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Voilà le discours que j’ai proposé à Emmanuel Macron pour sortir de cette crise que la France ne mérite pas
©Sebastien Bozon / POOL / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Françaises et Français, Gilets Bleu, Blanc, Jaunes, réels désespérés et casseurs professionnels, voilà ce que j’aimerais vous dire ce soir.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Ils sont nombreux, ceux qui m’accusent ce soir, qui m’ont accusé ces dernières semaines. Mais qui sont ils ? Des politiques de droite ou de gauche, qui nous expliquent, qui osent vous expliquer, ce que je devrais faire, alors que vous et moi, en sommes là aujourd’hui, car nous héritons de 40 années de descente aux enfers, de dégradation de la situation de notre pays. 40 ans que notre déficit extérieur, notre dette, nos équilibres sociaux, les écarts de richesse, n’ont cessé de s’aggraver, du fait de leur incapacité à reformer, quand ils en avaient les moyens. Pour leur seul bénéfice électoral. Vous les avez élu, ils ont gagné, vous avez perdu. La seule chose qui ait suivi une courbe ascendante, c’est le chômage et les impôts.  Ce n’est pas moi qui ai amené vos taxes à un niveau insupportable, mais je suis Président, je dois assumer. Je n’ai pas contribué à étouffer ce pays, mais je l’assumerai.

Vous êtes venus dans la rue manifester contre la misère que vous sentez comme si elle était devenue votre nouveau domicile. Vous avez raison. Mais alors qu’ils tuaient le pays à petit feu, j’étais encore enfant, quand eux étaient déjà adultes. Vous pouvez m’accuser, je suis Président, je dois assumer.

On m’accuse d’arrogance, de suffisance. De vivre désormais dans une tour d’ivoire et de ne plus vous écouter. C’est vrai. L’exercice du pouvoir est complexe, et le temps pris à écouter les français trop limité. C’est l’erreur que nous commettons tous. Nous sommes entourés de jeunes gens brillants, mais qui, il est vrai connaissent votre vie à travers des courbes et statistiques. Des sondages et estimations. 

Je réalise que l’homme, les territoires, le désespoir, ne se lit jamais dans les courbes et les rapports des technocrates. Et je vais y remédier. Je suis Président, je vais l’assumer.

Je vous recevrais désormais, chaque mois, à l’Elysée, pour vous écouter. Dans cette maison qui est la vôtre. Non pour l’incendier, mais lui redonner sa raison d’être. Celle d’être au service des français et non un rempart pour m’en protéger. Je recevrais, non pas des représentants, mais des citoyens, des hommes et des femmes, qui viendront défaire les statistiques et expliquer leur vie d’homme. 

Je suis un homme comme vous, ne vous y trompez pas. Je viens du Nord, d’une région magnifique, qui abritait usines et ouvriers, pour abriter désormais la région la plus pauvre de France. Le Pas de Calais. J’ai vu la souffrance autour de moi, avant de voir les ors de la République, bien longtemps avant. Si vous pensez que je ne la connais pas, vous vous trompez bien sur moi. Cela aussi c’est fini, nous allons mieux nous comprendre. Je suis votre Président, je vais l’assumer.

On dit que j’ai eu tort et que la réforme est aveugle? C’est faux. Nous avons raison, je vous le prouverai dans le temps et rien ne changera à notre agenda. Le train de la réforme est lancé, rien ne l’arrêtera. Il n’y aura pas de prime à la casse, pas de cadeaux pour les casseurs. Y compris si cela me coûte ma réélection. Je pourrais être fier dans les 10 prochaines années de vous laisser un pays réformé, à nouveau tourné vers l’avenir, même si cela doit signer la fin de mon destin politique. Je ne ferai pas ce que mes prédécesseurs vous ont fait. Une caresse à court terme pour une claque à long terme. Un onguent pour masquer la plaie et la douleur et assurer ma réélection. Ce serait tellement plus simple. Creuser un peu plus votre tombe, pour garantir ma place. Ce n’est pas l’image que je me fais du courage en politique. Je veux bien prendre des coups pour la France, car la France en « vaut le coup ». Même si je dois le payer. Pourvu que vous en encaissiez les bénéfices. Je suis Président je dois assumer. Même contre vous, provisoirement.

Ces réformes seraient faites pour les plus riches ? Plus favorable pour les riches, et pas pour les plus démunis ? La facilité serait de continuer à creuser la dette et ne rien changer.  Vous ne seriez pas dans la rue et je préparerais déjà mon second mandat. Aux frais des générations à venir. 

La France souffre de déclassement, mais elle n’est pas la plus malheureuse. Elle le deviendra si nous ne faisons rien. Vous vous sentez déclassés et on vous demande encore un peu d’effort ? Vous trouvez cela injuste ? Pourtant la France reste l’un des rares pays au monde qui protège autant ses citoyens. Mais cela ne pourra pas durer si nous ne faisons pas les efforts supplémentaires. 

Contrairement à l’Américain, vous n’avez pas besoin d’hypothéquer ou vendre votre maison en cas d’hospitalisation lourde. Contrairement au Sahélien vous ne vivez pas avec moins de 100$ par mois. Contrairement à nombre de pays qui ont testé le populisme ces derniers temps, ou ont cédé à la sortie de l’Europe, vous pouvez encore compter sur votre Etat. Vos enfants contrairement à tous les pays anglo-saxons trouvent une école ouverte et gratuite pour accompagner leur talent. Vos revenus sont confortés par des allocations et aides que peu de pays au monde peuvent offrir. Vous vous sentez malheureux ? Vous le serez bien plus demain sans réforme. Vous l’êtes moins que vous ne le pensez. Je me dois de poursuivre ces réformes, je suis Président et je l’assumerai. Car en faisant cela, je vous assure que ce système unique pourra perdurer et que vous ne soyez pas sans accès à la santé et à l’éducation, dans les 20 années à venir.

Et vous avez dit riches ? Parlez vous de ces mesures que nous mettons en place au profit des PME ? Dont les dirigeants gagnent en moyenne, TPE, commerçants, artisans, moins de 1850eur en moyenne, et sans aucun parachute, sans amortisseurs. Quand ils perdent, ils perdent tout. Pas de solidarité sociale nationale pour ceux qui créent pourtant le seul emploi net de notre pays. Nous voulons privilégier tous ceux qui veulent vous proposer un emploi et nous continuerons à le faire. En le réservant encore plus aux PME. Ils vivent comme vous, eux aussi ont la sensation de glisser et mourir un peu, ils ont encore moins que vous et ils n’étaient pas dans la rue. Alors oui, nous irons plus loin, plus loin que cette Loi Pacte trop vide, timide et sans vision, afin de les aider à vous aider. En créant des emplois. De la croissance. Tout ce qui nous échappe. Je suis Président et cela aussi je l’assume et l’assumerai.

Vous ne devez jamais oublier que les actionnaires du monde sont les retraités de tous les pays. Nous leur devons la terre qui nous porte, mais ils doivent un avenir à ceux qui leur succèdent. Nous ne pouvons laisser leurs revenus, aussi mérités soient-ils, signer l’arrêt de mort des générations à venir. Alors oui, les actifs, trop peu nombreux pour financer les retraites, vont devoir être privilégiés quelque temps, afin d’augmenter leur nombre. Cela vous permettra de pouvoir compter sur votre retraite jusqu’à leur terme plutôt que risquer de la voir disparaître sous les déficits. Une souffrance à court terme, c’est certain. Mais vous en serez les premiers bénéficiaires. Je suis Président, je dois assumer.

Il en est de même pour l’environnement. Nous voulons leur léguer une terre capable de les porter. Vous avez mis vos enfants au monde pour leur offrir un avenir, pas pour les en priver. Les taxes devront se maintenir, afin de pousser à une conduire plus vertueuse. Mais je vous donne la parole de la Nation que ces taxes serviront vraiment, à 100%, à sauver notre monde. Je suis Président, je dois l’assurer.

Comprenez le, Françaises, Français,  je suis prêts à assumer le passé, mais alors laissez moi assumer le futur, malgré la peine et la douleur que vous pourrez ressentir. Vous voulez une France plus forte ? Une France qui reprenne sa place dans le monde et vous garantisse la vôtre ? Une France qui vous enchante et dire Adieu à celle qui vous désespère ? Alors laissez nous assumer l’avenir. Celui de notre pays, dans une Europe que vous considérez à raison comme technocratique et trop déconnectée, sans union réelle, ni pouvoir effectif, une Europe qui norme plutôt que fabriquer l’avenir. C’est vrai. Nous allons changer cela et vite, car l’Europe est la seule solution à nos maux. Nous devrons tous changer et vite. Je sais que pour avoir envie de la saluer vous devrez réaliser que nous lui devons notre salut. Elle va le mériter. Je suis Président et nous l’assumerons ensemble. Nous ne devons pas la quitter mais la renforcer. Autrement.

Françaises et Français, mon destin, ma position n’est rien, si elle ne vous est pas utile, si elle ne change pas votre vie. Pas votre vie au jour le jour. Mais votre vie pour les décennies à venir. Je préfère que vous me détestiez, mais vous offrir un avenir, plutôt que vous m’aimiez, pour garantir le mien. 

Nous allons réformer votre pays, je ferai tout pour que la douleur ressentie soit la plus brève possible, mais il n’y a pas d’autre voie. Nous prendrons quelques mesures pour améliorer la vie des plus démunis d’entre vous (TVA réduite sur produits de base, charges sociales réduites provisoirement pour améliorer votre net..) mais rien d’autre ne changera dans notre agenda, et nous serons sans pitié pour ceux qui viendront casser le rêve français dans les rues de Paris, ruinant notre image à l’étranger et poussant les commerçants à la faillite et dissuadant les touristes de venir dépenser leur argent dans notre pays. Paris n’est pas la France, mais Paris fait partie de la France. Et sera protégée comme chaque territoire le mérite.

Nous allons réussir ensemble. Je vous le promets. J’assume le passé, assumons l’avenir, le nôtre et celui de nos enfants, ensemble, dans la paix et le respect.

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