Un "gouvernement de combat" pour sortir la France de l'immobilisme... ou gérer les couacs ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Manuel Valls est le nouveau Premier ministre de François Hollande.
Manuel Valls est le nouveau Premier ministre de François Hollande.
©Reuters

Éditorial

François Hollande n'a pas vraiment laissé le choix du gouvernement à Manuel Valls. Résultat : la composition de sa nouvelle équipe exacerbe les rivalités entre ministres, au risque d’obliger le nouveau locataire de Matignon à passer le plus clair de son temps à gérer les couacs qui ont déjà commencé de se produire plutôt que de sortir l’économie française de la stagnation.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Le nouveau Premier ministre Manuel Valls prend ses fonctions dans les pires conditions. Le premier objectif qui lui est fixé est de sortir l’économie française de la stagnation qui la caractérise depuis le début du quinquennat de François Hollande. Comme pour saluer son intronisation, l’Insee vient de publier un rapport peu encourageant. Alors que nos partenaires sont engagés dans un mouvement de reprise particulièrement net, la France fait toujours du surplace, avec 0,1% de croissance au premier trimestre (contre 0,8% pour l’Allemagne) peut-être 0,3% au deuxième, encore qu’il subsiste bien des doutes, puisque le chômage ne devrait pas s’améliorer d’ici l’été, alors que les impôts continuent d’augmenter plus vite que les revenus, ce qui incite nos compatriotes à faire preuve d’ingéniosité pour limiter leurs dépenses et freine ainsi l’activité. La crise qui se prolonge chez nous pèse sur l’investissement qui est en recul tandis que le stock de capital  vieillit, nous plaçant en position défavorable par rapport à nos concurrents. Le plus inquiétant reste la  poursuite ininterrompue de la dépense publique, à laquelle font écho le laxisme des collectivités locales et l’emballement des prestations  sociales.

Pendant ce temps, le pacte de responsabilité demeure une sorte de chimère, d’autant que François Hollande veut l’accompagner désormais d’un pacte de justice sociale, tandis que la quête de cinquante milliards d’économies parait de plus en plus relever de vœux pieux, puisque le chef de l’Etat a chargé Manuel Valls de prendre le chemin  de Bruxelles pour obtenir de nouveaux délais pour la remise en ordre du pays. Autrement dit, on continuera de laisser filer le déficit, puisqu’on ne peut plus recourir à la hausse des impôts. Certes, le gouverneur de la banque centrale européenne Mario Draghi a laissé clairement entendre qu’il ne pouvait être question d’accéder pour la troisième fois aux demandes françaises en échange de promesses qui ne sont jamais tenues. Mais  François Hollande utilisera la montée du courant anti-européen qui pourrait se manifester au cours des prochaines élections pour obtenir un adoucissement de la position de Bruxelles.

Manuel Valls se trouve ainsi plongé d’entrée de jeu dans une situation particulièrement inconfortable. La déroute socialiste aux municipales l’a imposé contre le souhait de François Hollande qui l’a choisi à contre-cœur et entend désormais en faire à Matignon le bouc émissaire qui succède à Jean-Marc Ayrault. Il montre à celui qui a la plus forte popularité dans l’opinion qu’il n’est pas le maître. Il ne lui a laissé aucune liberté dans le choix du gouvernement, qui ressemble comme un frère au précédent. Il a soigneusement préparé les affrontements à venir en exacerbant les rivalités, comme celles qui existent entre Sapin et Montebourg, avec le retour d’une Ségolène Royal qui affiche clairement ses ambitions. Au risque d’obliger Manuel Valls à passer le plus clair de son temps à gérer les couacs qui ont déjà commencé de se produire et à empêcher des ministres incontrôlables de passer par dessus sa tête pour en référer directement à François Hollande. Une façon de montrer aussi que le pouvoir est plus que jamais dans les mains d’un président qui doit aussi affronter la rébellion des parlementaires socialistes sonnés par la défaite, en évoquant l’arme ultime qui devrait les calmer : la menace de  la dissolution s’ils ne rentrent  pas dans le rang. Et pendant ce temps, les réformes attendront car le répit que la France finira par obtenir à Bruxelles donnera au chef de l’Etat un peu de ce temps qu’il chérit … pour ne rien faire.      

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