Pauvreté, climat, les ferments de la guerre civile s’accumulent. Pour y faire face : la croissance avec comme carburant l’épargne <!-- --> | Atlantico.fr
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Les banlieues françaises ont reçus des allocations de fonds publics considérables depuis un quart de siècle, bien supérieures à ce qu’a pu recevoir n’importe quel autre territoire français.
Les banlieues françaises ont reçus des allocations de fonds publics considérables depuis un quart de siècle, bien supérieures à ce qu’a pu recevoir n’importe quel autre territoire français.
©LUDOVIC MARIN / AFP

Atlantico Business

Pour éviter la guerre civile, il faudra lutter à la fois contre la pauvreté et contre le réchauffement climatique. Les deux défis sont nécessairement complémentaires. Autrement, il faudra se préparer à la guerre civile.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La violence des émeutes urbaines est insupportable et inexcusable, sauf que cette violence marque la gravité de la pauvreté mais pas seulement. Les émeutiers ne sont pas parmi les populations les plus pauvres. Les banlieues françaises ont reçus des allocations de fonds publics considérables depuis un quart de siècle, bien supérieures à ce qu’a pu recevoir n’importe quel autre territoire français. Mais ces aides diverses et multiples n’ont pas servi à améliorer la qualité de la vie parce qu’il manque toujours à ces populations l’essentiel de ce qu’il faut pour vivre ensemble. Des logements décents, des services publiques qui fonctionnent, une éducation, et surtout un sentiment d’appartenir à la communauté nationale et au projet national. Il faudra donc encore beaucoup investir pour éradiquer cette forme de pauvreté.

Mais ne nous y trompons pas, il existe le même sentiment de pauvreté dans les pays émergents. La mondialisation a permis d’extraire  des millions d’êtres humains de la famine et de la misère en Afrique, et surtout en Asie, mais elle a aussi fabriqué des armées de travailleurs décalés par rapport aux normes de vie de la mondialisation d’où un sentiment de déclassement qu’il faudra bien réduire autrement que par un laisser-faire coupable des flux migratoires.

Il faudra bien lutter contre toute cette pauvreté sur la planète si on veut éviter des guerres et des conflits. Ici comme ailleurs.

Mais parallèlement à cette lutte contre toutes ces formes de pauvreté, il faudra aussi lutter contre le réchauffement climatique… Or, la tentation de ralentir le développement economique  pour diminuer les émissions de gaz polluant qui est aujourd hui proposé par des courants de l’écologie radicale nous mènera évidement à la catastrophe.

D’abord parce que dans les pays développés, la majorite des populations n’acceptera pas de se priver des avantages apportés par la croissance. Pour quoi abandonner la liberté de circuler, de voyager, pourquoi renoncer aux progrès de la santé et de l’éducation. Pourquoi se replier sur une économie de substance ou de survie dont on est sorti trois générations de travail en Occident.

Mais il y a plus grave encore,  les populations qui n’ont pas bénéficié des bienfaits de la prospérité économique, ceux qui habitent aujourd'hui dans les banlieues des grandes métropoles et tous les travailleurs de la mondialisation dans les pays émergents, refuseront les armes à la main d’apprendre que pour des raisons écologiques, parce qu’ils ne pourront plus monter dans le train de la prospérité economique alors qu’ils auront par leur travail permis à l’occident de vivre mieux. Cette situation-là est inimaginable.

La seule issue pour éviter cette catastrophe mondiale sera de coupler la lutte contre le réchauffement climatique et la lutte contre la pauvreté.

Pour se battre sur deux fronts, la seule issue passe par la croissance. La seule issue est de consacrer l’essentiel de l’effort d’investissement à la décarbonation mais pas seulement en Occident. La seule issue est de considérer que cet investissement sera de facto créateur de richesses et de valeurs donc participant à la lutte contre la pauvreté. Pauvreté dans les banlieues, pauvreté dans les pays émergents …

Alors les Cassandre de la croissance nous expliquent déjà que nous n’aurons pas l’argent pour financer une telle mutation. C’est n’avoir rien compris à l’économie que de ne pas savoir que l’ajustement entre les projets d’investissement et les moyens disponibles existe si l’investissement est rentable, c’est-à-dire s’il produit sa propre capacité de financement.

L’épargne existe en Occident. Rien qu’en France, nous avons 3000 milliards d’épargne liquide et disponible, une épargne qui dort et qui sert de garantie aux emprunts que l’Etat contracte pour financer son fonctionnement. Cette épargne serait mieux employée à financer des investissements d’avenir et les marchés seraient tout autant sécurisés.

Dans les pays émergents, l'épargne est également considérable, elle provient de la vente des matières premières et des énergies mais aussi de la non-consommation de leur population qui travaillent à la mondialisation. Ces excédents sont recyclés sur les marchés financiers ou investis en occident dans des industries classiques.

L’enjeu de la mutation liée à la lutte pour la protection environnementale et du climat offre une multitude d’investissement à cette épargne qui n’est pas ou peu fléchée. Il faudra lutter contre le réchauffement climatique mais il faudra parallèlement lutter pour une croissance nouvelle à l’échelle du monde pour éradiquer la pauvreté. Techniquement et financièrement c’est possible. Mais politiquement ça risque d’être beaucoup plus problématique.

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