Valls-Macron, vers l’affrontement inéluctable. Pour Valls, le pari est impossible. Pour Macron, c’est une aubaine<!-- --> | Atlantico.fr
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Pour Manuel Valls, l'adversaire le plus difficile à combattre ne sera pas issue de la gauche radicale, mais ce sera Emmanuel Macron.
Pour Manuel Valls, l'adversaire le plus difficile à combattre ne sera pas issue de la gauche radicale, mais ce sera Emmanuel Macron.
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Atlantico Business

Le combat que vont se livrer Manuel Valls et Emmanuel Macron va être d’une telle violence, que même un Shakespeare dans ses plus belles pages de "Richard III", n’aurait jamais pu imaginer tant de férocité.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Après une semaine de drame à droite, les projecteurs vont se braquer sur la scène de gauche. Le départ de François Hollande aura permis à Manuel Valls de se préparer à la course présidentielle. Une course infernale qu'il va faire contre Emmanuel Macron et qu’il n’est pas sûr de gagner. Pour n’importe qui d’autres que des professionnels de la politique, la situation serait inextricable.

1) Si François Hollande a finalement pris la décision d’abandonner la partie, alors qu’il mourrait d’envie de tenter un nouveau mandat, c’est bien parce qu’il s’est retrouvé devant un mur d’obstacles qui l’aurait conduit à la catastrophe politique et à l’humiliation.

D’abord, le livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme a fait un effet désastreux dans son entourage proche.

Ensuite, le fait d’avoir accepté une primaire à gauche l’a mis dans une position très compliquée à gérer. D’autant que le succès de la primaire de droite empêchait la direction du PS d’annuler la primaire de gauche.

Enfin, la pression de Manuel Valls, pour qu'ils se décide, a fini par le précipiter dans le piège.

Il devait en sortir par le haut, et le seul moyen, à peu près digne, était de prendre acte de l'impossibilité d’aller plus loin.

François Hollande a dressé un bilan positif de son quinquennat, sauf que cet abandon signe son échec à rassembler sa majorité.

François Hollande laisse la majorité de gauche en miette. Complètement fracassée entre ceux qui vont suivre Macon, ceux qui restent fidèles à Valls, ceux qui entourent Martine Aubry ou Christiane Taubira. Les fans de Montebourg, les frondeurs et le Front de gauche de Mélenchon. Les indignes et les insoumis.

La gauche a explosé. 

2) Manuel Valls, Premier ministre, se retrouve légataire universelle d’une gouvernance en liquidation. Il s’est autoproclamé candidat à la succession. Il y pensait, depuis le jour où il est entré à l’hôtel Matignon. Son problème est que les circonstances qui lui seraient nécessaires pour atteindre cet objectif ne sont pas réunies.

D’abord, il a besoin de rassembler une gauche qu’il a contribué à exploser. C’est lui, qui à plusieurs reprises, a dit haut et fort qu’il y avait dans ce pays deux gauches irréconciliables. Il y avait une gauche radicale qui refuse de s’adapter à la modernité et qui protège les avantages acquis et les structures d’antan, et une gauche de progrès qui prépare l’avenir, pour mieux sécuriser cet avenir.

D’un coté, des archaïques comme Hamon, Taubira, Montebourg, anti-mondialistes, anti-européens parfois, anti-économie de marche, des écologistes, etc. , et de l'autre des modernes dont il voulait prendre la tête, prêt à assumer les contraintes nouvelles.

Une gauche socialiste qui n'a pas rompu avec les principes même du communisme, et une gauche social-libérale qui s’inscrit dans l'air du temps.

Pour gagner la primaire, et rassembler au second tour de la présidentielle, il doit évidemment mettre tout le monde d’accord. Sachant qu'en plus, le personnage est clivant jusque dans les rangs de ses partisans. Il y en a qui le supportent et l’admirent. Il y en a d’autres qui le détestent.

Difficile avec un tel patchwork de réunir une majorité homogène.

Un seul exemple : que peut dire le Premier ministre, futur candidat, quand un de ses ministres et non des moindres s’en va à Cuba rendre un vibrant hommage à Fidel Castro, alors que tout le monde reconnaît qu’il a été le pire des dictateurs et le pire des sanguinaires. Manuel Valls n’a pas demandé la démission de Ségolène Royal, il n’a même pas répliqué à tous ceux qui, à gauche, ont versé une larme quand Castro est mort ...

Cette affaire Castro illustre, jusqu’à la caricature, le piège dans lesquel Manuel Valls va se retrouver.

Ensuite, il n’a pas de programme capable de drainer et de fidéliser ses soutiens. La gauche s’est fracturée, la majorité au Parlement a explosé chaque fois qu'il a présente un texte. La loi travail a été le théâtre des contradictions. Un bon texte au départ, une prise en compte responsable de la vie de l'entreprise, s’est retrouvé déchiqueté par les socialistes radicaux.

Si Manuel Valls s’en va caresser les socialistes radicaux dans le sens du poil, ceux-ci ne le croiront pas.

Si Manuel Valls revient sur son Adn d’origine, beaucoup lui reprocheront d’y revenir trop tard, d’autant que son ancien ministre, Emmanuel Macron, a pris cette place.

Enfin, et c’est bien là où son bât va blesser, si Manuel Valls revient sur sa ligne de départ, il aura du mal à défendre son bilan et il aura du mal à ne pas reconnaître que Macron aura été lucide avant lui.

Entre la gauche radicale, incarnée par Montebourg, Mélenchon ou Benoît Hamon, et la gauche social- libérale incarnée par Emmanuel Macron, Manuel Valls n’a pas de place.

Plus grave, son adversaire le plus difficile à combattre ne sera pas issue de la gauche radicale, mais ce sera Emmanuel Macron.

Les représentants de la gauche radicale, les frondeurs, les indignés, ont des convictions, des brides d'idéologie, des pressentiments, etc. mais ils n'ont aucune idéologie dominante, aucune réflexion hormis une analyse critique, mais surtout, ils n’ont aucune politique alternative cohérente, responsable et par conséquent applicable.

Emmanuel Macron n’a, sans doute, pas de parti, peu de militants, mais il a des convictions, une analyse globale, une ambition et une politique alternative. Emmanuel Macron est très proche dans son analyse de la société économique de François Fillon. Il ne séduira pas la droite pure et dure acquise à François Fillon; il peut, en revanche, attirer ceux, qui à gauche et au centre, attentent plus de résultats en termes économiques et financiers que des discours sur la morale laïque. 

La guerre Valls-Macron va être terrible. Elle va faire des morts. François Bayrou n’aura rien d’autre à faire qu’à demander ses droits à la retraite. Cette guerre va exacerber une concurrence contre-nature entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.

Avec un peu de chance et beaucoup de travail, le vainqueur de ce duel Valls-Macron peut se retrouver face à François Fillon au deuxième tour de la présidentielle.

Le résultat ne sera pas d’une importance capitale. Que Fillon affronte Valls ou Macron, peu importe. Ce jour là, la France sera redevenue une démocratie normale, avec un président normal . Mais vraiment normal. C’est-à-dire, un président qui recommencera à travailler. Ce jour-là, la France sera sortie de la crise la plus terrible de ce début du XXIe siècle. 

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