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Retraite : tout le monde est perdant. Le gouvernement, le parlement, les syndicats, les entreprises et le peuple
Quel fiasco. Tout le monde est perdant et la raison en est simple. Personne n’a été capable de présenter une solution alternative, simple et responsable. Tout le monde est perdant parce que l’idéologie a étouffé le bon sens nécessaire.
Quoi qu’il arrive cette semaine, la galère dans laquelle le projet de réforme des retraites a embarqué tous les responsables politiques, économiques et syndicaux va s’échouer sur les côtés de la démocratie libérale et parlementaire qui a encore souffert gravement.
La réforme qui était pourtant nécessaire ne sera qu’apparente. Elle ne sécurise pas l’équilibre financier du régime par répartition, puisqu’elle ne prend pas complètement en compte l’évolution démographique et les changements de nature dans le travail. Cet équilibre va dépendre essentiellement de la quantité de travail dont le pays est capable et de la croissance économique future. Comme le projet étudié a été construit sur la base de prévisions qui ne sont pas sécurisées, les résultats de la réforme ne sont nullement garantis.
En fait, tout le monde est perdant :
Le gouvernement, et notamment la Première ministre, puisque c’est elle qui a pris en charge les préparatifs et la défense d’une réforme mal ficelée, mal préparée. Une réforme qui avait pour objectif de sauver le système par réparation et par conséquent, de rétablir son équilibre financier. Mais jamais l’exécutif n’a expliqué exactement l’état des régimes de retraite.
Il est toujours resté sur un chiffre de 15 milliards de déficit dans dix ans. Mais il s’est tu sur le déficit de 30 milliards financés chaque année par le budget (notamment pour les fonctionnaires et les régimes spéciaux).
L’exécutif n’a jamais expliqué pourquoi il fallait sauver le régime par répartition (déjà très hypothéqué), sauf à dire qu’il faisait partie de l’ADN du modèle social français au lendemain de la libération, c’est-à-dire il y a plus de 70 ans maintenant. Le président de la République est responsable évidemment de ce déficit d’explications, mais il faudra bien faire porter le chapeau aux ministres. La Première ministre sera sacrifiée.
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Le Parlement et notamment l’opposition ont créé une situation pour empêcher le débat. Le spectacle donné par la Nupes notamment a été désolant. Les discussions ont été étouffées et personne n’a cherché le compromis au point de rejeter beaucoup de dispositifs qui étaient de gauche. Et qui pouvaient améliorer le sort de certains salariés et surtout des femmes. Les députés de gauche, de la France insoumise et des Verts se sont tirés des balles dans le pied en rafale. La droite a été plus discrète mais n’a fait preuve ni d’imagination, ni de proposition. La droite s’est embarquée dans un marchandage de vote qui ne grandit personne. Depuis le premier jour, personne n’a été capable de présenter une alternative crédible au projet du gouvernement pour atteindre les deux objectifs : ne pas toucher au modèle par répartition et trouver des financements cohérents.
Toutes les propositions revenaient à trouver des moyens financiers du cote de l’Etat sous forme d’aides, d’impôts nouveaux ou d’augmentation de cotisations. Ingérable et invendable aux marchés.
Les syndicats, et notamment les deux plus importants, CGT et CFDT, ont fait ensemble un parcours sans faute puisqu‘ils ont repris la main sur le dialogue social, puis la maitrise des manifestations de rue. Jusqu’au moment où l’absence de projet alternatif commun ont hypothéqué les revendications. L’objet de l’opposition (empêcher le report de l’âge de la retraite à 64 ans) ne suffisait plus à cristalliser les foules. Plus grave, les dissensions entre les deux syndicats devenaient évidentes. La CGT revenait à la radicalité d’un conflit avec l’exécutif. La CFDT cherchait les moyens de trouver un compromis. Pour l’instant, les deux syndicats sont en panne. Et pour ne pas perdre leur pouvoir d’influence retrouvé, ils vont devoir restaurer un projet plus en phase avec l’opinion.
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Du côté des entreprises, les patrons sont clairs. On ne peut pas faire peser sur les entreprises sous forme de cotisations ou de taxes, le poids de la solidarité, notamment en matière de retraites.
La population est désormais plongée dans la déception et la frustration. La grande majorité est convaincue que le système de retraites est fragile. Si la réforme sort du parlement comme c’est probable et est appliquée, le « peuple » ne fera pas pour autant la révolution que Jean-Luc Mélenchon souhaite et réclame.
Le président de la République tournera la page pour passer à autre chose en sachant qu’il n’aura pas le temps de lancer d’autres réformes structurelles.
La seule chose certaine, c’est que son successeur ne pourra pas être élu sans promettre des réformes de fond, au moins dans trois domaines :
Un : le modèle social qui est devenu tellement lourd qu’il est un frein au progrès
Deux : le modèle et l’appareil éducatif, tellement lourds qu’ils ne produisent plus d’intelligence collective mais au contraire alimentent la machine à fantasmes, donc à démagogie ou à providence. Tellement lourd qu’il conduit tout droit à la faillite
Trois : le modèle de santé qui ne soigne plus malgré son coût de fonctionnement exorbitant.
Tous ces axes stratégiques sont empreintables, à condition que les responsables politiques se rendent compte que l’État ne peut pas tout faire, que les principes de solidarité doivent être complétés par des logiques assurancielles. Pour la retraite, ça passe par la capitalisation, pour la santé et l’éducation, ça passe par la privatisation, la concurrence et la mise en responsabilité individuelle.
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Plus de privatisation et de concurrence, c’est souhaitable dans tous les domaines où l’État intervient à l’exception du régalien. C’est d’autant plus souhaitable que privatisation et concurrence sont les facteurs de progrès dans tous les domaines :technologique, industriel, et social.
Le deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron aura été historiquement chargé et dérangé par des crises extérieures d’envergure : le Covid, l’Ukraine, l’inflation. Mais ce quinquennat aura aussi été marqué par l’absence de propositions de solutions en provenance de toutes les strates de la société. Les entreprises ont fait le job en résistant pour la plupart aux difficultés qui se sont abattues sur la conjoncture. Mais les personnels politiques et les syndicats qui avaient une carte à jouer n’ont proposé aucune solution. Ils se sont enfermés dans des attitudes défensives et corporatistes et des logiques de conflit, alors que nous aurions eu besoin de moyens concrets et de logiciels d’application.
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