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France/Allemagne :
tentative de thérapie de couple
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Zone euro

Leader économique de l'Union européenne, l'Allemagne est souvent critiquée en France. Tentative d'explication des tensions au sein du couple franco-allemand...

Alfred Grosser

Alfred Grosser

Alfred Grosser est un historien, sociologue et politologue franco-allemand.

Il est diplômé d'une agrégation d'allemand. Il a été professeur à l'Institut d'Etudes Politiques à Paris et il y devient professeur émérite. De 1956 à 1992 il occupe le poste de de directeur de recherches à la Fondation nationale des sciences politiques.

Il a été chroniqueur politique au Monde  à la Croix et à Ouest-Francede 1965 à 1994. 

Il est l'auteur de Die Freude und der Tod. Eine Lebensbilanz (Rowohlt, 2011)

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Un point d’accord tout de même : la crise a fait progresser à Berlin comme à Paris l’idée que la monnaie commune nécessiterait un minimum de gouvernance commune en matière de budget et de fiscalité. Mais les gouvernements de France et d’Allemagne accepteraient-ils vraiment de se soumettre aux disciplines limitatrices de souveraineté dans les secteurs les plus sensibles de la politique intérieure ?

Pour le reste, une divergence de taille et une nouvelle méfiance française. Le gouvernement allemand, soutenue, par l’opposition social-démocrate et « verte », veut vraiment sortir du nucléaire. On investit puissamment dans les énergies renouvelables, porteuses d’avenir. Ce sera cher, mais aussi créateur d’emplois. Quitte à importer d’abord de l’électricité nucléaire française, si vraiment la sécurité de centrales proches comme Fessenheim ou Cattenom est assurée. Quitte aussi à accroître la dépendance du gaz russe. Le fait que l’ancien chancelier Schröder en soit un « distributeur » ne rassure nullement.

En Allemagne, l’atome est associé depuis 1945 à Hiroshima, plus tard à Tchernobyl. En France, de Gaulle a mis à la tête du nouveau Commissariat à l’énergie atomique un prix Nobel de Physique et membre du Comité central du Parti Communiste, Frédéric Joliot-Curie. L’atome n’a jamais été vraiment contesté par la gauche parlementaire. Et Hiroshima pèse moins sur les esprits que la possession nationale de l’arme atomique, notamment aujourd’hui des SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d’engins). Avec notre siège permanent au Conseil de sécurité, l’atome fait équilibre à la supériorité économique allemande.

Mais c’est précisément cette supériorité qui fait problème ces temps-ci. L’Allemagne, avec des exportations et aussi des salaires en hausse, avec un chômage en constante diminution, avec des perspectives étonnamment positives pour ses moyennes entreprises industrielles, ne va-t-elle pas être tentée de se mettre en retrait d’une Europe qui lui coûte apparemment de plus en plus cher, puisqu’on lui demande de plus en plus de financer le sauvetage des pays en difficulté ?

Il est vrai qu’il existe en Allemagne, toutes catégories sociales confondues, un « eurocriticisme » de plus en plus fort. Mais à ceux – fort minoritaires – qui demandent la sortie de l’euro, donc la fin de l’euro, Wolfgang Schäuble, ministre des Finances et doyen respecté de la politique allemande, vient de répondre vigoureusement dans un discours au Bundestag, à l’Assemblée nationale allemande. Il a montré quelle catastrophe la fin de l’euro provoquerait en Allemagne. La monnaie des autres pays, France en tête, s’effondrerait. Ils n’auraient plus les ressources, avec leur monnaie terriblement dévaluée, pour acheter les produits allemands. Or les deux tiers des exportations allemandes s’effectuent vers les pays de l’Union européenne.

L’Allemagne restera le pilier de l’Union. Mais il ne faudrait pas continuer à lui donner l’impression que nous reprenons la formule de 1919 : « L’Allemagne paiera ! »

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