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Refuser le MES revient-il 
à "injurier l'avenir de l'Europe " ?
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Issue de secours

L'Assemblée nationale doit ratifier ce mardi la création du Mécanisme européen de stabilité (MES). Il devrait, à terme, remplacer le Fonds européen de stabilité financière. Vivement critiqué par la gauche, le lancement du fonds européen pourrait toutefois constituer une étape importante vers une sortie de crise.

Frédéric Bonnevay

Frédéric Bonnevay

Frédéric Bonnevay est Associé d’Anthera Partners. Il conseille des institutions financières en Europe et au Moyen-Orient.

Il est notamment l'auteur de l'étude Pour un Eurobond - Une stratégie coordonnée pour sortir de la crise (Février 2010, Institut Montaigne).

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Atlantico : Ce mardi 21 février est présenté à l'Assemblée nationale le texte sur le Mécanisme européen de stabilité (MES), supposé remplacer le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et le Mécanisme européen de stabilité financière (MESF). En quoi ce MES se différencie-t-il des dispositifs de gestion des crises de la zone euro existants ? 

Frédéric Bonnevay : Le 1er juillet prochain, le Mécanisme de stabilité (MES) succédera en le prolongeant au Fonds européen de stabilité financière (FESF), outil créé dans l'urgence pour répondre à de pressants besoins en capital formulés par certains pays européens dits "périphériques". La prise progressive de conscience par les dirigeants européens du fait que la crise de surendettement public, dans l'UE, a toutes les chances de perdurer, du fait que les marchés obligataires risquent d'être pour longtemps soumis à de puissantes tensions et, surtout, du fait que le FESF a besoin d'évoluer pour rendre ses interventions plus efficaces, appelle la mise en place d'un nouveau véhicule de sauvetage.

Celui-ci doit être conçu pour durer -contrairement au FESF, par construction, temporaire -, mieux doté -car disposant d'encours supérieurs à ceux du FESF- et soutenu par un financement plus sûr - car adossé à un capital disponible supérieur-, apporté par les pays membres et le FMI, tandis que le FESF dépendait principalement de simples garanties. Surtout, son fonctionnement devrait être automatisé, car encadré par les Traités, là où celui du FESF était à la fois discrétionnaire et lourd, chaque prêt imposant l'unanimité des participants.
Ses avantages sont certains. Plus volumineux et a priori plus souple, le MES marque une réelle amélioration vis-à-vis du FESF. Des capitaux plus importants appelés immédiatement permettront au MES d'agir en période de tourmente sans nécessaire émission nouvelle d'obligations, tandis que le FESF était contraint de lever les montants à prêter.
Ses deux principaux inconvénients sont sa rigidité et sa relative fragilité. Rigidité liée à des Traités dont on peut légitimement critiquer la logique, plus soucieuse de rigueur individuelle que de coordination budgétaire. Fragilité liée à une architecture dont le principe et le schéma opératoire ne diffèrent pas substantiellement de ceux d'un FESF à l'évidence imparfait.



Daniel Cohn-Bendit déplore "l'hypocrisie de la gauche française, les Verts compris", qui assurent refuser de ratifier le MES ce mardi à l'Assemblée nationale. Refuser le MES revient-il à "injurier l'avenir de l'Europe" ?

Repousser le MES serait irresponsable. Malgré ses inconvénients, le lancement du MES constitue un pas important vers la sortie de crise. Le rejeter retarderait la prise d'initiatives pourtant urgentes, au risque de précipiter l'effondrement financier de certains pays et, à terme, de l'Europe.



En cas de non ratification du MES à l'Assemblée, quelle est la marge de manœuvre des institutions et chefs d'État européens pour gérer les crises à venir ?

La voie serait étroite. Des mois de discussions ont à grand-peine abouti à un dispositif commun modeste et modérément agile. Si le MES n'était pas ratifié, les États auraient le choix entre l'individualisme pur, d'une part, au mépris des principes fondateurs de l'Europe, signe à terme de la disparition de fait de l'Union monétaire, et la renégociation, d'autre part, d'un nouvel accord, mais au prix exorbitant d'une sérieuse perte de temps et de crédibilité.

Propos recueillis par Franck Michel

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