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Elon Musk a racheté Twitter et promet de garantir la liberté d'expression.
Elon Musk a racheté Twitter et promet de garantir la liberté d'expression.
©Patrick Pleul / POOL / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Le conseil d’administration de Twitter a accepté de vendre la société à Musk pour 44 milliards de dollars (environ 41,2 milliards d’euros). Il sera intéressant de voir la différence entre le rôle et la vision de Jeff Bezos avec le Washington Post et d'Elon Musk avec Twitter.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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En anglais on distingue le possible attrait d’un produit, et donc le succès possible de la société qui le lance, au moyen d’une expression simple. Soit c’est un « must have » ou un « nice to have ». En clair, vous avez soit un produit qui est vraiment indispensable, soit un produit utile. Comme en Math, nécessaire mais pas suffisant, pour ce dernier.

Aux USA il y existe désormais un « Musk Have », un « type » indispensable, comme la terre en porte quelques-uns chaque siècle, j’ai nommé Elon Musk. Il est en train de définir plus certainement le monde et les industries qu’il touche, plus certainement que n’importe quel autre entrepreneur sur cette planète. Mais plus encore, il est en train de définir la société, pas à pas, plus que n’importe quel politique, dont ce serait pourtant le rôle, ne le fera jamais. Quelques réflexions sur ce nouveau génie qui doit faire en sorte de ne pas bouillir !

Musk prouve une fois de plus, que la diversité fait la richesse des pays. Comme la plupart des grands capitaines d’industrie aux USA, il n’y est pas né. La capacité de ce pays d’attirer les talents qui font sa grandeur reste le point de différentiation qui ne cesse ne me faire rêver. Quel talent mondial rêve de s’exprimer en France, ou même en Chine ? Aucun. Quand on rêve grand, on part aux USA. Les fondateurs de Facebook, Google, Whatsapp, Waze, etoro, Amazon et tant d’autres, sont directement ou à 1 ou 2 générations, originaires d’un pays autre que les USA. Ils y ont émigré non pour en détruire la fabrique ou la culture, comme nous le vivons surtout en Europe, mais pour y réussir. Même si le rêve Américain, malgré les apparences, est de moins en moins accessible, il reste un facteur d’attrait positif pour chaque graine de talent dans le monde.

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Musk prouve ensuite, que voir autrement, envisager différemment un sujet, l’aborder avec une autre approche, permet de résoudre des équations que personne ne peut résoudre de l’intérieur d’un système. Et même de l’extérieur, il faut une dose incroyable de talent pour y parvenir. Il y a 2 cultures qui permettent cela dans le monde. Ceux qui cumulent une habilité numérique et une compréhension de la programmation et du logiciel, comme Musk. Et les kabbalistes, ces érudits Juifs qui étudient la Torah. Étrange ? Non, logique. Depuis 10 ans, les Coréens et divers autres pays, Asiatiques notamment, viennent rencontrer ces érudits en Israël. Pourquoi ? Car leur formation, leur vie quotidienne, leur culture, leur obligation, est de prendre un point de vue exprimé dans la Torah, et ensuite de l’analyser d’autant de façons, sous autant d’angles, que possible. Une fois que l’on a déduit une interprétation, ils ont l’obligation de penser à une autre, puis une autre et encore une autre. Cela fait d’eux, quand ils « passent dans le privé », ce qui arrive parfois, les meilleurs programmeurs au monde. Car face à un problème, ils trouvent 1000 chemins différents pour résoudre un problème ou plutôt 1000 chemins différents pour y parvenir ou simplement pour les comparer.

C’est avec cet esprit que Musk a abordé l’espace, la voiture, puis le trafic routier urbain et désormais les réseaux sociaux. J’ai passé beaucoup de temps avec le patron de la fédération du voyage spatial, qu’Elon Musk a mis en place et qu’il a recruté. Eric est devenu un ami, et m’expliquait qu’avant Musk, plus de 20 capitaines d’industrie étaient venu le voir, dans son rôle précédent, en lui demandant pourquoi on ne réutilisait pas les vaisseaux spatiaux, qui coûtaient si chers. Chacun de ses interlocuteurs le quittait en lui disant qu’il allait résoudre cette équation. Personne n’a pu le faire. Musk lui, l’a réalisé. Je vous raconterai lors d’une prochaine rubrique, comment il l’a fait. Il avait déjà commencé à le faire pour l’industrie automobile, qu’il a abordé comme un logiciel avec 4 roues et non comme une voiture. Avec le succès que l’on connaît désormais, alors qu’il y a encore 5 ans, il n’était pas rare de lire les interviews de grands patrons de l’industrie auto traditionnelle, moquant Musk et attendant sa chute imminente, alors qu’ils auraient dû se soucier de la leur !

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Nous verrons s’il a le même succès avec la Boring Company, qui se préoccupe, notamment, du trafic urbain. Mais c’est un peu le Michael Jackson de l’industrie. Il a étudié toutes les façons de danser (Fred Astaire, James Brown..) et les a réinventé pour donner un résultat unique. Impressionnant indeed.

Progressivement, Musk s’est inséré sur le terrain sociétal. Inquiet et excité en même temps par ce que l’intelligence artificielle, poussée à son paroxysme, pourrait représenter pour la société, il a lancé, il y a environ 5 ans, son think-tank sur le sujet. Lui, pourtant un peu transhumaniste, se demande ce que notre course technologique signifie pour l’homme, un peu comme le faisait Yuval Harrari, avec sa méthode, dans ses 2 premiers livres à succès. Il fait réfléchir les plus grands esprits, scientifiques notamment, et souhaite proposer des mesures qui pourraient nous préserver du pire. Éventuellement. C’est la raison pour laquelle j’attends patiemment son accord pour le rencontrer cette année, vraisemblablement moins de 30mns, mais je tenterais de tenir plus, pour avoir sa vision et lui soumettre la mienne, sur l’impact de la technologie sur les « jobs », et donc les hommes, et donc leur capacité à se maintenir dans la société et par là même, leur volonté de continuer à adhérer à notre société et à ses fondements. J’ai l’immense chance d’être mis en relation par un de ses amis et investisseur le plus proche, mais cela ne me donne aucune indication du moment auquel cela se déroulera, ni où, et contrairement à St Pierre dont on souhaite repousser la rencontre au plus tard possible, j’attends ce moment avec délectation, quoi qu’il se passe pendant ces 30mns.

Et puis le voilà qui arrive sur Twitter. Sur le coup, je lui en ai un peu voulu. J’ai des titres Tesla en bourse, comme tout le monde j’imagine, et son annonce du rachat de Twitter (car il a dû vendre des titres Tesla et en mettre d’autres en garantie) a conduit le titre à la baisse de façon violente pendant plus de 2 sessions. Par chance, je n’avais pas besoin de les vendre et donc j’attends patiemment le moment où ils remonteront (dans les jours et semaines à venir vu les excellents résultats de Tesla), mais si j’avais eu besoin, je lui aurais demandé de me rembourser la différence, lors de mon entretien !!

Pourquoi Twitter ? C’est encore mystérieux pour moi et pour nombre de personnes.

D’abord le prix. Astronomique quand on connaît les chiffres de twitter, qui sont sympas, mais pas vraiment de quoi faire rêver un investisseur purement financier. Mais c’était simplement le prix que les vendeurs ne pouvaient refuser et après tout, quand on est riche à milliards, pourquoi se refuser « une danseuse » ?

Ensuite le fonds. Pouvoir garantir la liberté d’expression à tous prix ? Aurait-il supprimé le compte de Trump par exemple ? Les Républicains pensent qu’à la tête de Twitter, Musk aurait laissé intact son compte twitter. Que signifie « à tous prix » ? Faut-il laisser le pire pour garantir la victoire du meilleur ? Faut-il laisser la menace, pour mieux la tracer et l’éliminer ? Il sera intéressant de voir la différence entre le rôle et la vision d’un Bezos avec le Washington Post, un Benioff avec le Time et un Musk avec Twitter. J’aurais tendance à parier que nous irons au-delà du soutien d’un parti ou d’une idéologie, comme ses 2 « confrères », et que nous allons assister à quelque chose d’unique. Mais j’avoue être totalement « sec » sur ce qu’il décidera de faire. J’attends avec amusement et excitation, car Musk comme beaucoup de génie, reste un enfant avec des rêves, quand tant de grands patrons deviennent des machines à calculer avec des process.

Une affiche dans le métro de New York hier disait (en parlant des requins) que « being great is being misundertood », en gros que les génies sont difficiles à comprendre. Attendons la suite de la série...

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