Reprenez la maîtrise de votre pensée afin que nous reprenions le sens politique commun<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Une personne écoute une allocution du président de la République lors de la pandémie de Covid-19.
Une personne écoute une allocution du président de la République lors de la pandémie de Covid-19.
©LUDOVIC MARIN / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

La liberté et le libre arbitre sont deux alliés indissociables. Mais que devient notre libre arbitre à l'ère du digital ?

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

Voir la bio »

Nous pourrions nous demander ce qu’est devenu la liberté et si elle doit évoluer dans sa définition avec l’évolution de technologies, qui vont tellement interpénétrer nos vies intimes qu’il deviendra nécessaire de redéfinir également la notion de « libre arbitre ». La liberté et le libre arbitre sont 2 alliés indissociables. Il n’est pas de liberté sans la possibilité pour l’homme de se positionner sur l’échiquier de la décision en homme libre, libre de ses décisions car libre de les « éclairer » seul, sur la base du fruit de sa réflexion, de son savoir, de ses questionnements, de sa capacité à résister à la paresse du positionnement.  

Il faut peut-être tout redéfinir. La politique pratiquée pendant le Covid par la France, l’Italie, le Canada, l’Australie, nous en a donné l’occasion. Ces pays ont décidé que notre liberté ne pesait rien face à une maladie, qui était principalement mortelle pour des personnes âgées et/ou atteintes de comorbidités assez rapidement identifiées et vivant dans des zones manquant de lits. Ce qui inquiétait les politiques c’était surtout que cela exposait notre honte face à l’insuffisance de notre équipement hospitalier. Étrangement plus de 60% des pays dans le monde n’ont pas fait ce même choix, et ont des statistiques mortelles équivalentes aux nôtres ou moindre. Ce qui prouvait que ces mesures extrêmes ne se justifiaient pas, et encore moins dans la durée. Et il ne s’agit pas de juger la « guerre » après sa survenance, puisque je l’écrivais dès fin 2020. Nous avons vus des choix politiques autant que sanitaires, sinon tout le monde aurait appliqué la même politique. Donc un choix clair qui déclasse la valeur liberté. 

À Lire Aussi

L’assassinat des PME post-Covid. Une histoire écrite dans le PGE

Le seul pays qui ait fait pire c’est la Chine ! Pourtant je ne prendrais pas la Chine comme exemple, car non seulement l’appréciation de la notion de démocratie pour le Chinois du quotidien, n’a rien à voir avec la nôtre (il ne comprend en général pas notre conception, notamment sur la donnée, car sa culture est celle de la rémission de la décision éclairée aux Empereurs), et leur régime n’a pas le niveau de permissivité dont dispose le nôtre, sans pour autant que le nôtre ne garantisse le meilleur et le leur, le pire. Si l’on considère que l’élévation sociale est une des clés de la liberté, vos chances sont plus élevées en Chine qu’en Europe, et même qu’aux USA. Indéniable si l’on observe les statistiques sur l’élévation sociale dans le monde. Tout est relatif ! (quoi ? quelqu’un a déjà dit cela ?!!). 

Revenons à notre propos. La liberté est liée au libre arbitre et que devient notre libre arbitre ? Le digital nous impose une terrible glissade à la surface des choses et nous interdit la profondeur, sur la base d’une illusion issue de la profusion des stimuli, de l’imaginaire et du fameux FMO (Fear of Missing Out), qui nous distille ce petit message du « écoutes la voix de la majorité, du plus visible, du plus bruyant, de celui ou celle qui emplit les médias sociaux ». Nous ne réfléchissons plus, nous suivons le joueur de flûte le plus habile, nous ne décidons plus, nous nous positionnions. Le monde de « ceux qui vous ressemblent ont acheté… » est désormais un diktat du mimétisme et du communautarisme. Le digital loin de promouvoir et étendre la diversité, a plus que jamaisrassemblé entre eux ceux qui se ressemblent, faisant de la diversité, notamment d’opinion, un ennemi à abattre.

À Lire Aussi

ChatGPT, l’Ukraine, Microsoft et Google. « Lost in translation »

Du coup, tel le roseau, nous penchons sans jamais totalement rompre, même si notre libre arbitre lui, a quasiment disparu de l’équation. Le « média », le politique « main stream » pense que ? Alors je pense que comme lui ou elle. A l’heure de ChatGPT, il est plus que jamais important non seulement de distinguer ce qui provient de l’homme ou de la machine, mais surtout, de la frontière qui sépare l’un de l’autre. Jusqu’au jour, où les modifications anthropologiques, qui auparavant prenaient plusieurs centaines de milliers d’années, et prennent désormais moins de temps (voire les transformations cérébrales observées par les scientifiques depuis l’arrivée du smartphone), auront changé notre référentiel. En effet, notre référentiel avait assez peu évolué, quelque soient les sujets, ces 60 dernières années. Le monde repose encore sur de « vieux blancs de plus de 60 ans », les puissants, ceux qui font sauter les bouchons de champagne à Davos, qui dirigent encore ce monde, un peu moins chaque jour et restent accrochés à de vieux concepts à la vie dure. Mais l’impact de la technologie sur la vie humaine, le cerveau, l’âge, la décision, l’acte professionnel, les choix du quotidien, sont tels, que nos référentiels vont voler en éclat prochainement. La technologie selon Yale Fox, parmi d’autres, a atteint un niveau de changement exponentiel, comme nous n’en avons vécu depuis la révolution industrielle. 

Du coup, nous devrions chaque jour être choqués de ces informations dont nous avons fait notre Bible ou notre Torah, qui sont démenties tout aussi rapidement qu’elles sont apparues, et pourtant nous ne le sommes pas. Le roseau penche mais ne pense pas. Quels sont les exemples de cet abysse de la pensée qui va absorber le monde, non parce que la machine devient plus intelligente, mais parce que l’homme devient plus stupide. Et je ne parle pas que de la désinformation ou du nuage de fumée destiné à masquer la réalité. Car cela existe depuis la commande du nouveau testament par l’empereur romain bien après la mort du Christ. Voire avant ! 

Prenons du vieux. Madoff. Il tombe après avoir été enfin découvert (désolé du jeu de mot). Mais pendant des années, il a été protégé par des organismes aveugles qui colportaient l’idée du « too big to fail » (qui s’est arrêté le jour de la faillite de Lehmann Brothers), et l’idée que la majorité pensant que Madoff était un Dieu vivant, qui devait être blanchi avant d’être investigué. Le roseau qui ne pense pas a penché pour lui, lui confiant plus de 19 milliards, pour un montant total recueilli de 62Mds. La puissance de la pensée majoritaire, a persuadé des milliers de personnes et fonds que des rendements défiant les lois de la gravité financière universelle ne prêtaient pas au doute. Sur ce coup-là, la présence des réseaux sociaux à l’époque, aurait certainement pu alerter et pousser la SEC à réaliser une véritable enquête. Mais les coupables associés, notamment les fonds et le groupe JP Morgan, qui manifestement étaient au courant, n’ont, eux, jamais éé inquiétés. Ils ont payé et sont passés à autre chose. Et le bon peuple a pensé que la crise était le seul fait de Madoff. La manipulation ne date pas des réseaux sociaux.

Mais prenons quelques exemples de la pensée au compte-goutte du quotidien, afin de se rendre compte de notre crédulité et de notre absence de libre arbitre, et profitons-en pour nous réveiller : 

En 2 ans, on nous a prédit, à renfort de grands titres dans les journaux les plus sérieux, la fin des cryptos. Encore il y a 2 mois. Car il était retombé (le bitcoin) a moins de 19000$. Il fleurte avec les 25000$ aujourd’hui. Plus de 40% de hausse. Le mort est vigoureux. Personne pour rappeler cela aux journalistes et politiques « sérieux » qui nous font des discours pompeux sur un avenir qu’ils ne maîtrisent pas ? 

Le Covid. Même s’il aurait été impossible de laisser le virus se développer sans mesures en vue d’une illusoire immunité collective, le nombre de mensonges et de mesures absurdes, sont désormais latentes, presque aussi scandaleuses qu’un Water Gate. Qui est inquiété ? Personne. Nous avons ruiné les pays émergents, fait reculer l’autonomie des femmes dans le monde de 30 ans (Unicef), provoqué un cataclysme éducatif qui va coûter des trilliards de dollars d’ici à 15 ans (10 études des plus grands organismes mondiaux sur le sujet), créé une génération de dépressifs chroniques, notamment chez les ados, plongé le monde dans le chaos, économique, supply-chain, financier.. Qui est inquiété ? Personne. 

On nous a dit que les entreprises ont été sauvées (les PME) par les gouvernements, par les prêts et aides diverses, et que nous retrouverions après la crise grâce à cette merveilleuse attention politique de l’État redevenu Providence. C’est désormais faux. Qui s’en soucie ? Personne, car les chiffres ne sont pas pires qu’en 2019. Donc tout va bien. Mais ce n’est pas le nombre d’entreprises qu’il faut mesurer, mais la taille des entreprises qui tombent, et leur localisation. Elles sont plus grandes et coûtent plus cher en emploi, passent directement liquidation sans passer par la case RJ et sont situées sur ces territoires que nous abandonnons. 

On nous dit qu’il faut nationaliser EDF, que l’État a justement poussé à la faute et à la faillite. Le mécanicien qui casse le moteur devient propriétaire de la voiture. Personne pour lever la main et poser quelques questions ? 

Et chaque jour apporte son lot de diktat du prêt à penser, et nous n’y résistons pas. Si nous avons fait l’erreur de nous éloigner de l’excellence en maths à l’école, offrant à chacun le bac à l’œil pour ne pas traumatiser les parents qui sont aussi des électeurs et ont tous accouché d’un Einstein en puissance, nous devons également remettre les sciences sociales, la philosophie, la sociologie, l’anthropologie au centre du village. Elles sont les bases de l’esprit critique. Quand ma fille me dit ‘mais pourtant sur les réseaux ils disent que… » je fais un bond en me disant que je suis en train de rater mon rôle de père. Comme nombre d’entre vous n’est-ce pas ? La déconnexion des réseaux ne garantit qu’une chose, la reconnexion au monde. Moi qui suis digital dans l’âme, en suis arrivé comme Steve Jobs qui interdisait la connexion de ses enfants dans sa maison, pour éviter d’en faire des crétins, à penser qu’avant de rendre l’internet à tous, il faut d’abord leur rendre leur cerveau. Bonne semaine !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !