Alstom ou le caprice à 2 milliards d'euros d'Arnaud Montebourg<!-- --> | Atlantico.fr
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Arnaud Montebourg, ministre de l'Économie, du Redressement productif et du Numérique.
Arnaud Montebourg, ministre de l'Économie, du Redressement productif et du Numérique.
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

Le ministre de l’Économie Arnaud Montebourg a officialisé l’entrée de l’État à hauteur de 20% dans le capital d’Alstom afin que le groupe reste français.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Les enfants gâtés ont toujours raison de leurs parents. Souvent au détriment de toute la famille. Même s'ils ont tort, il faut leur donner un os à ronger afin que leur honneur soit sauf et qu’ils vous laissent la paix pour quelques temps. Un temps souvent infime qui confirme que cet achat aura été bien peu profitable à la paix de chacun. C’est l’histoire de l’un des feuilletons à la Arnaud Montebourg tels qu’on les aime. Un enfant remuant, dissipé, parfois inspiré souvent désespérant, qui agace tout le monde au point que l’on pense acheter la paix et lui faisant des cadeaux. Qui loin de le calmer, renforce sa croyance dans le chantage comme forme de gouvernance. Il est le ministre de l’Economie mais pas de nos économies. Son caprice d’enfant gâté nous coûtera 2 milliards vraisemblablement. Pas mal comme cadeau, non ? Qui sont les parents aussi riches pour s’offrir des jouets aussi inutiles à un tel prix ? Tenez-vous bien, ce sont des parents pauvres. Ces parents c’est nous, par le mandat que nous avons donné à l’Etat de dépenser bêtement un argent qu’il n’a plus.

Nous retombons dans ce capitalisme du passeport, selon lequel le passeport des membres du conseil d’administration indique clairement la nationalité de l’entreprise. Ce capitalisme de nos grands-parents communistes, qui pensaient que l’Etat devait absolument être présent dans tout ce qui lui paraissait stratégique. Le périmètre variant à peu près au grès des coups de publicité que l’interprétation de cette définition pouvait leur procurer. Dans quel pays vivons-nous ? Quand au plus haut niveau de l’état, l’obsession de la publicité personnelle l’emporte sur le réalisme économique. Quand la vision de l’économie, dans un monde numérique, digital, reste pointé sur les cahiers d’école d’Etats aussi brillants que la Corée du Nord ou Cuba. Et encore ! Cuba s’ouvre !!

La nationalité d’un groupe est-elle liée à son actionnariat, à la présence de l’Etat ? En quoi la présence de l’Etat a t-elle empêché les grands groupes français, qui n’ont d’autre choix que de conquérir le monde, de s’internationaliser ? De réduire leurs effectifs en France, de rationaliser ? La présence de l’Etat permet plus certainement divers pantouflages de hauts fonctionnaires, à terme, que de s’assurer du maintien de la prétendue nationalité de l’entreprise. Où est son siège, ses dirigeants clés, sa recherche et son développement, voilà ce qui définit l’attachement d’une entreprise à la France. Sa marque et la reconnaissance forte qu’elle entraîne. Son ancrage dans la vie du pays au quotidien. Et cela, même une société étrangère peut y parvenir mieux qu’une société française. Il suffit pour cela de penser à Toyota face aux constructeurs français. Lequel est le plus français aujourd’hui ?

Cette vieille lune de l’Etat actionnaire est d’un autre temps et il est dommage qu’un homme de cette génération se sente obligé de vouloir l’incarner, même si on comprend très bien ce que Montebourg cherche à créer à son profit, en terme d’image, de lobby et d’ancrage électoral avec cet outil.

En tant qu’entrepreneur, ce qui nous désole est simple. Cela va coûter 2 milliards. Une somme colossale qui pourrait permettre la croissance (et l’emploi) de centaines d’entreprises, qui ont un potentiel de croissance, qui sont 100% française et ont une vocation mondiale, dont on se plaint en permanence que passée un cap, elles se font racheter par des américains, et qui pourrait grâce à cet argent contribuer à la croissance française et créer des milliers d’emplois dans notre pays. Comment ne pas s’apercevoir du gâchis. A la Française. L’Etat pense qu’il peut créer de l’emploi. Et dépense, depuis 30 ans, des sommes stupides dans des emplois aidés, artificiels. L’Etat va investir 2 milliards dans une entreprise qui perd de l’argent, dont les résultats s’effritent, qui n’a pas la taille, pour maintenir sa soi-disant nationalité, alors qu’il pouvait aboutir au même résultat sans sortir un centime. Est-ce qu’un jour l’Etat daignera penser qu’au lieu d’alimenter des lits de rivières asséchés, il serait bon d’abonder aux ruisseaux prolifiques, prêts à devenir fleuves ? Donnez-nous les clés de la bourse et des décisions et la France ne sera plus vraiment la même dans 10 ans. Car nous le ferons pour le pays et non pour notre profit personnel. La seule notion du profit que retient le politique, et les dividendes n’en sont jamais partagés, c’est le sien. Dommage !

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