Une vague des OPA bien partie pour durer au-delà de 2015<!-- --> | Atlantico.fr
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Dernièrement, le groupe Shell a acquis BG.
Dernièrement, le groupe Shell a acquis BG.
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Les Offres Publiques d’Achat sont nombreuses : dernièrement, Shell a acquis BG, Heinz a lancé une opération sur Kraft, Alcatel va être absorbé par Nokia et XPO a acquis Norbert Dentressangle, ce qui semble dénoter de la part des acquéreurs un certain optimisme sur les perspectives en Europe à moyen-terme.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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La semaine boursière a été agitée par 2 éléments qui ne sont pas nécessairement liés : les discussions sur la Grèce, d’une part, et les tensions sur les taux longs, d’autre part.

Comme nous le craignons depuis quelques semaines, les négociations avec la Grèce font peser de lourdes incertitudes sur les marchés et nous avons adopté un positionnement tactique plus prudent depuis fin avril début mai. Le fait que la Grèce ait décidé jeudi soir de regrouper les paiements dus au FMI à fin juin envoi un mauvais signal et, surtout, laisse penser que la situation actuelle dure jusqu’à cette date. Le doute est extrêmement mauvais pour les marchés : sur la semaine le CAC a perdu près de 2% et par effets d’entraînements, les tensions en Grèce ont pesé sur les valeurs financières et les emprunts d’Etat du sud de l’Europe.

L’autre fait marquant réside dans la hausse des taux d’intérêt en Allemagne et aux Etats-Unis : les taux allemands sont passés de 0%, ou presque, fin avril à 0,85% vendredi soir.

Plusieurs raisons à ces tensions : l’inflation, même encore très basse, remonte un peu et la croissance en zone euro s’installe un peu plus. De ce fait, le spectre de la déflation que certains brandissaient, il y a quelques semaines à peine, s’éloigne. Il n’en fallait pas plus pour que les taux s’éloignent des niveaux très bas qu’ils avaient atteints fin avril début mai.

Notre attitude reste toujours plutôt prudente mais nous avons quand même procédé à quelques achats jeudi et vendredi. En effet, si l’on prend en compte les 2 risques qui pèsent sur la tendance, nous considérons que l’on peut raisonnablement renforcer un peu les actions sur les niveaux de la fin de semaine dans une optique moyen-long terme.

Sur la Grèce, il nous semble qu’un accord pourrait être trouvé permettant au pays de rester dans la zone euro et de gagner du temps pour rembourser une partie de sa dette.

Sur les taux : c’étaient plutôt les niveaux d’avril mai qui étaient aberrants… Le retour à la réalité est certes douloureux pour certains mais ne constitue pas une surprise. De plus, une simple analyse sur plus longue période relativise les choses : 0,85% sur la dette allemande ou 1,25% sur la dette française à 10 ans constituent des niveaux toujours très bas et permettent des financements peu coûteux pour les entreprises.

Dans les raisons qui nous font rester confiants pour 2015 et 2016, sans être non plus euphoriques bien sûr du fait des incertitudes évoquées plus haut, il y en a une qui devient chaque mois plus palpable : les OPA (Offres Publiques d’Achat ou fusions-acquisitions).

Nous pensons depuis plusieurs mois en effet que l’Europe après les Etats-Unis va être une place de prédilection pour les opérations sur le capital au sens large, et ceci pour plusieurs raisons :

  • Les bilans des entreprises ont été largement assainis depuis les crises de 2008 et 2011.
  • Les responsables d’entreprises cherchent tous les moyens pour réduire ou mutualiser les coûts.
  • Les taux d’emprunts et le coût du capital sont très bas.
  • La croissance de nombreux secteurs existe mais restera durablement sur des niveaux relativement bas par rapport au passé.
  • La capacité d’imposer ses prix a largement diminué pour de nombreux acteurs du fait de la concurrence.
  • Les entreprises américaines et asiatiques vont profiter de la baisse de l’euro pour venir acheter des entreprises européennes.

Pris isolément, ces différents facteurs seraient déjà des déclencheurs suffisants… Tous ensemble, ils laissent penser que la vague des OPA et Fusions diverses va se poursuivre.

Les opérations récentes sont finalement assez nombreuses : Shell a acquis BG , Heinz a lancé une opération sur Kraft, Alcatel va être absorbé par Nokia, XPO a acquis Norbert Dentressangle.

Autre point intéressant : en acquérant une société, l’acquéreur paie une prime pour obtenir le contrôle de la société qu’il achète. En ce moment, la prime s’établit en moyenne à 24% largement en dessous des niveaux payés en 2000, ce qui semble démontrer que les prix d’achat sont encore assez raisonnables. 

Enfin, et c’est un aspect que nous regardons avec attention : les opérations actuelles n’ont pas comme unique fondement le souhait de réaliser des synergies mais au contraire de renforcer des positions et croître. Ce qui semble dénoter de la part des acquéreurs un certain optimisme sur les perspectives en Europe à moyen-terme.

Tout ceci est favorable pas seulement pour le cours des sociétés achetées mais aussi pour tous les secteurs concernés et globalement pour l’ensemble du marché européen.

Les secteurs les plus à même de voir des OPA ou des fusions sont les secteurs liés à la consommation alimentaire, les technos, la chimie et la santé. Des secteurs très différents donc, mais qui laissent augurer des marchés mieux orientés dès lors que l’hypothèque grecque sera levée.

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