée du Charles-de-Gaulle dans les eaux libyennes a bien fait grincer quelques dents chez les indignés professionnels, ceux pour qui un pays du Nord qui fait tonner le canon dans un pays du Sud est forcément motivé par d’obscures arrière-pensées pétrolifères... Bien sûr, l’incapacité des rebelles Otano-assistés à faire un sort au guide suprême en 24 heures chrono a fait monter le mot « bourbier » dans les « trending topics » de Twitter… Mais au final, on voit mal à quelles branches les pacifistes de principe vont pouvoir se raccrocher ― maintenant que Kadhafi est contraint à manger sa casquette de colonelissime.

Ah oui, je sais : on ne sait pas qui sont exactement ces rebelles, s’ils sont vraiment des types sympas et ont tous fait leur communion solennelle. On ne sait pas non plus s’ils ne vont pas commencer à se bagarrer entre eux comme des chiffonniers au lieu de transformer le pays en paradis à la Scandinave dans les jours qui viennent.

Hum, heureusement que les Américains, il y a soixante-sept ans, ne se sont pas demandés trop longtemps si gaullistes et communistes seraient capables de s’entendre la paix revenue...

Mais ni la France ni la Grande-Bretagne ne sont responsables du SAV de la révolution libyenne. Et c’est justement la beauté de la chose, cette absence d’implication ultérieure. L’intervention de l’Otan en Libye, c’est tout le contraire de l’affaire irakienne, avec ses illusions de « nation building ». C’est même tout le contraire de l’affaire afghane, avec ses projets de… Euh, de quoi déjà ?

Syrie : la ligue arabe en RTT, les « indignés » occupés ailleurs...

Bon, un peu plus haut à droite sur la carte, l’ami Assad continue de massacrer à qui mieux mieux et il n’y a guère que les va-t-en-guerre irresponsables dans mon genre pour espérer que BHL convainque son ami Sarko de redéployer ses troupes dans le secteur (maintenant que le boucher de Damas s’en prend aussi aux Palestiniens, même les progressistes professionnels pourraient valider…).

Mais bon, sur ce coup, la ligue arabe reste sur son quant-à-soi, le Charles-de-Gaulle est en cale sèche et il ne faudrait tout de même pas s’imaginer que tous ces gens qui meurent en combattant pour la liberté intéressent vraiment les indignés professionnels sus-cités.

Allez, pour la Syrie, on se contentera des comptes-rendus de CNN et de MSF. Pour la Libye, en revanche, c'est un sans-faute.

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