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Faut-il (re)mettre Marseille sous tutelle de l’État ?
©Reuters

Principe de Peter

D’un dossier l’autre, l’équipe municipale fait la preuve de son incapacité à gérer Marseille et la relève probable semble tout aussi indigente. Il existe une solution.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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En 1938, Marseille avait été placée sous tutelle de l’État et son maire Henri Tasso révoqué à la suite de l’incendie des Nouvelles galeries, un grand magasin de la Canebière. Désorganisés, insuffisamment équipés, mal dirigés, les pompiers municipaux n’étaient pas parvenus à empêcher la mort de 73 personnes, le président de l’époque, Edouard Daladier, s’étant fameusement emporté devant l’ampleur de l’incurie : « Qui commande ici ? Il n'y a-t-il donc pas de chef, pas un homme pour diriger ? C'est lamentable ! ».

En 2018, des immeubles s’effondrent spectaculairement dans un centre ville laissé à l’abandon en dépit d’alertes multiples ; des décharges publiques se constituent à tous les coins de rues sous les effets cumulés d’une absence notoire de civisme chez les Marseillais et d’une gestion calamiteuse des services de collecte ; des dealers s’affrontent quasi quotidiennement à la kalachnikov pour le contrôle de leurs zones de chalandise ; la pollution automobile et portuaire bat tous les records et l’on imagine mal que les choses puissent s’améliorer…

D’abord parce que les élections ne sont pas pour tout de suite et que le pouvoir de nuisance des équipes en place reste préoccupant (un PPP de plus d’un milliard d’euros pour la rénovation d'écoles délabrées est en passe d’accroître un surendettement déjà stratosphérique ; un nouveau terminal de ferries sans raccordement au réseau électrique verra bientôt le jour…), mais surtout parce qu’il y a fort à parier pour qu’elles soient intégralement reconduites une fois Jean-Claude Gaudin invité à s’occuper de son potager à temps complet.

Système électoral et découpage des circonscriptions permettant la victoire de candidats minoritaires en voix ; opposition socialiste en déshérence et de toute manière historiquement affectée des mêmes travers clientélistes et affairistes que ses adversaires LR ; incapacité troublante de la Macronie à faire émerger une personnalité susceptible de rompre avec des pratiques de moins en moins plaisamment folkloriques et de plus en plus tragiquement sordides ; pompiers pyromanes du RN et de la FI en embuscade... On élaborerait difficilement un scénario plus décourageant.

La reprise en main d’une collectivité locale à bout de souffle par l’État, au-delà du précédent marseillais d’avant-guerre, n’a pourtant rien d’une incongruité juridique. Un certain nombre de communes, généralement de petite taille, financièrement exsangues ou ne respectant pas leurs obligations en matière de logement social, sont ainsi déjà passées sous tutelle préfectorale ces dernières années. A l’échelle de la seconde ville de France, de surcroît embourbée dans un processus de métropolisation à peu près aussi maîtrisé que son propre budget, l’humiliation serait sans doute terrible. Mais si le ridicule ne tue toujours pas, l’incompétence, elle, fait désormais de vrais morts.

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