Israël dispose d'une nouvelle arme contre le Hamas : l'indifférence internationale <!-- --> | Atlantico.fr
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Le conflit israélo-palestinien s'est de nouveau enfoncé dans la violence.
Le conflit israélo-palestinien s'est de nouveau enfoncé dans la violence.
©Reuters

Une roquette, deux roquettes, trois...

Plus de 80 morts à Gaza et toujours pas de cessez-le feu en vue entre le Hamas et Tsahal... La communauté internationale, de guerre lasse, semble avoir baissé les bras.

Frédéric Encel

Frédéric Encel

Frédéric Encel est Docteur HDR en géopolitique, maître de conférences à Sciences-Po Paris, Grand prix de la Société de Géographie et membre du Comité de rédaction d'Hérodote. Il a fondé et anime chaque année les Rencontres internationales géopolitiques de Trouville-sur-Mer. Frédéric Encel est l'auteur des Voies de la puissance chez Odile Jacob pour lequel il reçoit le prix du livre géopolitique 2022 et le Prix Histoire-Géographie de l’Académie des Sciences morales et politiques en 2023.

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Atlantico : Alors que le conflit israélo-palestinien s'est de nouveau enfoncé dans la violence, les condamnations et appels à la retenue émanant de la communauté internationale se sont fait rares, d'un coté comme de l'autre. Un officier israélien l'a reconnu dans Times of Israël : "La communauté internationale est totalement désintéressée." Comment l'expliquer ?

Frédéric Encel : Deux facteurs peuvent expliquer ce que j'appellerai une retenue. Le premier concerne le printemps arabe. Voilà plus de trois ans qu'il mobilise les grandes chancelleries, qu'il fait craindre une grave déstabilisation et un retour à la guerre froide (cf. la crise syrienne de 2013), qu'il menace les cours du brut et provoque des désastres humains. Dans ce maelström, le conflit israélo-palestinien était tombé au rang de simple contentieux ! Très peu de pertes humaines et aucun mouvement de masse ni de vrais combats, un processus de paix en cours... Pourquoi s'y intéresser ? Le second motif tient dans la nature du Hamas ; un mouvement islamiste, tandis que les Occidentaux - ainsi que les Russes et les Chinois - craignent de plus en plus la montée en force de l'islamisme radical, surtout depuis l'avancée de l'Etat islamique en Irak... Et puis, fort heureusement, diplomates et chefs d'Etat savent distinguer Hamas et Autorité palestinienne, le premier n'ayant jamais été reconnu comme interlocuteur légitime par le Quartet pour le Proche-Orient.     

Qu'en est-il des effets du réchauffement entre l'Iran et l'occident ?

Je pense qu'il est prématuré de parler des effets, car ce réchauffement - pour authentique - en est à ses débuts. Mais s'il devait se poursuivre et progresser vers une véritable coopération stratégique, il va de soi que l'Arabie saoudite, le Qatar et autres régimes sunnites dogmatiques voire fanatiques y perdraient énormément. Sans doute le monde chiite (environ 15% des musulmans, concentrés surtout au Moyen-Orient), percevrait-il cela comme une sorte de revanche sur la majorité sunnite qui l'a toujours plus ou moins méprisé. Très prosaïquement, cela signifierait aussi, indirectement, le triomphe d'Assad...  

Dans une tribune au journal israélien Haaretz, Barack Obama réaffirme son soutien à Israël, mais fait surtout preuve de retenue : "En cette période de danger, chaque partie impliquée doit protéger les innocents et agir de manière raisonnable et mesurée, pas par vengeance ni représailles", écrit le président américain. Faut-il y voir le signe d'une tendance plus globale à l'isolationnisme ?

Le mot est un peu fort, qui renvoie aux années 1920-30. En réalité, la formidable puissance diplomatique et militaire US est en train de se réorienter plutôt que de s'estomper. Notamment vers l'Asie du sud (Inde/Pakistan) et le nord-ouest Pacifique (Chine/Japon...) ; les enjeux économiques et stratégiques y sont perçus comme infiniment plus sérieux aux yeux de Washington que les tirs entre Israël et le Hamas... Et puis, Obama est las de ce dossier sur lequel il s'est cassé les dents pendant six longues années !

En quoi cette indifférence fait-elle les affaires d'Israël ?

Naturellement, le gouvernement nationaliste au pouvoir en Israël préfère ne pas voir de sévères projecteurs se braquer à nouveau, comme il y a dix ans et plus, sur telle ou telle de ses politiques. En même temps, la question essentielle est de savoir si un statu quo sans aboutissement d'un processus de paix joue en faveur de l'Etat juif. Je n'en suis pas si sûr...   

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