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Sur le plan militaire, Pékin place ses pions pour s’imposer comme la puissance dominante de la région.
Sur le plan militaire, Pékin place ses pions pour s’imposer comme la puissance dominante de la région.
©DR

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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La situation grecque et le mini krach obligataire ont entrainé une baisse de tous les indices cette semaine. On voit bien que la liquidité des marchés devient préoccupante. Le renforcement de la régulation bancaire, la loi Dodd-Frank en particulier aux Etats-Unis, mais aussi Basle 3 et Solvency 2 en Europe, aboutissent au fait que dans les périodes de turbulences, il n’y a plus de contrepartie. Le vendeur se voit confronté à des intermédiaires qui ne prennent pratiquement plus de positions pour assurer la liquidité des marchés. Les conséquences de cette situation ont été très bien décrites par Stephen Schwarzman, CEO de Blackstone, dans un article du Wall Street Journal de la semaine dernière. Son papier était intitulé : "Comment la prochaine crise financière va arriver".

Les sujets d’inquiétude ne manquent pas, entre la sortie de la Grèce de l’euro, la sortie de la Grèce de l’Europe, la remontée des taux aux Etats-Unis, l’explosion du Moyen-Orient.

Il est encore difficile de prévoir l’issue du psychodrame qui se joue entre Athènes et ses créanciers depuis des mois. Au lieu de pratiquer la théorie des jeux dont Monsieur Varoufakis est paraît-il un grand spécialiste académique, il vaudrait mieux poser les bonnes questions et tenter de leur trouver une réponse :

1/ La Grèce étant totalement incapable de rembourser l’argent qu’elle a emprunté, il faut savoir contre qui et dans quelles proportions elle fera défaut : les citoyens grecs, l’Union Européenne, les porteurs privés d’obligations grecques, le FMI, la BCE…?

2/ Le lien entre le défaut et la sortie de l’Europe n’est pas automatique. Le pays pourrait sortir de l’euro sans quitter l’Europe.

3/ Dans tous les cas de figure? il faut une préparation quasi militaire du calendrier : contrôle des changes, fermeture temporaire des frontières, recapitalisation dans la nuit du capital des banques grecques, impression de nouveaux billets etc…

Neuf investisseurs sur dix n’ont aucune exposition en Chine

Ce qui se passe de plus important a lieu en ce moment  Chine.

Le financement des infrastructures permettra à la Chine de redevenir un empire. Le financement des nouvelles routes de la soie permettra d’y arriver. La voie ferrée Chongqing-Duisburg en Allemagne permettra de faire parvenir un container de Chine en Europe en cinq jours. La voie maritime consistera à construire un réseau de ports très bien équipés (Sanya, Hambantota, Gwadar…) qui aboutiront au Pirée en Grèce;

Sur le plan militaire, Pékin place ses pions pour s’imposer comme la puissance dominante de la région. Il s’agit pour eux de bien le montrer au Japon et aux Etats6Unis. Le pays, avec un budget de défense de 175 Md$ cette année, est devenu le troisième exportateur d’armes du monde. Le nouveau chasseur J-31 a vocation à être très rapidement exporté. Le missile Advanced FD-2000 a été acheté par la Turquie et le missile Grad WS-1E par l’Iran. Enfin, après le "Liaoning", la Chine a mis en chantier son second porte avion.

Sur le plan financier, on va assister à une libéralisation des marchés financiers. L’internationalisation du renminbi qui devrait prochainement en novembre intégrer les droits de tirage spéciaux. Les taux chinois encore élevés (au dessus de 4% pour les obligations à 30 ans) vont baisser, ce qui sera très favorable aux obligations chinoises. L’obligation à 30 ans chinoise rapporte du 4,25%... On est dans la machoire du crocodile. Il n’y a pas beaucoup d’endroits dans le monde où on peut encore obtenir une rentabilité de 4 à 6% avec une volatilité de 3% !

Le marché action devrait encore monter, car les marchés vont progressivement se substituer aux banques pour financer l’économie chinoise. Le marché action est poussé par le gouvernement. La Chine, c’est 15% du PIB mondial mais pratiquement rien dans les indices. La Chine ne représente que 2,72% de l’indice mondial MSCI All Countries.

Bien évidemment, tout cela ne se fera pas en ligne droite, trois faillites d’entreprise ont déjà eu lieu depuis le début de l’année dont une détenue par le gouvernement. Le niveau de spéculation des 100 millions de chinois qui achètent des actions est très important, mais le gouvernement a besoin d’eux.

Dans les bulles, il y a celles qui ont été financées par les marchés (la technologie en 2000), et celles qui sont financées par les banques (les subprime en 2007-2008). On vient probablement de voir débuter une bulle d’anthologie qui pourrait ressembler à celle sur le Japon dans les années 80. A l’époque, le poids des actions japonaises est passé de 8% dans les indices à 45%. Une bulle touche à sa fin quand tout le monde en a, ce qui n'est pas du tout le cas en ce moment.

François Hollande affirme une ligne sociale-démocrate mais ne fait toujours rien de cohérent

En France, parmi les événements importants peu commentés cette semaine, il y a la décision du New York Times de quitter Paris où son prédécesseur, le International Herald Tribune était depuis 1967, pour aller s’installer à Londres. Les dirigeants du journal estiment que les conditions dans lesquelles on peut gérer un quotidien numérique ou traditionnel sont nettement moins bonnes qu’au Royaume-Uni. Les conventions collectives, le droit du travail, la non flexibilité des effectifs aboutissent au fait que les coûts à Paris sont les plus élevés parmi les pays développés. Tout est dit une fois de plus. Toutes les études réalisées complaisamment par les consultants sur l’attractivité de la France n’y changeront rien. On est toujours dans les petites mesures de contournement.

Pour que les entreprises décident d’engager des collaborateurs, il leur faut plus de commandes donc plus de croissance et moins de dépenses publiques et surtout un droit du travail plus souple qui permet d’ajuster les effectifs d’une entreprise en fonction de son plan de charge.

Au lieu de s’employer à mettre en place de vraies réformes, le gouvernement continue de guetter le retour de la croissance comme on attendrait Godot. Il continue par ailleurs de harceler les propriétaires, qui ont investi dans l’immobilier pour financer eux-mêmes la retraite qu’ils n’auront pas. Le plafonnement des loyers entrera en vigueur le 1er août à Paris. C’est la première fois depuis 1948 qu’une limite exprimée en euros par mètre carré est imposée aux bailleurs !

Les petites entreprises sont une fois de plus pénalisées par des députés qui n’ont jamais mis les pieds dans une entreprise. Les commerces de moins de onze salariés devront obtenir l’accord des employés pour ouvrir le dimanche. Et rien de sérieux n’est entrepris pour simplifier le Code du travail.

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