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Notre-Dame-des-Landes, sainte patronne des querelles aéroportuaires à deux balles, priez pour nous...
©Reuters

Burkini des airs

Comment la construction d'un aéroport secondaire de province dont tout le monde se fiche éperdument est devenue un enjeu politique majeur et une énième ligne de fracture droite/gauche.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Au vu de la dérive de plus en plus grotesquement métaphysique de cette affaire, on pourra trouver amusant que le patelin choisi pour la construction du nouvel aéroport de Nantes s'appelle Notre-Dame-des-Landes, patronne contestée de l'élévation verticale.

A l'exception d'une poignée de spécialistes du transport aérien, et des locaux directement affectés (en bien ou en mal), il est en effet assez rare de tomber sur quelqu'un dont l'opinion puisse avoir une quelconque pertinence sur un dossier qui fait pourtant la Une depuis quinze ans, et sur lequel on s'étripe allègrement à l'échelle nationale.

C'est qu'en gros, si vous êtes "de gauche", plutôt sensibilisé au problème du réchauffement climatique, hostile par définition au BTP et aux trucs qui font du bruit et ne sentent pas bon, vous êtes résolument contre.

Ça ne vous empêche pas de partir en vacances avec easyJet parce que c'est moins cher et plus rapide que le train, et d'habiter dans un immeuble en béton plutôt que dans une hutte en pisé, mais qui n'a pas ses petites contradictions. Et de toute manière, vous êtes de Toulouse ou de Bourg-en-Bresse, alors Nantes, hein...

Non, être contre, c'est avant tout une question de conviction.

Si vous êtes "de droite", en revanche, vous êtes à fond pour même si vous vivez à Strasbourg. D'abord, parce que c'est certainement bon pour l'économie (quand le bâtiment va, tout va), parce que l'aviation c'est moderne, et surtout parce qu'on ne va tout de même pas se laisser emmerder par une bande de punks-à-chiens crasseux qui vivent aux crochets de la société et s'achètent des roulottes avec l'argent du RSA.

Être pour, c'est une affaire de principe, quoi.

Moi-même, qui ne suis allé que deux ou trois fois dans ma vie à Nantes (j'ai trouvé que c'était très joli), je m'en tamponne toutefois puissamment le coquillard, de ce deuxième aéroport (d'ailleurs, la dernière fois que je suis passé dans cette ville, c'était en voiture – une diesel). Et ils peuvent bien en construire un troisième, remplacer l'ancien par un Disneyland ou un EPR financé par des Chinois, ça ne me fait ni chaud ni froid.

C'est sûr, si j'habitais le coin, je m'y serais intéressé pour de bon, j'aurais lu des rapports et assisté à des réunions. Bref, je me serai forgé une opinion informée, j'aurais pris position, et je serais peut-être allé manifester avec les punks-à-chiens ou, au contraire, j'aurais peut-être rejoint le fan club de Jean-Marc Ayrault. Allez savoir.

Mais voilà, comme à peu près 99% des Français, je n'habite pas le coin, et j'ai du mal à faire semblant de croire que la construction d'un aérodrome sur un champ de pommes de terre vaille autre chose qu'un débat en pages intérieures de Ouest France. A tout prendre, je préférais la querelle de cet été sur le burkini parce qu'on voyait des photos de nanas en maillot de bain dans les médias.

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