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Reprise de l’épidémie en Chine : l’économie européenne et particulièrement la France seraient les premières victimes...
©NICOLAS ASFOURI / AFP

Atlantico Business

L'Europe, et notamment la France, ont tout à craindre d’une reprise de l’épidémie en Chine qui hypothéquerait les chances de sortir de la crise. Nous sommes beaucoup plus dépendants des Chinois que les Américains.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La crise du coronavirus a beaucoup changé les perspectives de la guerre commerciale que Donald Trump avait engagée avec les Chinois. La Chine passe aujourd’hui dans le monde comme étant à l’origine de l’épidémie qui a dévasté la planète toute entière. On ne peut pas imaginer que le virus ait été libéré volontairement par les Chinois pour affaiblir l’Occident. L’Occident a été très durement touché mais la Chine elle-même va devoir gérer cet impact.

Les chiffres du bilan sur la population chinoise sont sans doute faux, mais on sait que la confiance que pouvait avoir le peuple chinois envers ses dirigeants a été ébranlée et que Pékin sera obligé de modifier son modèle de développement vers des formes plus sécurisées au niveau sanitaire et plus protectrices de l’environnement. L’offensive américaine contre les pratiques chinoises relève plus de la posture ou de la communication politique de la part de Donald Trump que de la réalité. Le président américain relaie l’inquiétude des grands du digital face à la montée en puissance de la technologie chinoise, il tweete contre le dumping chinois et réclame des relocalisations industrielles, mais il sait trop bien que les prix de fabrication chinois permettent aux Américains un pouvoir d’achat et de consommer que le système américain ne leur permettrait pas. Pour des raisons de politique intérieure,  Donald Trump est le premier à avoir engagé un bras de fer avec les Chinois pour une nouvelle régulation du commerce mondial, mais ce bras de fer aura peu d’effets dans le quotidien des Américains eux-mêmes. Le discours protectionniste américain vise plus à freiner les échanges avec les pays d’Amérique du sud, que ce soit au niveau des importations que des flux migratoires.

En fait, la Chine a plus à craindre d’un déséquilibre des échanges avec les Européens et réciproquement. Même si ce déséquilibre relève d’un effet indirect du dialogue musclé avec les Américains. L‘Europe et la Chine sont finalement très imbriqués dans les chaines de valeur. Et particulièrement la France.

La France peut donc souffrir gravement d’un durcissement des positions chinoises qui se traduirait par un ralentissement des échanges. La France est sans doute le pays européen qui serait le plus durement frappé par une deuxième vague, qui viendrait bloquer à nouveau le système chinois, comme on peut le craindre.

La décision française de relocaliser en France la fabrication de vaccins et de médicaments est évidemment une bonne chose, s’affranchir des fabrications chinoises pour certains médicaments de base comme le Doliprane ou les vaccins – et notamment le futur vaccin contre la corona – aussi, mais ce n’est pas la décision de financer un investissement industriel de 600 millions d’euros dans la campagne française qui changera la face du monde. Pas même la décision un peu stupide d'empêcher PSA de rapatrier en France certains de ses salariés polonais au chômage technique pour qu’ils travaillent quelques mois dans ses usines du Nord-Est de la France.

Le problème est beaucoup plus sérieux que cela. Si la Chine, pour des raisons diplomatiques de guerre commerciale avec les USA ou pour des raisons de risques sanitaires, devait se confiner à nouveau, des pans entiers de l’économie européenne seraient à nouveau touchés alors qu‘elle se relève à peine du confinement en Europe. Les fabrications textiles ont déjà été pour partie relocalisées dans d’autres pays asiatiques, mais quel serait l’impact sur l’automobile, l’aéronautique, l’armement, le luxe et le tourisme ?

1. L’industrie automobile européenne et notamment française, a besoin des marchés chinois. Elle est dépendante de certains marchés chinois, c’est pour ça qu’elle aussi une production là-bas. Si le marché s’éteint à nouveau, les usines vont se fermer pour la deuxième fois. Peugeot et Renault auraient du mal à s’en remettre. Idem pour les composants des produits de la génération électrique. Aucune voiture électrique ne peut être imaginée si les batteries qui sont toutes chinoises ne s’exportaient plus.

2. L’industrie aéronautique, Airbus et son cortège de sous-traitants fournisseurs sont très installés en Chine qui va représenter les premiers marchés du monde. D’où les usines de montages installées, les transferts de technologie etc... Que la Chine s’arrête de voler et Airbus et Toulouse meurent.

3. Les industries de l’armement. La France est le deuxième fabricant d’armes sophistiquées du monde derrière les USA. Jusqu'alors, la Chine était notre deuxième acheteur d’armes et d’avions militaires après les pays du Golfe. Là encore, que la Chine ferme sa porte et trouve d’autres fournisseurs , et la France perdra le tiers de ses débouchés.

4. Les industries du luxe françaises sont les plus puissantes du monde avec LVMH, Gucci (Kering), Hermès, Chanel, L’Oréal et le marché chinois est le plus dynamique du monde. Que les Chinois se mettent à changer de modèle de consommation et ces industries très franco-françaises perdent leur leadership.

5. Le tourisme est déjà fortement pénalisé par les interdictions de vols internationaux, mais si la Chine continue d’être confinée, la France va perdre ses cohortes de touristes chinois, qui jusqu'à l’année dernière, savaient envahir Eurodisney, Versailles et la plupart des hôtels de luxe.

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