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Ce vendredi, l’agence Standard and Poors doit annoncer la nouvelle notation de la crédibilité financière de l’Hexagone
Ce vendredi, l’agence Standard and Poors doit annoncer la nouvelle notation de la crédibilité financière de l’Hexagone
©JULIEN DE ROSA / AFP

Crédibilité financière

C’est ce vendredi que l’agence Standard and Poors doit annoncer la nouvelle notation de la crédibilité financière de l’Hexagone

Don Diego De La Vega

Don Diego De La Vega

Don Diego De La Vega est universitaire, spécialiste de l'Union européenne et des questions économiques. Il écrit sous pseudonyme car il ne peut engager l’institution pour laquelle il travaille.

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Atlantico : Ne pas se faire dégrader par les agences de notation, est-ce important ?

Don Diego de la Vega : Non, parce que les agences de notation n'ont pas le rôle qu'on leur attribue.

Le seul moment où elles font bouger les lignes avant les marchés, c'est quand on est sur des notations très particulières qui sont à la limite de ce qu'on appelle « l'Investment Grade ». Si la note descend en dessous de B- , alors vous n’êtes plus investi en grade et dans ce cas-là, il y a tout un tas d'institutionnels qui ne peuvent plus acheter vos instruments. C’est un curseur important pour le marché. Mais savoir si la France est AA, A+ ou A- ; ça n’a aucune importance. 

Fin septembre, la dette publique de la France était de 3046 milliards d’euros. Soit plus de 100% du PIB. Est-ce grave ? 

Ce n'est pas quelque chose qui s'analyse de cette façon. Au Japon, ils ont 230 % de dette sur le PIB et pourtant les taux d'intérêt sont très bas. Il n'y a personne qui parle d'insolvabilité pour le Japon. Quand les Argentins ont fait défaut sur leur dette publique il y a un peu plus de 20 ans, elle était à peine à 60 points de PIB. Vous pouvez avoir 100 de dette, faire défaut et pouvoir avoir 4 000 milliards de dette et ne pas faire défaut. Il y a plein de moyens pour ne pas faire défaut en commençant par être un peu plus sérieux sur vos finances publiques. Ensuite, vous pouvez demander à la banque centrale d'acheter une partie de votre dette. Si vous n'avez vraiment pas envie de faire défaut, vous ne faites pas défaut. 

Quel impact a une dégradation ? 

Ça n'a aucun impact de marché puisqu'aujourd'hui, les taux d'intérêt sont dirigés par les banques centrales et pas du tout par une agence de notation. 

Si vous faisiez partie d'une agence de notation, quelle note pourriez-vous mettre à la France ? 

Je dégraderais peut-être un petit peu la France puisqu’elle est gérée en dépit du bon sens et pour des raisons structurelles fondamentales ; comme le fait d’avoir un recul de 6 points des gains de productivité sur les 5 dernières années.

Mais surtout, je mettrais des notes qui soient plus conformes au marché. Très souvent, les agences de notation ont l’intention de dire au marché ce qui se passe alors qu’il est parfaitement au courant de ce qui se passe :

- Je dégraderais surtout l'Allemagne. Le triple A de l’Allemagne doit être attaqué. Berlin est encore très bien notée alors qu’on voit bien qu'avec la décision récente prise par la cour de Karlsruhe, c'est compliqué. Il y a 60 milliards qui ont été retoqués. Il y a 850 milliards d'euros dans des véhicules d'investissement qui sont en fait des véhicules de dépenses dans des structures ad hoc, débudgétarisée des structures hors-bilan. 

- Je ne dégraderais pas l'Italie, parce que c'est un pays méritant qui fait ce qu'il peut à multiplier les excédents primaires depuis bientôt 30 ans. J'essaierai au contraire de réhabiliter l'Italie qui est un pays courageux qui ne peut pas s’en sortir avec l’euro actuel qui est trop cher.

- Je mettrais une meilleure note à la Pologne et à la Chine. Je rendrais non investissable une bonne partie des dettes du Moyen-Orient. Idem pour la dette Turque qui n’est clairement pas investissable en monnaie locale. 

Si on compare avec la France, L’Allemagne est-elle privilégiée par les agences ? 

Les agences de notation nous traitent comme l'Allemagne mais en dégradé. Les français sont considérés comme une sorte de länder malade de l'Allemagne. Donc, on ne s'intéresse pas vraiment à la notation française parce que c'est plutôt une sorte de dérivé, de sous-produit. C'est la dette souveraine allemande qui compte pour les marchés.

Quel impact va avoir une nouvelle dégradation sur la crédibilité financière de l'hexagone ?

Ça n'a aucun impact. Ça ne fait pas bouger le marché. Personne ne regarde les analyses des agences de notation. Les seules fois où on s’y intéresse, c'est pour des pays émergents qui risquent de perdre leur statut de pays investissables. Il y a un curseur important entre B+ et B-. Le reste n’a aucun intérêt. 

En réalité, pourquoi y a-t-il des agences de notation et pourquoi sommes-nous obligés de dealer avec eux ? 

Les pays payent une agence de notation pour être notés et pouvoir émettre de la dette. C'est une sorte de tampon. L'agence de notation fait semblant de faire une analyse alors qu’au fond, c'est juste une autorisation à émettre.

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