Sécurité : le grand flou d’Emmanuel Macron <!-- --> | Atlantico.fr
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Le président Emmanuel Macron rencontre des gendarmes près de Cahors, le 2 juin 2021.
Le président Emmanuel Macron rencontre des gendarmes près de Cahors, le 2 juin 2021.
©Lionel BONAVENTURE / AFP

Ligne politique

Alors que le président de la République réalise un déplacement sur le thème de la sécurité en zone rurale ce jeudi, son gouvernement est monté au créneau contre les propos de Jean-Luc Mélenchon. Pourtant sur la question des violences policières comme de la légitime défense en passant par la politique pénale face aux délinquants multi-récidivistes, bien malin celui capable de décrypter la ligne politique de ce que serait une majorité macroniste à l’Assemblée.

Arnaud Lachaize

Arnaud Lachaize

Arnaud Lachaize est universitaire, juriste et historien. 

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Atlantico : Alors que le président de la République réalise un déplacement sur le thème de la sécurité en zone rurale ce jeudi, son gouvernement est monté au créneau contre les propos de Jean-Luc Mélenchon. Pourtant Emmanuel Macron n’est pas exempt de critique et à lui-même soufflé le chaud et le froid en matière de sécurité pendant son quinquennat. Alors que s’ouvre son second mandat, le président a-t-il une ligne politique claire sur le sujet de la sécurité ? Un projet établi ? 

Arnaud Lachaize : Le président Macron est très mal à l’aise sur les questions de sécurité comme sur l’immigration, ou le régalien en général. Il n’a pas de ligne particulière sinon purement électoraliste. Dans une logique de grand écart, il lui faut à la fois parler à la gauche morale d’où il vient et à son nouvel électorat conservateur. Ainsi, lors d’un entretien à Brut en décembre 2020, Emmanuel Macron a fustigé les contrôles au faciès. « Aujourd’hui, quand on a une couleur de peau qui n’est pas blanche, on est beaucoup plus contrôlé (…). On est identifié comme un facteur de problème et c’est insoutenable ». Puis quelques mois plus tard, il déclarait exactement le contraire lors d’une interview au Figaro : « J’ai dit et je répète : il n’y a pas de violence systémique de la police, c’est faux ; il n’y a pas de racisme systémique de la police, c’est faux, pas plus qu’il n’y en a dans la gendarmerie ou au sein de l’État. » Mais la nomination comme ministre de l’Education nationale de M. Pap Ndiaye lui-même pourfendeur de la violence policière, révèle un fond qui est plus proche de ses déclarations à Brut que de celles qui ont suivi.

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Que cela soit sur la question des violences policières comme de la légitime défense en passant par la politique pénale face aux délinquants multi-récidivistes, et plus largement sur les enjeux liés à la sécurité, sur quels sujets Emmanuel Macron est-il le plus flou ? Avec quelles conséquences concrètes ? 

Il est flou sur tous ces sujets qui ne relèvent pas de sa culture politique. Il est un financier, un homme venu de l’Inspection des finances et de la banque. Il appartient à un milieu élitiste et internationalisé qui est peu concerné par un sujet de nature populaire. L’insécurité touche surtout les milieux populaires, « ceux qui ne peuvent même pas se payer un costume », ni un appartement dans les beaux quartiers ni l’école privée pour leurs enfants. La conséquence directe est que le sujet a été laissé en jachère depuis 2012. Le pouvoir politique, sous les quinquennats Hollande comme Macron, a tout fait pour nier ces questions. Ainsi, les statistiques qui étaient mensuelles à l’époque de Nicolas Sarkozy ont été quasiment supprimées. On parle de l’insécurité seulement en janvier, lors du bilan du ministre de l’Intérieur. Et ensuite, elle disparaît des écrans radars. Les quelques statistiques dont on dispose sont très mauvaises (hausse des coups et blessures de 12% en 2021 par exemple) mais elles sont ignorées ou ensevelies sous le mépris. En 2013, les emblématiques et efficaces peines planchers à l’égard des multirécidivistes ont été supprimées sous la présidence Hollande. Elles n’ont jamais été rétablies sous celle de Macron : trop compromettantes pour son électorat de gauche.  

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Savons nous, par conséquent, quelle ligne les députés LREM et plus largement la majorité présidentielle pourraient être amenés à porter ? Que peuvent nous apprendre les votes du précédent quinquennat à cet égard ? A quoi faut-il s’attendre pour cette nouvelle mandature ?

L’approche macronienne de la sécurité est essentiellement comptable. Le président s’est beaucoup félicité d’avoir, selon lui, recruté 10 000 policiers et gendarmes dans le cadre des lois de finances de ces dernières années. Mais il ne se demande jamais si la question de la sécurité est seulement une affaire d’effectif. On peut recruter des milliers de policiers et de gendarmes. En l’absence de réponse pénale satisfaisante, notamment face à la délinquance des mineurs, les créations d’emplois pèsent sur le budget de l’Etat sans amélioration de l’efficacité. Pour son nouveau quinquennat, il promet 15 milliards de dépenses supplémentaires. C’est une approche d’inspiration typiquement socialiste : les hausses massives de dépenses publiques font écran à la dégradation de la situation sur le terrain tout en se traduisant par une explosion de la dette publique. Et puis, toujours pour masquer l’aggravation de l’insécurité, nous allons assister à une débauche de communication par exemple l’annonce d’une « force d’action républicaine ». La formule est bien trouvée ; mais derrière : le néant.

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