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Emmanuel Macron : "Il est si commode de voir en Vichy une monstruosité venue de rien"
©EMMANUEL DUNAND / AFP

Commémoration

Le président de la République a livré un discours très fort, réfutant qu'on puisse masquer la responsabilité de la France dans la rafle du Vel' d'hiv.

On attendait un discours politique de la part de Benjamin Netanyahu. Ce fût le cas. Mais celui du chef d'Etat français fût particulièrement fort, lors de la commémoration de la rafle du Vél' d'Hiv.

 Le premier ministre israélien a d'abord pris la parole, en français. "Cette invitation est un geste très fort. Elle témoigne de l'amitié profonde entre la France et Israël. A vous monsieur le président, au peuple français, je dis du fond du cœur : merci" a-t-il lancé avant de reprendre son discours, cette fois dans sa langue. "Je suis venu rendre hommage à nos frère et sœurs assassinés parce qu'ils étaient juifs" a-t-il poursuivi, saluant la reconnaissance de la responsabilité de l'Etat français par Jacques Chirac en 1995. Il a aussi rendu hommage aux Français qui ont sauvé des juifs pendant la guerre. "Il y a l'héroïsme au champ de bataille mais l'héroïsme des Justes était telle qu'ils ont mis leur propre famille en danger. Nous n'oublierons jamais."

Le Premier ministre a ensuite évoqué le terrorisme. "L'islamisme radical veut détruire notre civilisation" a-t-il souligné. "Israël n'est que la première cible pour eux. Ils voient en Israël un bastion arrière de nos valeurs communes (…) Nous devons rester forts et unis en ensemble (…) pour protéger notre avenir."

Puis c'est au tour d'Emmanuel Macron de prendre la parole. "Je suis ici pour que perpétue le fil tendu par Jacques Chirac en 1995" a débuté le président de la République.  Ce dernier a violemment attaqué, sans le nommer, le Front national, qui conteste la responsabilité de la France dans la rafle. "Je récuse les accommodements de ceux qui prétendent que Vichy n'était pas la France. Ce n'était pas tous les français mais c'était le gouvernement" poursuit-il. "La vérité est implacable, irrévocable. La cacher ou l'amoindrir insulte notre mémoire collective. La France en reconnaissant ses fautes a ouvert la voie aux réparations, c'est sa grandeur." Il a en revanche, nié toute idée de repentance. "Savoir où nous avons failli, c'est aussi regarder avec plus de fierté ceux qui ont tendu la main à leurs frères (…) nous songeons à tous ces Justes avec fierté."

"Mais à côté de ces héros, il y avait bien l'Etat français" a-t-il martelé, rappelant que "la plus grande partie du personnel de Pétain" venait de la IIIème République. "Il est si commode de voir en Vichy une monstruosité venue de rien. C'est commode mais c'est faux. On ne bâtit aucune fierté sur un mensonge." Selon le président de la République, le racisme et l'antisémitisme était déjà présents avant l'instauration de Vichy. "Ils étaient là vivaces, présents" souligne-t-il évoquant l'affaire Dreyfus et les années 1930 en France. "La barbarie n'avance pas à visage découvert (…) elle se forge d'abord dans les esprits."

"Rien de tout cela n'est né avec Vichy et tout cela n'est pas mort avec Vichy" a-t-il encore insisté. "C'est encore présent (…) derrière les nouvelles apparences (…) Le racisme ordinaire pullule dans le vocabulaire, il ferme le marché du travail à de jeunes gens, les conflits du monde s'invitent dans nos territoires" a énuméré le président qui s'est aussi attaqué à tous les clichés. "Un jour, parce qu'on s'est tu, le passage à l'acte intervient. Ce qui n'était que des mots deviennent des vies fauchés et des gestes qui tuent." Il a notamment visé l'impact des réseaux sociaux et assuré que les services de police devaient y être mieux formés. Il a par ailleurs énuméré les victimes des attentats et meurtres antisémites. "Malgré les dénégations du meurtrier, la justice doit faire toute la lumière sur la mort de Sarah Halimi" a-t-il appuyé.

"Notre république, c'est ce projet constamment réinvité" a expliqué Emmanuel Macron. "Ne cédez aucun pouce de cette humanité." A travers ce combat, le président a évoqué ceux pour l'éducation, les migrants ou encore la culture. "Contre le terrorisme obscure et le pire des fanatismes, nous ne céderons rien aux messages de haine, à l'antisionisme, qui est la forme réinventée de l'antisémitisme" a-t-il encore souligné sous les applaudissements. "La République se tient debout parce qu'elle ne renonce à rien de ce qu'elle est."

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