Ynsect : la licorne française qui prépare la food révolution avec des protéines d’insectes...<!-- --> | Atlantico.fr
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La ferme expérimentale d'insectes "Ynsect" à Dole, dans l'est de la France, est photographiée le 8 février 2018, une installation qui produit des protéines de première qualité.
La ferme expérimentale d'insectes "Ynsect" à Dole, dans l'est de la France, est photographiée le 8 février 2018, une installation qui produit des protéines de première qualité.
©SEBASTIEN BOZON / AFP

Atlantico Business

Ynsect a l’ambition de devenir un numéro Un de l’agro-alimentaire en apportant au monde de quoi se nourrir avec des insectes. Une histoire folle mais géniale.

Aude Kersulec

Aude Kersulec

Aude Kersulec est diplômée de l' ESSEC, spécialiste de la banque et des questions monétaires. Elle est chroniqueuse économique sur BFMTV Business.

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Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les écologistes devraient applaudir le développement de cette licorne et les souverainistes devraient, eux, soutenir le repositionnement de la France dans la production de protéines.

Ynsect propose une réponse innovante aux défis climatiques et humains : nourrir la population mondiale dans le respect des ressources naturelles présentes sur la planète.

Pour cela, pas d’élevage intensif à base d’eau, pas de déforestation. Mais des insectes, des milliards d’insectes, élevés dans des fermes verticales et transformés en farine.

Nourrir le monde avec des insectes pourrait paraître utopique et c’est peut-être pour ça que ça marche. Parce qu’il y a dix ans, quand les quatre fondateurs finissent leurs études d’agronomie, ils ont encore des rêves plein la tête, mais ont acquis aussi les compétences pour les transformer en réalité, et surtout, en modèle économique. Plus précisément, ils vont s’atteler à produire des protéines à bases d’insectes. Il y a un marché pour cela.

Les idées avant l’argent. En 2011, Antoine Hubert, Jean-Gabriel Levon, Fabrice Berrot et Alexis Angot, habitués à collaborer dans un cadre associatif, mettent leur projet sur quelques slides, et les présentent dans des concours d’entrepreneurs. Ils en gagnent quelques-uns, et des prestigieux : le prix Gérondeau - Fondation de l'École Polytechnique ou encore le grand prix de l'innovation de la Ville de Paris.

Ces prix sont aussi un booster de communication qui va leur permettre de récupérer une subvention de BPI France, la Banque Publique d’investissement et l’intérêt d’autres fonds de capital investissements qui deviennent progressivement actionnaires.

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Pourquoi les insectes ? Parce que leur élevage demande peu d’eau ou d’énergie, ne génère pas de déchets. En plus de ça, la reproduction est assurée à un rythme sans équivalent et les petites bêtes sont bourrées de protéines. C’est notamment le cas des larves de molitor qu’Ynsect a choisi de produire à grande échelle. Un kilo de vers de farine de ce type équivaut, en termes de protéines, à un kilo de bœuf.

Dès leurs premières études de faisabilité, les quatre fondateurs s’aperçoivent que, si le sujet de se nourrir à base d’insectes est déjà bien appréhendé en Asie, il reste complètement ignoré par les Européens.

Pourtant, nous n’allons pas retrouver, demain, des fourmis dans des bouchées à la reine ou du poulet au curry. L’élevage et la transformation d’insectes sont d’abord réservés à l’alimentation animale - chiens ou chats ou animaux d’élevage comme le poulet ou le saumon ; pour certaines industries - chimique, cosmétique - puis, dans une moindre mesure, pour les humains et notamment l’industrie du sport ou pour les seniors (les vers molitor étant réputés pour être plus digestes).

L’activité demande beaucoup de recherches, et pour protéger ses trouvailles, l’entreprise dépose des brevets, jusqu’à devenir le premier déposant, hors Chine, de brevets de son secteur.

C’est toute cette propriété intellectuelle, ce savoir-faire à haut potentiel, que les investisseurs ont souligné quand ils ont participé aux nouvelles demandes de financement d’Ynsect.

Le stade fatidique, pour qu’Ynsect devienne une licorne a été de passer de chercheur à éleveur. Ça s’est passé à la fin de l’année 2020, à l’issue d’une nouvelle levée de fonds qui devait financer la première ferme verticale d’insectes.

Les tours de cette ferme-usine se sont érigées près d’Amiens, mais l’ambition est de couvrir l’ensemble du territoire français dans les prochaines années, puis toute l’Europe ou les Etats-Unis.

Ynsect pourrait bien être le futur Danone. A moins que Danone ne se laisse pas faire et réagisse face à cette food-revolution en faisant sa propre mutation. Tout est possible.

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