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Soirée au travail : quand le pot
de départ vire au manque de pot
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After work

Les petites fêtes en entreprise sont rarement aussi festives que le voudrait la direction. Résultat : mieux vaut s’attendre au pire pour ne pas être déçu ! Dans sa compilation des soirées ratées, Frédéric Ploton raconte l'apéro au travail un peu particulier qu'a vécu Sarah... Extraits de "Nos soirées à la con" (1/2).

Frédéric Ploton

Frédéric Ploton

Frédéric Ploton est un auteur français d'essais, documents, livres illustrés et pratiques sur des sujets très divers.

Il est l'auteur de 'Nos soirées à la con" aux Editions du Moment.

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J’en étais à mon deuxième CDD dans cette boîte, et j’avais eu quelques échanges très encourageants avec mon boss direct, qui me laissait entendre depuis plusieurs semaines déjà que ma demande de CDI était en bonne voie auprès de la direction générale. Ainsi, alors que le terme de mon deuxième contrat approchait, je restais plutôt confiante. Et quand le DRH de l’entreprise me convoqua pour un entretien urgent, j’étais persuadée qu’il souhaitait seulement discuter avec moi de mon futur engagement, cette fois définitif. Et ne m’inquiétai pas lorsqu’il annula ledit rendez-vous à la dernière minute.

– Il vous fixera une autre date très vite, ne vous en faites pas, m’avait rassurée sa secrétaire.

Quelques jours après, alors que je m’étonnais un peu de ne pas avoir de nouvelles, je sentis dans les bureaux cette petite atmosphère de fête qui circule dans les couloirs à l’approche d’un pot. Enveloppe qui tourne de main en main, conciliabules à la photocopieuse, sacs de provisions qu’un émissaire au supermarché le plus proche rapporte avec le plus de discrétion possible…Mais comme j’avais un planning très chargé ce jour-là, avec plusieurs réunions très longues, je ne pris pas la peine de demander ce qu’on allait célébrer.

Vers dix-sept heures trente, certaines personnes manifestaient déjà le souhait légitime de lever le pied, peut-être même de rentrer chez elles, tandis que d’autres, dont la secrétaire du DRH, s’affairaient au milieu de l’open space de notre étage, dégageant plusieurs tables pour y installer gobelets en plastiques, bouteilles de jus de fruit et de mousseux, bols de chips et de cacahuètes.

Pour ma part, j’étais tellement à la bourre dans mon dossier à rendre le lendemain, que je levai à peine le nez de mon clavier. Soudain, l’une de mes collègues fit irruption dans mon bureau et me demanda, avec un grand sourire :

– Sarah ? Tu viens boire un verre avec nous ?

Après tout, pourquoi pas ? J’avais assez donné ce jour-là. Et puis bientôt, je serai moi aussi membre de la société à part entière.

Lorsque je fis mon entrée dans l’open space, il me sembla bien que les regards convergeaient vers moi. Mais je crus qu’on me fixait de la sorte parce que j’étais la seule retardataire. Puis le DRH qui avait repoussé notre rendez-vous s’avança vers moi, d’un pas solennel, un paquet cadeau à la main.

– Sarah… Au nom de toute l’équipe, je voulais vous dire le plaisir que ç’a été de travailler avec vous durant cette année…

Attendez… On fait des cadeaux aux gens qui passent en CDI, maintenant ?

– … et que vous allez vraiment beaucoup nous manquer. Je crois que tout le monde ici est d’accord sur ce point.

Ce salaud venait de m’annoncer, devant toute la boîte, que je pouvais faire des papillotes de mon CDI. En conséquence, comme le prévoyaient les termes de mon CDD, j’étais purement et simplement remerciée. Lourdée, si vous préférez. Ce pot était donc celui de MON départ !

J’étais tellement sous le choc, ainsi exposée aux yeux de tous, que je n’ai réussi qu’à bredouiller un timide :

– Merci… merci, c’est gentil.

Le clou de la soirée fut mon cadeau : un agenda perpétuel type Filofax, pour bien noter tous ces rendez-vous que mes interlocuteurs s’empresseraient de ne pas honorer !

Un mois plus tard : j’ai appris après coup qu’une autre fille en CDD avait été virée le surlendemain, et qu’elle n’avait même pas eu droit à un pot de départ.

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Extrait de "Nos soirées à la con" aux éditions du Moment (5 juillet 2012)

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