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Pourquoi le bras de fer pour les réformes est engagé
©JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

Edito

La trêve pascale que s’apprêtent à vivre nos compatriotes risque de tourner court devant la panoplie de grèves qui se déploie.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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La trêve pascale que s’apprêtent à vivre nos compatriotes risque de tourner court devant la panoplie de grèves qui se déploie : Air France a anticipé le mouvement avec une série d’annulations de vols le 30 mars, en prélude à la paralysie du réseau qui va gagner la SNCF et pourrait durer plusieurs semaines. Pour Emmanuel Macron c’est l’heure de vérité. Le chef de l’Etat ressemble à un cavalier qui a commencé une course folle et voit se dresser devant lui une série d’obstacles qu’il faut franchir, alors que leur nombre augmente au fur et à mesure que l’on s’en approche. Il a déjà plusieurs réussites à son actif, comme un début de réforme du marché du travail à un moment où la conjoncture se montrait favorable avec une reprise générale de la croissance économique.  Et surtout, il a réussi à restaurer l’image de la France qui était particulièrement dégradée et redonné du tonus aux chefs d’entreprise pour les inciter à investir. Les comptes de la nation s’améliorent avec une réduction du déficit public, grâce à l’expansion, mais le poids de la dette continue de croître et les prélèvements obligatoires restent les plus élevés d’Europe, témoignant de l’urgence de poursuivre les réformes.

Après avoir provoqué un tremblement de terre dans les partis politiques, Emmanuel Macron s’en prend au monde syndical pour lui faire embrasser la modernité. Il a opéré un choix difficile, en s’attaquant à la SNCF, une entreprise chère au cœur des Français malgré ses dysfonctionnements et son coût pour le contribuable, pour y extirper les dernières influences du modèle communiste mis en place à la Libération. Ainsi pourrait sauter, en cas de succès, le verrou qui ouvrirait la voie à un syndicalisme moderne qui fait défaut à notre pays.

Les prochaines semaines seront donc cruciales. D’autant que les initiatives se multiplient à tous les niveaux pour freiner le mouvement, comme si la vieille maxime du « encore un moment monsieur le bourreau » prenait corps pour retarder le moment des réformes. Ainsi, le haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, prend du retard pour engager les discussions sur un chantier qui représente 320 milliards d’euros de prestations annuelles, au risque de provoquer un enlisement du dossier. Il est vrai que l’hostilité des retraités à la hausse de la CSG l’incite à la prudence. De même, le big bang promis dans la fonction publique se heurte pour l’instant à une sorte de passivité des syndicats qui ne voient pas de nécessité à amorcer le changement et réclament seulement des augmentations de salaires, pour lesquelles le gouvernement pourrait faire un geste afin de les amadouer. 

Autre exemple : le président du Medef, Pierre Gattaz, voudrait obtenir un report du prélèvement à la source, sous prétexte que les petites et moyennes entreprises ne seront pas prêtes à la date prévue. La réclamation de délais supplémentaires est générale, parce que dans tous les domaines, on mesure le retard que prend notre pays pour s’adapter au monde. Internet ne couvre pas la totalité du territoire, alors que la digitalisation n’en est qu’aux balbutiements et que l’on parle aujourd’hui de l’intelligence artificielle, qui se développe à marche forcée aux Etats-Unis autant qu’en Chine, un secteur dans lequel nous partons avec de lourds handicaps. Il est vrai qu’un sursaut serait nécessaire, notamment au niveau régional, alors que les dépenses d’investissements constituent présentement la variable d’ajustement pour les collectivités locales, qui voient leurs dépenses de fonctionnement s’envoler avec la pression démographique et le désengagement de la puissance publique. C’est pourquoi certains élus regrettent la belle époque où l’on se confiait à l’Etat providence pour régler les problèmes, alors qu’on met l’accent désormais sur le sens des responsabilités des citoyens pour prendre en mains leur destin. Une vraie révolution encore trop souvent incomprise qui va demander du temps.

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