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Rythmes scolaires : les syndicats de l’Education nationale privilégient-ils leur intérêt à celui des élèves ?
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Privatisons pour nous en sortir ?

Vincent Peillon a fait face, hier, à sa première grève des enseignants, ces derniers se plaignant de la réforme des rythmes scolaires que le ministre de l’Éducation souhaite instaurer. En s'illustrant par un corporatisme devenu traditionnel, les syndicats enseignants semblent oublier leurs élèves.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Mardi, l’Education nationale était une nouvelle fois en grève. Comme d’habitude. Sous la droite, elle s’opposait déjà aux réformes. La gauche arrivée au pouvoir, le conservatisme éclate dans toute sa lumière : quelques syndicats extrémistes bloquent, par pur égoïsme corporatiste, tous les changements. Les élèves en crèvent et la France avec. Face à un système qui ne fonctionne plus que pour satisfaire une minorité syndiquée, cessons de perdre notre temps et notre énergie. Il n’y a qu’une solution efficace : la privatisation.

La précédente mandature n’est parvenue qu’à de très modestes réformes en matière d’éducation. Quoi qu’il fasse, le Gouvernement de droite était mis en cause par les syndicats de l’Education nationale. Il faut dire que, comme chacun le sait, Nicolas Sarkozy est un monsieur très méchant qui n’aime pas le savoir. Dès lors, s’opposer à ses réformes était une œuvre quasi morale. La gauche, à l’époque, n’hésitait pas à mettre de l’huile sur le feu.

En mai dernier, la victoire de la gauche a fait souffler une brise d’air printanier et joyeux sur la rue de Grenelle. L’Intelligence progressiste au pouvoir, l’Education retrouvait sa place d’honneur. Il faut dire que le candidat socialiste avait mis le paquet : création de dizaine de milliers de postes, annonce d’une concertation historique, nomination d’un membre du sérail au ministère. Tout était fait pour plaire aux syndicats. On aurait même pu y croire tant l’enthousiasme était fort… jusqu’au 22 janvier 2013.

La grève de mardi révèle une nouvelle fois combien l’Education Nationale est une ruine. Les enseignants sont souvent dévoués, les élèves ont des résultats honorables. Mais une minorité agissante bloque toute évolution d’un système dont personne n’ignore le pressant besoin de modernisation. Quelques syndicats s’emploient à défendre leurs privilèges dans une obsession égoïste, au détriment des élèves et de l’avenir de la France.

Même le très socialiste Bruno Julliard le dit, avec exaspération et en jetant l’éponge : il est "frappé par le conservatisme et le corporatisme des principaux syndicats enseignants" et consterné par le débat sur Refondation : "sur les trois heures de débat, l'intérêt des élèves sur la question des rythmes scolaires a du être abordé deux ou trois fois, par les représentants des maires et les associations de parents. A partir du moment où un syndicat se positionne sur un enjeu corporatiste, les autres suivent". Voilà l’arroseur arrosé.

Il faut dire que la rente à défendre est magnifique ! Les enfants d’enseignants sont ceux qui réussissent le mieux dans notre système scolaire. Alors que 40 % des enfants d’inactifs redoublent leur CP, ce n’est le cas que de 3 % des fils de profs (même les gosses de riches font pire : 7 % des enfants de cadres redoublent). Quand on sait que seuls 9 % des redoublants en CP vont jusqu’au bac, on voit que les inégalités se créent dès 6 ans. Et elles perdurent ! Si 91 % des enfants d’enseignants ont le bac, ce n’est le cas que de 40 % des enfants d’inactifs. Au final, un enfant d’inactif a 30 fois plus de risques de sortir sans diplôme du système scolaire qu’un enfant d’enseignants. En clair : pour s’en sortir, il vaut mieux avoir un parent prof (ou riche, parce qu’alors il peut payer l’accès aux bons tuyaux).

On comprend, dès lors, que les syndicats n’aient aucune incitation à réformer : le système leur profite. Plus encore, ouvrir le système, c’est permettre à de nouveaux entrants de venir concurrencer les places réservées. Les enseignants sont-ils coupables ? Peut-être pas : beaucoup n’ont aucune conscience de ce qui se joue vraiment. Mais ils sont tacitement  complices.

Face à cette situation, nous pouvons choisir de nous entêter à nous cogner à un roc d’obstacles corporatistes et gâcher notre énergie à tenter de convaincre des groupuscules idéologiques qui n’ont aucune volonté de changer. Ils vivent de et sur la bête ; il n’y a donc qu’une voie possible : l’engraisser toujours plus. Tout autre discours est pour eux inaudible.

Une autre voie est possible (comme dit l’extrême gauche) : nous pouvons décider de contourner les barrières. La manière la plus simple d’y parvenir, c’est de privatiser !

La solution des vouchers (chèque éducation) est une bonne approche. Elle n’est pas révolutionnaire : plusieurs pays (même scandinaves) l’ont adoptée. Chaque parent recevrait désormais un « bon », lui donnant la possibilité de scolariser ses enfants où il le souhaite. Évidemment, de nouveaux établissements pourraient être créés : gérés par le privé, ils seraient tenus de respecter un programme socle national. Le financement resterait public, mais la gestion serait libre. Les obstacles au changement seraient levés. Les établissements seraient incités à être performants. Mieux : les élèves seraient gagnants. Mais ça, les syndicats s’en contrefichent !

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