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Richard Prasquier, le PS et les élus juifs : y a-t-il un médecin dans la salle ?
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Zone franche

Quelqu’un relit-il les éditos du président du CRIF avant qu’il ne les publie ? Pas sûr. Ou alors pas bien.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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S'il y a une chose que les antisémites d’aujourd’hui détestent par dessus tout, c'est bien d'être traités d'antisémites.

C'est comme ça, on n'y peut rien. Ça a sans doute quelque chose à voir avec la fameuse sortie de Bernanos sur Hitler qui aurait "déshonoré l'antisémitisme" débonnaire d'avant-guerre avec ses méthodes un poil extrêmes.

L'antisémite moderne, celui qui n'aime pas être qualifié ainsi, donc, ressemble pourtant à son précurseur en tout point au sens où il est convaincu que les juifs contrôlent la planète et en sont responsables d'à peu près tous les maux ― de la crise financière à l'orage qui gronde un jour de pique-nique…

D’ailleurs, un truc qu'il adore tout particulièrement, notre antisémite new look, c'est lorsqu'il peut faire la démonstration de ce que la dénonciation de l'antisémitisme est en réalité l'expression d’une grotesque paranoïa juive :

"Comment pouvez-vous m'accuser d'être antisémite, s'exclame-t-il scandalisé en sortant du dernier spectacle de Dieudonné, quand je me contente d'évoquer la responsabilité objective des juifs dans la traite négrière et la faim dans le monde ? Ce procès d’intention est tout de même insensé !"

Mais ce qui le met vraiment ― mais alors vraiment ― en joie, l’antisémite 2.0, c'est lorsqu'il tombe sur un authentique exemple de cette paranoïa et qu’il s'en trouve conforté dans sa connerie et ses préjugés.

Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), vient justement de provoquer chez lui l'un de ces petits orgasmes qui rendent l’existence tolérable en suggérant que le PS, occupé a distribuer les morceaux de fromages parlementaires de l'an prochain, aurait délibérément remplacé  quatre sortants juifs par quatre entrants pas juifs.

Oh, il ne le dit pas exactement comme ça, vous pensez bien. Loin de lui cette idée. Disons qu'il se contente de rapporter qu’on le murmure autour de lui et que, du coup, ça l’interpelle…

De fait,  quiconque est effectivement convaincu qu'on s'est réuni un beau matin rue de Solferino pour organiser l’exclusion de quatre élus juifs au profit d’autant de protestants, de musulmans ou de zoroastriens serait sans doute bien inspiré de prendre rendez-vous chez l’un de ces médecins de l’âme de l’école freudienne…

Un ashkénaze, quoi.

Las, si les antisémites contemporains croient pouvoir concilier cet épisode ridicule avec leurs convictions, je me permettrais de leur poser la question suivante : comment ces juifs qui contrôlent le monde et ses dépendances pour accomplir leurs noirs desseins se débrouillent-ils pour se faire dépouiller de quatre misérables circonscriptions franciliennes ?

Hum, ça doit faire partie du plan, se répondront-ils vraisemblablement à eux-mêmes histoire de rester cohérents. Avec les juifs, sait-on jamais…

N'empêche, le Prasquier, on préférerait parfois qu'il tue le temps autrement qu’en jouant avec les neurones de nos amis antisémites convaincus de ne pas l’être. Ça nous reposerait.

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