Selon les critères de Marine Le Pen, je ne suis peut-être pas français<!-- --> | Atlantico.fr
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Marine Le Pen.
Marine Le Pen.
©Reuters

La France (pas) pour tous

La présidente du Front national a présenté son nouveau code de la nationalité. Pour m’y conformer, j’ai encore beaucoup d’efforts à faire…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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S’exprimant à Ajaccio, Marine Le Pen a déclaré : "Pour mériter la nationalité française, il faut parler français, manger français, vivre français." Une déclaration très savoureuse dans une région où l’on parle corse, mange corse et où l’on vit à la corse. Mais ce ne sont évidemment pas les habitants de l’île qui étaient visés. Plutôt les immigrés et autres migrants.

Marine Le Pen tire des balles en caoutchouc. Elles ne sont guère dangereuses. Mais elles ont cependant l’inconvénient de rebondir. Et l’une d’entre elles m’a touché par ricochet. Même pas mal… Mais quand même une petite bosse, sur laquelle j’ai mis aussitôt de la glace. Car je voulais être présentable pour voter aux régionales. Pas pour elle, je précise.

Reprenons une à une les conditions posées par la présidente du FN. Parler français ? Je parle français aussi bien, je crois, qu’elle. Mais moins bien que son père qui est champion dans l’art de manier l’imparfait du subjonctif. Reste que je pense pouvoir être reçu à l’oral avec, je l’espère, la mention assez bien.

Manger français ? Je mange en fonction de mon appétit. Je mange de tout. A l’exception des tripes, de la tête de veau, du fromage de tête, des rognons et de la soupe au cochon. C’est la raison pour laquelle ma note à l’examen de francitude sera certainement des plus médiocres. En plus, il m’arrive de manger casher (avec des Juifs), halal (avec des Arabes). Mauvais ça. Et par-dessus tout je célèbre chaque fois que possible les vertus du borchtch, du goulash, du pastrami et de la carpe farcie. Pas bon ça.

Vivre français ? Certes, je vis en France. Mais est-ce que je vis français ? Pas sûr. Si vivre français, c’est boire force pastis après une partie de chasse, je ne suis pas certain d’obtenir le précieux certificat qu’entend délivrer Marine Le Pen. Si c’est aller à la messe, chanter des chansons grivoises entre copains, aller aux fêtes bleu-blanc-rouge, jouer aux courses et porter un badge marqué "patriote", là aussi je serai recalé.

Mais j’ai une porte de sortie. Je suis l’heureux propriétaire d’une petite maison dans un village polonais. Là-bas, tout le monde m’appelle "le Français". Comme AOC ça me suffit, n’en déplaise à Marine Le Pen. Si elle avait été mieux inspirée, elle aurait simplement dit : "Etre français, c’est aimer la France." Je n’ai pas attendu qu’elle le dise pour éprouver ce sentiment. 

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