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Pourquoi les prévisions du gouvernement sur la croissance pourraient bien se révéler trop optimistes
©BERTRAND GUAY / AFP

Candide

Si les prévisions sur l'activité économie française ne cessent d'être revues à la hausse, il en faut pas pour autant crier victoire trop vite. La confiance des Français maintient l'économie du pays à flot, mais le commerce international pourrait être perturbé, et les grèves, enclenchées ce mois d'avril, connaître des répercussions économiques.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Il y a aujourd’hui un contraste saisissant entre un climat social qui se dégrade, avec un malaise perceptible dans de nombreux secteurs, sans toutefois que l’on puisse redouter un embrasement général et l’économie, ou chaque jour apporte des notes positives à l’activité. Au point que les services officiels du gouvernement ne cessent de revoir à la hausse leurs prévisions. Alors que le déficit a pu être ramené à la surprise générale à 2,6% du produit intérieur brut l’an dernier, grâce à la montée en puissance de la croissance, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, n’hésite pas à prévoir un excédent budgétaire de 0,3%, à la fin du quinquennat en 2022, ce qui permettrait de renouer avec une situation inconnue depuis 1974.

A Bercy, comme à la Banque de France, on a le sentiment d’avoir sous-estimé la reprise économique depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Alors que le ministère tablait récemment encore sur un rythme de 1,7% de progression, on a touché la barre de 2%, qui devrait se confirmer en 2018, et ralentir à peine l’année suivante. Parallèlement, le déficit des comptes publics reviendrait à 2,3% en 2018 et 2,4% en 2019. Les créations d’emplois atteindraient 250 000 dans le secteur marchand, soit autant que l’an dernier. Les investissements des entreprises, comme les exportations bondiraient de plus de 4%. La progression des embauches serait seulement limitée par les difficultés de trouver suffisamment de personnel qualifié. Le gouvernement souligne les effets de la conjoncture internationale, mais aussi des réformes amorcées, en constatant que les vagues de licenciements annoncées par les experts chagrins à propos de la loi El Khomri ne se sont pas produits. La réforme a contribué à déverrouiller le marché du travail.

Conséquence de cette conjoncture souriante : l’engagement des réformes structurelles parait moins urgent.  Le supplément de croissance permet de gommer au moins à court terme les handicaps. Car, le gouvernement n’a toujours pas attaqué le « dur » pour ramener la France au niveau de ses partenaires. Ainsi, les dépenses publiques vont augmenter de 0,6% cette année, alors qu’il faudrait les réduire et les prélèvements obligatoires représentent 54,7% alors qu’ils sont de 47,7% pour la moyenne européenne et 44% en Allemagne. Et Paris envisage seulement de les faire baisser de trois points d’ici la fin du quinquennat.

Au total, le gouvernement ne devrait pas tomber dans un optimisme trop béat sous prétexte que l’image de la France s’est sensiblement redressée depuis un an. Car les zones d’ombres ne manquent pas. Les tensions géopolitiques entre les Etats-Unis, la Chine et la Russie pourraient perturber le commerce international. Déjà les cours du pétrole traduisent les inquiétudes des milieux financiers, tandis que les bourses de valeur ont quelques hoquets qui pourraient annoncer un retournement des marchés. Des signes de ralentissement de la conjoncture apparaissent déjà depuis le début de l’année, aussi bien aux Etats-Unis qu’en Allemagne. En France, la grève de la SNCF commence à faire sentir ses effets, en réduisant certains approvisionnements et en mettant en difficulté certaines entreprises. Or, tout fléchissement de la conjoncture aurait aussitôt un impact sur les comptes et mettrait en relief les failles en matière de réforme. Pour l’anniversaire de sa première année de mandat, Emmanuel Macron peut se féliciter des résultats obtenus, mais ceux-ci demeurent fragiles : ce que la conjoncture internationale a apporté pour le soutien de l’économie pourrait être repris en cas de retour de la crise toujours latente sur fond de l’aggravation rapide de l’endettement des grands pays.

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