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Rétrocession des salaires d’assistant parlementaire : comment François Fillon a réglé le problème de la retraite des baby-boomers
©Reuters

Think different

Parole de vieux, forcer les enfants à rembourser leurs parents des frais engagés pour leur nourriture, leur logement et leur éducation est peut-être la meilleure idée de cette campagne ! Mais les Français, légendairement rétifs à l’innovation, tardent à l’en remercier.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Je trouve que l’on passe un peu trop vite sur les implications pratiques et non-partisanes des différentes affaires Fillon. Cette idée de demander aux enfants de rembourser leurs parents des frais engagés à leur profit depuis la naissance, par exemple, sonne en effet comme une réponse originale au problème des retraites des baby-boomers, dont on ne sait plus vraiment comment elles seront financées.

Couplée au dispositif dit du "versement costume", qui permet de s’habiller dignement sans aucun recours à des fonds publics, cette mesure est d’ailleurs encore plus décoiffante que le revenu universel prôné par Benoît Hamon.

Bon, en réalité, pour original qu’il soit, le concept du remboursement trans-générationnel n’est pas totalement inédit puisqu’il trouve sa source dans Alberto Express, un film de 1990 racontant l’histoire d’une famille italienne dont la tradition est, pour un père, de convoquer son fils au moment de la puberté pour lui présenter la facture (nourriture, logement, coupes de cheveux, argent de poche, etc.). En cas de défaut de paiement à la grecque, le fiston court le risque de voir la naissance de son propre premier rejeton gravement perturbée par une malédiction ancestrale.

L’Alberto du film ayant  on s’en serait douté  négligé cette tradition, il devra se débrouiller pour régler sa dette au moment où sa femme se retrouve en difficulté sur la table d’accouchement – sévère mais juste conséquence de son ingratitude...

Moi-même, je me suis amusé à calculer ce que me devaient mes propres gosses, dont le financement de l’existence et de l’éducation m’ont déjà coûté un bras et une jambe. Je ne vais pas vous donner le détail puisque, n’étant candidat à aucun poste électif, la loi ne m’y oblige pas, mais disons que ça me permettrait au moins d’investir dans une belle maison de maître dans la Sarthe et de me lancer dans la compétition automobile amateur si le coeur m’en disait (ce qui n’est pas le cas, parce que je suis plutôt Bretagne et vélo).

Ma future pension serait également prise en charge, et je n’aurais plus aucun souci pour l’avenir, ce qui est tout de même ce à quoi aspirent la majorité de nos séniors.

Mais je vous vois venir et balancer mon beau raisonnement aux orties avec deux arguments massue : entre l’Assemblée nationale, le Sénat, et Strasbourg, la France compte à peine un petit millier de parlementaires et il serait impossible de recruter tous les enfants du pays comme assistants susceptibles de nous rétrocéder leurs salaires ; ils pourraient évidemment aller gagner notre croûte dans le privé, mais chacun sait qu’il n’y a plus de boulot pour les jeunes, avec un taux de chômage des 18-25 ans supérieur à 25 %.

Qu’à cela ne tienne : nous pourrions envoyer nos gosses travailler dans des pays plus dynamiques économiquement, comme la Grande-Bretagne ou l’Allemagne, où leurs masters en socio et en psycho leur permettraient de dégoter rapidement un job de serveur de restaurant et de commencer les virements. On quitterait alors le modèle Alberto Express pour se rapprocher du modèle malien de renvoi de devises à la famille restée au pays, mais il est au moins aussi éprouvé.

Bref, et c’est un vrai problème français, notre conservatisme, notre cynisme et notre mauvais esprit empêchent toute prise de hauteur de vue et d’observation des effets secondaires positifs de tel ou tel dossier a priori délicat. L’expression "A quelque chose malheur est bon" n’a pourtant pas été inventée pour les chiens.

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PS : Je viens de présenter ma facture à mes enfants, qui vont peut-être me donner du fil à retordre. Mais c'est sans doute parce qu’ils sont moins bien éduqués que la progéniture Fillon et je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. La prochaine fois, je les mettrais dans une école à uniforme. Ca coûtera plus cher, mais c’est eux qui régalent.

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