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SNCF, Retraite, ISF, CSG ... Macron va peut-être trop vite, mais sans doute pas assez loin
©REUTERS/Ralph Orlowski

Atlantico Business

Emmanuel Macron n’a pas lésiné sur la pédagogie des réformes. Il fait le pari que les Français finiront par accepter les reformes parce qu’ils n’ont pas le choix.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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En dépit de la grogne et parfois de la colère, le président de la République a essayé de démontrer sa volonté d’aller jusqu’au bout de ses reformes. 

En fait d’après certains proches, il ira jusqu‘au bout, pour deux raisons : la première est qu’il estime que les français n’ont pas d’autre choix. La seconde est qu’il est reste très mesure, trop mesuré. Ce qui facilite les opérations.

D’une certaine façon, le rythme frénétique des réformes structurelles, qui lui est reproché par ses adversaires et par les syndicats, dissimule une qualité des réformes qui ne vont sans doute pas assez loin. 

Officiellement, le discours explicatif du président de la République est clair, cohérent, et déterminé. Il l’avait déplié pendant la campagne et il a fait depuis ce qu‘il a dit qu‘il ferait. Mais ... 

En gros, le diagnostic qui avait été fait était très pessimiste : la France est gravement malade parce qu’elle a perdu sa compétitivité internationale, elle est donc en risque d’anémie, d’asphyxie et d’appauvrissement. Les riches sont partis, les jeunes diplômés aussi et les autres sont au chômage. Depuis son arrivée au pouvoir, il n’a eu de cesse que d’essayer de restaurer la machine économique française pour que les riches reviennent investir, que les jeunes diplômés aient la liberté de créer des entreprises dans l’hexagone et que les chômeurs retrouvent un job. 

Pour enrayer le mal français, il a engagé des réformes fiscales, une réforme du droit du travail, une réforme de la formation, il prépare une réforme des services publics et des entreprises nationales, la SNCF, l’hôpital, l’éducation nationale etc. Bref, il a ouvert des chantiers aux quatre coins de l'hexagone. Les français ont senti les travaux, pour certains ces travaux sont difficiles à supporter et douloureux ... et on ne voit pas très clairement les premiers résultats. 

D’où la grogne et la rogne qui rongent le pays. Mais chose assez étonnante, les observateurs, les analystes lui reprochent surtout d’aller trop vite. Ce à quoi Emmanuel Macron répond que la réforme n‘attend pas et qu’il faut profiter de la bonne conjoncture. 

La critique est assez mince. Elle ne met pas en risque la stratégie économique du gouvernement. Parce que les français n’ont pas de solutions alternatives, il n’y a pas sur le marché politique, une offre cohérente et forte de droite comme de gauche pour challenger l’offre mise en œuvre par Emmanuel Macron.Le président fait le pari que les réformes telles qu‘elles sont présentées seront assumées par la majorité des français. 

Dans ces conditions, la question qu’on peut se poser est de savoir si les réformes proposées vont assez loin. Si, au bout de l’analyse, il n’est pas trop prudent. Emmanuel Macron peut difficilement le dire lui-même. 

Sur la SNCF, on ne peut pas dire qu'il va révolutionner le fonctionnement. Il ne touche pas au statut des cheminots actuels, il ne touche pas aux petites lignes qui sont déficitaires, il ne privatise pas, il laisse simplement la porte ouverte à la concurrence qui de toute façon s’est déjà glissée dans le fonctionnement d’entreprise, et il va sans doute alléger la gestion du poids de la dette. En bref, la réforme met en place des conditions qui devraient permettre à la Sncf de s’adapter, mais sur la durée. La majorité des français ont compris que la SNCF n'allait pas s’effondrer après cette reforme. 

Sur le droit du travail, beaucoup pensent qu'on aurait pu aller plus loin dans les mécanismes de liberté, notamment sur la fixation des salaires, et dans la rédaction des contrats. 

Sur la formation, même prudence. On a soigneusement évité de regrouper la formation professionnelle permanente et l'Education nationale ce qui aurait pourtant été logique.

Sur les retraites, personne ne sait encore si on ira jusqu'à proposer des fonds de capitalisation au bénéfice de tous ce qui permettrait du même coup d’apporter des financements franco-français pour des entreprises actuellement trop souvent piégées par des fonds d'investissements. 

Alors quand on regarde l’ensemble, on constate que le plan de réforme évite et contourne les vrais leviers d’évolution qui restent en France des sujets tabous. 

Un : la notion de concurrence est soigneusement amortie dans son logiciel. Alors que c’est la concurrence qui dans l’éducation nationale ou l’hôpital fera évoluer les systèmes vers plus d’innovation et de performance; 

Deux : la notion de service public n‘est jamais redéfinie et pourtant elle structure une grande partie du système français;

Trois : la dépense publique et sociale n’est toujours pas analysée dans son utilité et son cout. Elle est quasiment sanctuarisée. 

Quatre: la place et le rôle de l’Europe n‘est jamais abordée, que sur la pointe des pieds, avec prudence et pour cause. L’espace européen a besoin de gouvernance et ce déficit nous manque cruellement. Mais là, ça ne relève pas seulement de la responsabilité du chef d’Etat. 

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