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Réforme de la formation professionnelle : un pas en avant, trois pas en arrière
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Bien tenté, mais non

L'enfer est pavé de bonnes intentions. Si l'esprit de la réforme de la formation professionnelle était le bon, mal préparée, elle aura des conséquences dramatiques.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Par les entrepreneurs spécialistes de formation professionnelle de Parrainer la Croissance.

Les bonnes intentions : Faire comprendre aux entreprises et aux salariés que la formation professionnelle n’est pas un dû (pour le salarié) ou une simple taxe (pour les entreprises), mais un investissement. Dorénavant, les sommes engagées seront considérées comme tout autre investissement (pour les sociétés de plus de 300 personnes), et pour les autres les sommes seront mutualisées par les OPCA (Organismes Collecteurs), permettant aux plus petites sociétés un meilleur accès à la formation.

Les trois pas en arrière : Cette réforme n’a pas été préparée. Bien que promulguée en février dernier, l’administration a une bonne année de retard sur son implémentation. Les conséquences sont dramatiques.

Un exemple : pour être éligibles au nouveau DIF, qui se transforme en CPF à compter du 1er janvier 2005, les formations devront être certifiantes. C'est-à-dire qu’elles devront mener à un diplôme/certificat reconnu. L’idée est bonne. Finies les formations bidon ! Mais la mise en pratique est catastrophique.

Pour être reconnu, le diplôme/certificat devra figurer dans l’une de 3 listes officielles (nationale, régionale ou de branche). Mais l’administration et les partenaires sociaux n’ont à ce jour réussi à émettre qu’une seule liste très incomplète, alors que la réforme rentre en action dans 8 jours !

L’exemple le plus extraordinaire est celui de l’Anglais !

L’Anglais représentait 30% des demandes émises par les salariés au titre de leur DIF. Rien d’étonnant à cela, le DIF étant l’un des seuls dispositifs permettant au salarié d’orienter son effort de formation vers son besoin personnel, vers son employabilité et non pas uniquement vers le besoin de l’entreprise. L’idée sous-jacente, étant qu’en cas de licenciement, le salarié doit pouvoir justifier de compétences qui ne se limitent pas aux seuls intérêts de l’entreprise qui l’a licencié, mais qui puissent être valorisées par d’autres entreprises : les compétences transversales.

L’Anglais est l’une des principales compétences transversales.

Or l’administration et les partenaires sociaux ont « oublié » d’inclure l’anglais dans leur première liste... Inadvertance ? Manque de préparation ? Manque de budget ? Allez savoir… Pourtant ce n’était pas compliqué : il suffisait d’ajouter l’un des 4 principaux certificats d’anglais que les entreprises utilisent au jour le jour (le TOEIC, le BULATS, le Pearson Test of English ou le DCL). Très inquiétant !

Conséquence : Aucun salarié ne pourra utiliser ses heures DIF accumulées à ce jour pour faire de l’anglais en 2015.

Faux répond l’administration : il leur suffira de mobiliser leur DIF avant le 31/12/2014. Fantastique, il leur reste 2 jours !

Faux répond l’administration : l’anglais sera bien entendu rajouté, mais plus tard… En février, en Avril, en Juin ou… jamais.

C’est vrai ! Tout le monde sait que la France est dans une situation économique telle, qu’elle peut se permettre de mal accueillir ses touristes ou de ne plus vendre à l’étranger pendant 6 mois à un an…

Car pour accueillir les touristes du monde entier et pour vendre nos exportations aux acheteurs internationaux, n’en déplaise à certains : il faut parler Anglais !

Ou peut-être avons-nous prévu d’obliger le monde entier à parler Français ? Nous avions ainsi sous-estimé la pénétration mondiale du français pour remplacer l’anglais comme langue universelle et planétaire.

Cessons de rêver et faisons un petit effort ! Le problème est si simple à régler qu’il serait irresponsable de ne pas le faire : il suffit d’ajouter un certificat d’anglais sur la liste officielle interprofessionnelle avant le 1er janvier 2015.

Personne ne s’y oppose ! Qu’attendons-nous ? Des licenciements à tour de bras dans les écoles de langues (nous parlons de milliers de personnes) en sus des dégâts sur le tourisme et sur nos exportations? Est ce que le Commerce Extérieur français souffrirait de phobie administrative lui aussi ?

Le sujet vous intéresse ?

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