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Un pognon de dingue pour Notre-Dame de Paris ? Oui, car l'Homme ne vit pas que de pain
©Reuters

La polémique à la gomme du jour

Alors comme ça, si l'on ne restaurait pas Notre-Dame de Paris à coups de millions, la faim dans le monde serait éradiquée ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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On aimerait bien, naïvement, presque à la Macron, que la question de Notre-Dame soit un sujet consensuel. D'abord, il faut vraiment être complètement à côté de la plaque pour ne pas saisir l'importance symbolique, artistique, historique, culturelle (et, oui, religieuse) de ce monument pour la France (voire pour le reste du monde si l'on n'a pas peur d'un peu d'hyperbole) et donc la nécessité absolue de le restaurer après un drame pareil.

Mais restaurer un bâtiment presque millénaire coûte évidemment un pognon de dingue qui doit bien venir de quelque part, l'Etat seul n'ayant déjà pas les moyens d'entretenir convenablement plus de 80 cathédrales et des milliers de monuments majeurs à travers tout le pays.

Donc, du coup, les riches filent beaucoup de blé (et renoncent à le déduire de leurs impôts), les moins riches en filent logiquement moins, on contribue comme on peut ou comme on veut... Mais l'idée qu'il soit illégitime de consacrer autant d'argent à un monument tant que des humains souffrent de ceci ou de cela n'a strictement aucun sens, sauf à décider que toute dépense artistique ou culturelle est illégitime par nature tant que la faim et la pauvreté n'auront pas été éradiquées.  

Plus aucun musée, plus aucun théâtre, plus aucun livre, plus aucun film, plus aucun concert tant qu'il y aura la guerre quelque part, ça vous semble raisonnable ? Et l'absence de dépenses culturelles résoudrait immédiatement tous les problèmes de l'humanité par une espèce de mécanique magique ? On peut en douter.

Le type en l'honneur duquel la cathédrale a été construite l'aurait d'ailleurs dit à son pote Matthieu un soir à la veillée : "L'Homme ne vit pas que de pain". Et sans ce principe de base, il n'y aurait même pas de cathédrale à restaurer après un incendie de toute manière. Ou de plafond de chapelle Sixtine à admirer ou de Passion de Bach à écouter.

Enfin, si Notre-Dame coûtera cher à restaurer, c'est essentiellement parce qu'il faudra rémunérer des centaines d'artistes, d'artisans, d'ingénieurs et d'ouvriers pour bosser sur le chantier (lesquels paieront à leur tour des impôts et consommeront des trucs et des machins --- ça s'appelle l'économie), pas parce qu'il faudra engraisser des multinationales.

Mais bon, on peut aussi continuer d'ergoter comme des Français (ce qui n'élimine pas la pauvreté non plus)

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