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Révolte fiscale : pourquoi l'écotaxe ne suffira pas à fédérer les contribuables
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Éditorial

Si les manifestants bretons montrent une exaspération dont l’écotaxe n’est que le révélateur et le moyen de cristalliser soudainement leur colère, il n’existe pas encore un tel symbole au niveau national.

Pierre Guyot

Pierre Guyot

Pierre Guyot est journaliste, producteur et réalisateur de documentaires. Il est l’un des fondateurs et actionnaires d’Atlantico.

 

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La fronde des Bretons contre l’écotaxe peut-elle s’étendre à toute la France, s’interrogent ce matin responsables politiques et médias. C’est dire combien sont grands le ras-le-bol des Français et l’inquiétude du gouvernement qui scrute fiévreusement  les baromètres quotidiens de la grogne sociale fournis par les renseignements généraux et préfère ce midi faire machine arrière - une fois de plus ! - en suspendant l’application de cette taxe qui devait être payée pour tous les camions de plus de 3,5 tonnes roulant sur certaines routes de France.

Les jacqueries bretonnes ne datent en effet pas d’hier et les manifestations violentes, qu’il s’agisse des sérieux affrontements du week-end dernier dans le Finistère ou de l’incendie du Parlement de Bretagne à Rennes il y a vingt ans, ont toujours apparu aux yeux de Paris comme une spécialité aussi bretonne que le Kouign Amann, sans que personne ne se soit jusqu’à présent alarmé de voir le feu se propager à l’ensemble du pays.

Cette fois encore, il était peu probable de voir l’ensemble du territoire s’embraser. Les régions - et tout particulièrement celles où, à l’instar de la Bretagne, l’identité régionale est forte - ont rarement réussi à se fédérer ou même à emboiter le pas les unes des autres. Par ailleurs, si les manifestants bretons parlent d’une exaspération dont l’écotaxe n’est que le révélateur et le moyen de cristalliser soudainement leur colère, il n’existe pas encore un tel symbole au niveau national.

Paradoxalement, les mesures les plus symboliques du ras-le-bol fiscal ne sont pas, à l’échelle du pays, celles qui coûtent le plus aux contribuables, mais assurément celles qui ont fait l’objet d’un pas de tango de la part du gouvernement et qui ont été le plus fortement médiatisées : reculade sur la taxation des plus-values de cessions d’entreprises après le mouvement de grogne des patrons « Pigeons », changement de cap sur celle de l’excédent brut d’exploitation des entreprises, baisse annulée de la TVA sur les produits de première nécessité, machine arrière sur la taxation des plans d’épargne logement ou en actions… Depuis ce midi, suspension de l’application de l’écotaxe : autant d’impôts qui concernent des contribuables très différents les uns des autres qui ont bien du mal à trouver un sujet fédérateur.

Les Français risquent donc fort de se contenter de courber l’échine, de serrer les dents et de continuer à payer… Sauf si c’est du côté du volet « dépenses » du budget 2014 que vient ce fameux symbole commun autour duquel construire et organiser un mouvement de protestation.

Les Français sont probablement encore prêts à payer pour préserver leur système de sécurité sociale, une école, des musées et des hôpitaux accessibles à tous, des services publics de qualité. Mais si François Hollande et son gouvernement sont à l’avenir aussi doués pour justifier des dépenses publiques discutables qu’ils l’ont été pour démontrer qu’une taxe jugée absolument indispensable la veille pouvait être annulée ou suspendue le lendemain, ils risquent fort de fournir eux-mêmes aux contribuables en colère le moyen de se rassembler.

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