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Terrorisme : pourquoi l’unité nationale ne doit pas masquer la volonté séparatiste de ceux qui haïssent la France
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Aveuglement

Derrière cet optimisme suscité par le courage intervention d'Arnaud Beltrame, est-on capable de regarder la réalité de la situation en Face ?

Zohra Bitan

Zohra Bitan

Membre fondatrice de La Transition, Zohra Bitan est cadre de la fonction publique territoriale depuis 1989, ancienne conseillère municipale PS de l'opposition àThiais (94), et était porte-parole de Manuel Valls pendant la primaire socialiste de 2011. Militante associative (lutte contre la misère intellectuelle et Éducation), elle est l'auteur de Cette gauche qui nous désintègre, Editions François Bourin, 2014.

 
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Suite à l'attaque terroriste de Trèbes de ce 23 mars dernier, la réaction médiatique du gouvernement et des médias, s’est principalement tournée vers l’héroïsme du gendarme Arnaud Beltrame. Cependant, derrière cet optimisme suscité par le courage intervention d'Arnaud Beltrame, est-on capable de regarder la réalité de la situation en Face ? Des agressions de journalistes dans la cité habitée par Radouane Lakdim, à l'existence d'une "zone grise" entre salafisme et rejet de la société française, en quoi la réalité de la situation peut-elle empêcher de tomber dans toute forme d'optimisme ?

Il est tout à fait normal, humain et même sain que l’acte héroïque du Lieutenant-Colonel Beltrame soit l’évènement du drame le plus commenté et le plus médiatisé. Dans une période où les mauvaises nouvelles liées au terrorisme marquent encore les esprits, chacun de nous a besoin d’espoir, de modèle, d’exemple mais aussi de courage. Malheureusement, il aura fallu qu’un homme se sacrifie pour que nous réalisions combien le courage est rare dans notre société.
Je pense que là encore, nous avons fait encore un bout de chemin dans la sortie du déni et de la complaisance quant à cette réalité dénoncée régulièrement par de nombreux citoyens et militants engagés, qui sont celle de ces zones de non droits. Ainsi, on a pu voir des journalistes, sur les réseaux sociaux, s’indigner ou tout simplement relayer cette attaque de leurs confrères dans la cité où résidait Radaouane Lakdim. J’avais presque envie de leur répondre qu’ils participent, par leurs actes, à de la stigmatisation, comme ils l’ont souvent fait pour accuser ceux qui dénoncent ces réalités. Cela aurait été du cynisme de ma part mais comme je suis plutôt en colère, j’ai renoncé à leur faire remarquer que leur découverte n’en n’est pas une.
L’optimisme c’est de croire qu’on peut être rassemblé sans haine, sans tomber dans les solutions faciles, sur un constat réel, partagé, honnête et sans langue de bois. Quand nous aurons atteint ce niveau, nous pourrons parler de solutions.
Il y a encore, en France, beaucoup de gens, médias, politiques, militants politiques, associatifs qui cachent ses réalités par crainte de déclencher l’amalgame et la stigmatisation. En réalité, cela produit le contraire car ne rien dire c’est laisser la place à tous les fantasmes pour travestir la situation, voire l’amplifier et pour le coup ne faire aucune différence entre ces milliers d’habitants, de jeunes qui eux sont les otages en première ligne de ces minorités délinquantes, violentes, ou extrémistes religieux.

Quels sont ces signes révélant une volonté de voiler la réalité de cette situation tension ? Entre la pudeur de ceux qui ne veulent pas "mettre de l'huile sur le feu» ou le fait de qualifier l'acte d'égorgement par un coup de couteau à la gorge", comment le traitement de ces faits tend à neutraliser cette réalité du terrain ? En quoi d'autres faits, comme le meurtre de Sarah Halimi, ou le décès de l'octogénaire Murielle Knoll à Paris, après que celle-ci ait pu déclarer se sentir menacée par un voisin, tendent-ils également à révéler une forme de volonté globale de ne pas décrire cette vérité du terrain" ? 

L’Etat Français n’a jamais été à l’aise avec l’immigration ni avec sa descendance française. Tant qu’elle versait de quoi la laisser entre-elle et que personne ne revendiquait plus ou autre chose, tout allait bien. Nous ne sommes ni sorti du paternalisme, ni de la victimisation et encore moins du complexe de la colonisation. L’antiracisme a échoué et comme pour effacer l’ardoise de cet échec, l’Etat Français ne sait pas faire autre chose que câliner les « opprimés ».Ce que notre Etat ne comprend pas c’est que l’égalité, l’appartenance à la communauté nationale induit que chaque citoyen soit traité de la même façon face à n’importe quel délit, que ce soit le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie etc… Sauf que là encore, pour certains, comme depuis la création de l’antiracisme politique, le joker « Justification sociale » nous est sorti à tous les coups ! 
Le courage serait de dire que quel que soient notre territoire, origine, condition sociale, histoire, c’est tolérance zéro pour tous dans ce qui nous divise !

Comment le gouvernement et la société française peuvent-ils affronter cette réalité ? De l'interdiction du salafisme proposé par Manuel Valls au souhait de Laurent Wauquiez de rétablir l'Etat d'urgence, ou d'autres propositions, quelles sont les pistes à suivre permettant d'adresser une réponse adéquate à la réalité de la menace, du terrorisme à la volonté "séparatiste" exprimée par ceux qui rejettent la société française ? 

Quand M. Valls était au pouvoir, il aurait pu faire fermer ces mosquées Salafistes ; malheureusement, cela n’a pas eu lieu. Même Malek Boutih, prompte à dénoncer des réalités sans langue de bois a voté contre ces fermetures à l’assemblée, c’est dire ! La parole ne mange pas de pain, les actes eux nécessitent du courage. Nous n’avons pas de chance dans notre pays, aucune personnalité politique n’en n’a eu à ma connaissance sur ces questions.
Quant à Laurent Wauquiez, il oublie que face au tout sécuritaire, il y une urgence d’un vaste plan de démantèlement de ces zones de non droit et pas dans le but d’exclure, de discriminer ou de stigmatiser mais de construire avec ces citoyens français !
Personne n’est crédible lorsqu’il s’enflamme dans le tout sécuritaire car si l’on n’intègre pas la dimension sociale qui est de casser ces ghettos pour inclure à la communauté nationale des milliers de personnes qui ne se sentent pas en faire partie, ça restera une histoire sans fin.
S’il convient de punir autrement que par des sanctions culpabilisantes pour ceux qui dispensent, il est aussi urgent d’un plan d’intégration au sens propre du terme adossé à un vaste plan d’intégration sociale exigeant, rigoureux et qui mobilise la part d’effort de chacun.
Enfin, moralement, il est temps que les complexés de la colonisation, plutôt à gauche pour bon nombre d’entre eux se détendent et intègrent que l’égalité, ce n’est pas couvrir les faits et gestes de « ces minorités opprimés » car par cet acte d’indulgence, ils signent une énorme discrimination et un paternalisme des plus abjectes. 

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