L’Ukraine, les juifs et les rumeurs<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Entre la Russie et l'Ukraine, c'est à celui qui sera le plus philosémite. Ou l'inverse...
Entre la Russie et l'Ukraine, c'est à celui qui sera le plus philosémite. Ou l'inverse...
©REUTERS/Yves Herman

Ukraine, Ukraine chérie !

Les antisémites existent, certes. Mais pas toujours là où on le dit.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

Normalement, traditionnellement pourrait-on dire, ce sont les Juifs qui se plaignent, qui gémissent, passant leur temps à détecter ceux qui ne les aiment pas ou qui les haïssent. Avec leur propension bien connue à se lamenter (ça vient du prophète Jérémie, d’où l’expression « jérémiades »), ils n’ont de cesse de voir des ennemis partout. C’est une habitude chez eux. Et, très souvent, elle confine à l’exagération.

Mais parfois, et heureusement pour l’équilibre des choses, ce ne sont pas les Juifs, ou des Juifs, qui crient à l’antisémitisme. Tel est le cas des autorités russes qui, de Vladimir Poutine au plus humble des journalistes officiels, dénoncent avec vigueur l’antisémitisme des nouvelles autorités pro-européennes de Kiev. Elles sont accusées, « preuves à l’appui », d’être fascistes et antisémites et certains jours, pour changer, d’être antisémites et fascistes.

Tout le monde n’étant pas russophone (c’est mon cas), il faut pour avoir accès au détail de ces horreurs kiéviennes aller sur la seule source disponible en français. Il s’agit de ProRussia.tv, une chaîne satellitaire francophone qui émet à partir de Moscou. Et là, tout est dit sur l’antisémitisme du nouveau pouvoir ukrainien. Cette chaîne est chaudement recommandée sur les sites d’Alain Soral, de Dieudonné et, dans une moindre mesure, sur ceux du FN. Plus philosémite que ça, tu meurs…

La rédaction de ProRussia.tv est pour l’essentiel composée de journalistes français. Ce qui offre un double avantage. Ses émissions sont accessibles à tout Français lambda. Et aussi, le fait que les journalistes soient français garantit une rigoureuse objectivité que n’auraient pas des journalistes russes.

Quelques noms parmi les collaborateurs de ProRussia.tv. Gilles Arnaud (rédacteur en chef), ancien conseiller régional FN de Haute-Normandie. Alexandre Ayroulet, qui fut un des dirigeants du Front national de la jeunesse. Sylvie Collet, candidate FN aux législatives de 2002 à Saint-Ouen. Joseph-Marie Joly, proche du Bloc identitaire. Ça nous change avantageusement des David Pujadas et autres Patrick Cohen…

ProRussia.tv est donc très, très vigilante sur l’antisémitisme et le fascisme des nouveaux maîtres de l’Ukraine. C’est pourquoi, débordée sans doute par son enthousiasme prorusse, elle a négligé une information que le secrétaire d’État américain John Kerry a jugée « intolérable ». À Donetsk, ville de l’est de l’Ukraine aux mains des prorusses, dont la victoire a été saluée par ProRussia.tv, les autorités locales ont lancé un avertissement sévère aux Juifs, un texte officiel qui a été distribué par des volontaires à la sortie des synagogues.

Il y est dit que tous les Juifs de plus de seize ans doivent, sous peine de « déportation », s’enregistrer en tant que Juifs. Au motif que la communauté juive ukrainienne soutient le pouvoir de Kiev (dont il faut rappeler, bien sûr, qu’il est « fasciste » et « antisémite »). Voilà. C’est à y perdre son latin (ou son hébreu ou son yiddish, c’est selon). Les Juifs n’ont pas à se plaindre. Ils ont même de la chance. Si l’on en croit ProRussia.tv, leurs amis, et en tout cas les ennemis de leurs ennemis, sont au pouvoir à Donetsk. Si l’on en croit le décret publié à Donetsk, leurs amis sont au pouvoir à Kiev. Les Juifs se débrouillent, comme toujours…

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !