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Union européenne.
Union européenne.
©JOHN THYS / AFP

À quoi s'attendre ?

Sur le plan économique, l'Europe va dans la mauvaise direction.

Sven R. Larson

Sven R. Larson

Sven R. Larson est économiste politique et journaliste pour The European Conservative. Il est titulaire d'un doctorat en économie de l'université de Roskilde, au Danemark. Originaire de Suède, il vit aux États-Unis où il travaille depuis 16 ans dans le domaine de la politique et des politiques publiques. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont Democracy or Socialism : The Fateful Question for America in 2024.

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Après une reprise lente et à bien des égards insatisfaisante de la pandémie, la croissance du PIB de la zone euro au premier trimestre de cette année est tombée à 1,1 % d'une année sur l'autre. L'UE dans son ensemble a fait légèrement mieux avec 1,2 %, mais ces deux chiffres sont inférieurs à ceux du second semestre 2022. 

Associés à un taux de chômage en lente augmentation, ces chiffres de croissance indiquent clairement que l'Europe entre effectivement en récession. Toutefois, la tendance n'est pas la même dans toutes les parties du continent. L'Espagne, qui a longtemps été enlisée dans la stagnation économique, est aujourd'hui en tête de la croissance du PIB, tandis que la Hongrie et la Pologne, championnes de longue date de la croissance, ont enregistré des chiffres de PIB légèrement négatifs au premier trimestre. 

Dans le même temps, le taux de chômage hongrois est faible (4,1 %), l'un des meilleurs d'Europe. L'Espagne, en revanche, qui affiche des chiffres de croissance solides depuis plus d'un an, ne semble pas en mesure de réduire son taux de chômage élevé. Le taux de chômage a en effet augmenté au premier trimestre pour atteindre 13,3 %, contre 12,9 % au dernier trimestre 2022.

L'Allemagne, dont l'économie est aujourd'hui à l'arrêt, continue d'afficher un taux de chômage record de 3 %. C'est moins de la moitié du taux de la zone euro. 

Les contrastes se poursuivent pour de nombreuses autres variables. Pour donner une image plus précise de la situation actuelle de l'Europe, j'ai rédigé une brève fiche d'information sur chacun des 27 États membres de l'UE. Elle couvre six variables économiques différentes :

1. Croissance annuelle du PIB, corrigée de l'inflation.

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Le chiffre indiqué est celui du premier trimestre de cette année, qui est comparé au chiffre du quatrième trimestre de l'année dernière (indiqué entre parenthèses). L'utilisation de la croissance du PIB comme indicateur des performances économiques n'a guère besoin d'être expliquée ; ce qui importe, c'est d'utiliser la mesure de la croissance du PIB d'une année sur l'autre. D'autres mesures peuvent conduire à des conclusions fatalement erronées concernant les performances économiques d'un pays. 

2. L'inflation.

La mesure courante de l'inflation est l'indice des prix à la consommation, représenté soit par l'acronyme IPC, soit par PCE, abréviation de "personal consumption expenditures" (dépenses de consommation personnelle). Cet indice constitue un bon indicateur rapide de l'inflation, d'autant plus qu'il peut être modifié assez rapidement. C'est la raison pour laquelle les principales agences statistiques nous fournissent des mises à jour mensuelles de l'IPC/PCE.

Cet indice présente toutefois des lacunes, dans la mesure où il est basé sur un panier sélectionné de biens et de services de consommation. Ce panier est soigneusement choisi et régulièrement mis à jour, mais sa valeur informative est néanmoins limitée. Pour une étude approfondie de l'inflation et de ses tendances, il est préférable d'utiliser le déflateur du PIB. Il s'agit également d'un indice, mais il est basé sur l'ensemble de l'économie. Les points de collecte des données sont différents de ceux de l'IPC, ce qui le rend moins volatile dans le temps, et il est moins exposé aux fluctuations des prix liées à la volatilité des prix des produits importés. 

Pour ces raisons, j'ai choisi d'utiliser le déflateur du PIB pour les chiffres de l'inflation dans cette étude. Bien que les chiffres varient d'un pays à l'autre, le tableau général est plus inquiétant que les chiffres de l'IPC. Il y a aussi de bonnes nouvelles pour certains pays, en particulier pour la Hongrie : alors que les chiffres de l'inflation basés sur l'IPC restent supérieurs à 20 %, les chiffres du déflateur du PIB sont bien meilleurs, montrant une tendance à la stabilité des prix beaucoup plus décisive que l'IPC. 

Comme pour les chiffres du PIB, les chiffres de l'inflation concernent le premier trimestre de cette année (le quatrième trimestre 2022 ayant été ajouté à des fins de comparaison).

3. Consommation privée en part du PIB.

Ce chiffre est inclus pour donner une idée de la force inhérente des économies individuelles. Un ratio consommation/PIB élevé signifie que l'économie est intrinsèquement résistante et qu'elle est généralement caractérisée par des marchés libres pour la fourniture de biens et de services aux ménages. 

À l'inverse, un ratio faible suggère que le pays dispose d'un secteur public important qui étouffe la croissance ; il est judicieux de comparer ce ratio au ratio impôts/PIB également présenté ici. En outre, lorsque la consommation est relativement faible par rapport au PIB, cela signifie que les ressources économiques sont généralement utilisées à d'autres fins que la prospérité de la population du pays. 

Ce chiffre est présenté comme une moyenne sur quatre trimestres, afin de neutraliser les fluctuations d'un trimestre à l'autre de l'activité économique des différents pays.

4. Le chômage.

Rien d'étrange ici, il s'agit simplement du taux standard de chômage total en pourcentage de la population active. Les chiffres sont ceux du premier trimestre 2023 (et du quatrième trimestre 2022).

5. Impôts en pourcentage du PIB.

Il est courant d'utiliser les dépenses pour mesurer l'impact du gouvernement sur l'économie. Il n'y a rien de mal à cela en soi : les impôts et les dépenses publiques contribuent tous deux à freiner la croissance du PIB. Cependant, l'effet des dépenses est à plus long terme, car elles remplacent la distribution de biens et de services sur le marché libre par ce qui est, par définition, un système de planification économique. Les impôts affectent l'économie plus directement. Ici aussi, une moyenne sur quatre trimestres est utilisée afin de lisser les fluctuations économiques.

6. Solde budgétaire en tant que part des dépenses publiques.

Le plus grand risque pour la prospérité européenne dans les années à venir est une nouvelle crise budgétaire comme celle qui a éclaté en 2009-2010. Les récessions sont notoirement mauvaises pour les finances publiques ; plus il y a d'États membres de l'UE qui entrent dans la récession imminente avec des déficits budgétaires, plus le risque d'une crise de la dette publique à l'échelle de l'UE est élevé.

Toutes les données présentées ici proviennent d'Eurostat.

Autriche

Croissance du PIB : 1,91% (2,43%)

Inflation : 7.81% (6.53%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 48,7% du PIB

Chômage : 5.5% (4.8%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 48,5% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : -5,93% des dépenses publiques

Belgique

Croissance du PIB : 1,48% (1,62%)

Inflation : 5.36% (5.64%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 49,8% du PIB

Chômage : 5.6% (5.6%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 49,0% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : -7,50% des dépenses publiques

Bulgarie

Croissance du PIB : 2,11% (2,63%)

Inflation : 16.37% (15.57%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 58,8% du PIB

Chômage : 5.6% (5.6%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 37,3% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : -5,87% des dépenses publiques

Croatie

Croissance du PIB : 2,83% (3,46%)

Inflation : 13.28% (10.62%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 56,8% du PIB

Chômage : 4.4% (3.9%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 44,1% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : 1,56% des dépenses publiques

Chypre

Croissance du PIB : 3.44% (4.59%)

Inflation : 5.09% (6.58%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 60,9 % du PIB

Chômage : 7.3% (6.8%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 41,1% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : 6,24% des dépenses publiques

République tchèque

Croissance du PIB : -0,09% (0,14%)

Inflation : 12.18% (11.35%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 45,7% du PIB

Chômage : 2,2% (2,6%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 39,8% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : -8,09% des dépenses publiques

Danemark

Croissance du PIB : 2,75% (1,86%)

Inflation : 1.25% (5.78%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 41,9% du PIB

Chômage : 5.0% (4.6%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 48,2% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : 7,36% des dépenses publiques

Estonie

Croissance du PIB : -3,24% (-4,13%)

Inflation : 12.50% (16.02%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 49,0% du PIB

Chômage : 5.3% (5.4%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 37,8% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : -2,15% des dépenses publiques

Finlande

Croissance du PIB : -0,10% (-0,24%)

Inflation : 6.08% (4.79%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 50,0% du PIB

Chômage : 7.1% (6.2%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 51,9% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : -1,63% des dépenses publiques

France

Croissance du PIB : 1,11% (0,19%)

Inflation : 5.60% (4.80%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 51,4% du PIB

Chômage : 7.2% (7.3%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 52,6% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : -8,25% des dépenses publiques

Allemagne

Croissance du PIB : -0,17% (0,23%)

Inflation : 6.20% (6.23%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 49,9% du PIB

Chômage : 3.0% (3.0%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 46,4% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : -4,98% des dépenses publiques

Grèce

Croissance du PIB : 2,34% (4,47%)

Inflation : 4.32% (5.23%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 67,7% du PIB

Chômage : 11.9% (11.9%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 49,6% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : -4,92% des dépenses publiques

Hongrie

Croissance du PIB : -0,95% (0,39%)

Inflation : 13.72% (18.30%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 49,0% du PIB

Chômage : 4.1 % (3.9%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 40,9% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : -11,91% des dépenses publiques

Irlande

Croissance du PIB : -0,19% (12,02%)

Inflation : 4.87% (7.36%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 22,8% du PIB

Chômage : 4.1% (4.2%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 22,8% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : 7,03% des dépenses publiques

Italie

Croissance du PIB : 1,98% (1,08%)

Inflation : 5.86% (5.59%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 60,3% du PIB

Chômage : 8,3% (7,9%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 48,0% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : -14,43% des dépenses publiques

Lettonie

Croissance du PIB : 0,83% (1,20%)

Inflation : 8,98% (13,22%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 60,5% du PIB

Chômage : 6.4% (6.7%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 35,2% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : -9,15% des dépenses publiques

Lituanie

Croissance du PIB : -2,49% (-0,35%)

Inflation : 13.01% (16.05%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 59,0% du PIB

Chômage : 7.8% (6.4%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 35,2% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : 0,19% des dépenses publiques

Luxembourg

Croissance du PIB : -0,35% (-2,21%)

Inflation : 7.04% (3.17%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 28,2% du PIB

Chômage : 4.9% (4.6%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 42,8% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : 1,14% des dépenses publiques

Malte

Croissance du PIB : 3.13% (5.15%)

Inflation : 5.97% (6.42%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 42,0% du PIB

Chômage : 2,9% (2,9%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 34,2% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : -14,02% des dépenses publiques

Pays-Bas

Croissance du PIB : 1,93% (3,19%)

Inflation : 7.57% (7.01%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 43,5% du PIB

Chômage : 3.7% (3.5%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 43,5% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : 0,24% des dépenses publiques

Pologne

Croissance du PIB : -0,13% (0,72%)

Inflation : 15.42% (16.18%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 56,1% du PIB

Chômage : 2,9% (2,9%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : % du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : -7,14% des dépenses publiques

Portugal

Croissance du PIB : 2,74% (2,84%)

Inflation : 8,09% (7,23%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 62,2% du PIB

Chômage : 7.2% (6.6%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 43,2% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : 0,44% des dépenses publiques

Roumanie

Croissance du PIB : 2,31% (4,55%)

Inflation : 13.26% (11.72%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 63,3% du PIB

Chômage : 5.8% (5.4%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 33,0% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : -14,81% des dépenses publiques

Slovaquie

Croissance du PIB : 1,02% (1,22%)

Inflation : 12.02% (8.10%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 60,7% du PIB

Chômage : 6.2% (6.1%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 39,1% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : -4,47% des dépenses publiques

Slovénie

Croissance du PIB : 0,67% (0,22%)

Inflation : 12.42% (9.35%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 54,2% du PIB

Chômage : 3.8% (3.5%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 41,2% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : -6,55% des dépenses publiques

Espagne

Croissance du PIB : 4.10% (3.29%)

Inflation : 6.09% (4.60%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 55,7% du PIB

Chômage : 13.3% (12.9%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 42,0% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : -8,92% des dépenses publiques

Suède

Croissance du PIB : 1,26% (-0,41%)

Inflation : 7.98% (7.11%)

Consommation, moyenne sur 4 trimestres : 42,4% du PIB

Chômage : 7.8% (6.8%)

Impôts, moyenne sur 4 trimestres : 47,7% du PIB

Solde budgétaire, moyenne sur 4 trimestres : 1,75 % des dépenses publiques

Cet article a été publié initialement sur The European Conservative : cliquez ICI

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