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Valse des collaboratrices :
le très étrange management
d'André Vallini, l'ex-futur monsieur
justice du PS
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La morale, c'est maintenant !

Le président du Conseil général de l'Isère et sénateur PS a enchaîné plus de 90 contrats de travail pour des collaborateurs en 10 ans. Quand on regarde les nouveaux éléments fournis par le Conseil général sur l'historique de ces contrats, quelque chose saute aux yeux concernant les femmes...

Matthieu Creux

Matthieu Creux

Matthieu Creux est blogueur politique sur Le Mal Pensant.

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Au début de l’année 2012, Brigitte Volmat, une militante socialiste de 56 ans et ex-amie et attachée parlementaire d’André Vallini, alors député, avait attaqué son ancien patron pour « licenciement abusif, harcèlement moral et discrimination à l’âge », accusant entre les lignes le parlementaire de l’avoir progressivement mise de côté entre 1997 et 2000 pour la remplacer par une femme plus jeune… Un accord financier sera finalement trouvé entre les deux parties après une conciliation menée par le Conseil des Prud’hommes qui l'a contrainte à négocier et obligée à verser des indemnités en réparation du préjudice subi par l’ancienne salariée. L’ex-assistante demandait au minimum 100 000 euros d’indemnités.  

En février, on apprenait par voie de presse que l’ex-futur ministre de la Justice de François Hollande faisait l’objet d’une nouvelle plainte déposée par l’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats de Grenoble, Maître Bernard Gallizia pour le compte de Roger Jourdan, un habitant de l'Isère qui reproche au sénateur socialiste d’avoir voulu accorder, de façon illégale, un poste au sein du Conseil Général à ses assistants parlementaires.

Cette procédure était une suite logique et politique de la première affaire : Madame Volmat avait en effet expliqué que sa charge de travail en tant qu'attachée parlementaire avait été récupérée par une certaine Virginie Dechenaud, ancienne Miss Rhône-Alpes et Première Dauphine au concours Miss France en 2010, aujourd’hui collaboratrice d’André Vallini dans le cadre d'un contrat avec le Conseil Général d’Isère que M. Vallini préside par ailleurs.

Or, si parmi les missions de Virginie Dechenaud figure celle d’assister le travail parlementaire de l’ancien député, aujourd’hui sénateur, il s’agit d’après le plaignant, d’un fait connu sous le nom de « concussion », un chef d'accusation couvrant des délits de détournements de fonds publics fortement sanctionnés par le Code Pénal. Les attachés parlementaires doivent être rémunérés avec les indemnités prévues à cet effet par l'Assemblée nationale ou le Sénat et non par des collectivités locales. 

Virginie Dechenaud pour sa part affirme qu'elle "a été engagée au Conseil général de l'Isère en avril 2011 par la Direction de l’évènementiel et des relations extérieures comme attachée de presse et qu'elle n'a donc jamais été assistante parlementaire d'André Vallini". 

Au-delà de cette plainte, le site Médiapart avait révélé une surprenante « valse des collaborateurs » au cabinet de M. Vallini, évaluant à une centaine le nombre de contrats signés successivement. 

En consultant l'historique des contrats de collaborateurs d'André Vallini, quelque chose saute aux yeux

Lorsqu'on consulte la liste et l’historique des contrats de collaborateurs [qu'Atlantico s'est procurés] gravitant depuis 10 ans autour du Sénateur socialiste et Président du Conseil général de l’Isère,quelque chose saute aux yeux et permet de préciser cette « valse » : les femmes sont nettement plus concernées que les hommes.

En effet, d’après les chiffres communiqués par le Conseil Général, en 10 ans, on dénombre pas moins de 91 contrats, 86 collaborateurs dont 38 femmes. Le nombre de collaborateurs étant limité à 10, cela signifie qu’en moyenne 9 collaborateurs sur 10 ont changé chaque année ! Mais surtout, on constate que dans le cabinet de M. Vallini, les hommes restent 995 jours en poste en moyenne (presque 3 ans) tandis que les femmes s’en vont en moyenne au bout de 285 jours (moins de 10 mois). Plus de 60 % des femmes n’ont d'ailleurs pas travaillé 6 mois avec M. Vallini.

D’ici quelques semaines, Bernard Gallizia saisira probablement le tribunal administratif pour faire contrôler le bon usage de ces contrats et l’intérêt général de la mission des collaborateurs de M. Vallini. Ces nouveaux éléments seront également discutés.

Mais de toutes les façons, si André Vallini aspire toujours à devenir le prochain Garde des Sceaux, qu’il se rassure ! Madame Taubira avait été condamnée en 2004 par le Conseil des prud’hommes pour licenciement abusif et rupture abusive de contrat à verser 5 300 euros à l’une de ses anciennes employées. Elle est aujourd’hui ministre de la Justice et 3ème dans l’ordre protocolaire dans le gouvernement normal de François Hollande.


Droit de suite de Monsieur André Vallini :

La plainte pour « concussion » relatée dans l’article intitulé « Valse des collaboratrices : le très étrange management d’André Vallini, l’ex-futur Monsieur justice du PS » a été classée sans suite pour absence d’infraction, par le Procureur de la République de Grenoble, le 1er juin 2012. Par la suite, la demande faite par le plaignant auprès du Tribunal administratif de Grenoble, aux fins d’être autorisé à déposer plainte avec constitution de partie civile, au nom du département de l’Isère, à l’encontre de Monsieur André Vallini, a été rejetée, le 10 août 2012, aux motifs que l’action qu’il envisageait d’engager devant la juridiction pénale afin que le département de l’Isère obtienne réparation d’un prétendu délit pénal n’avait aucune chance d’aboutir et qu’elle ne présentait donc aucun intérêt pour cette collectivité. Le Conseil d’Etat a rejeté le recours formé à l’encontre de cette décision par arrêt en date du 26 avril 2013. Le classement sans suite opposé à la plainte pour « concussion » dont vous faites état est donc aujourd’hui définitif. 


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