Passeport vaccinal : les entreprises le réclament, l’Europe le prépare pour juin, mais la France traîne des pieds sans être capable de dire pourquoi<!-- --> | Atlantico.fr
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Un flacon de vaccin contre la Covid-19, une seringue et un passeport européen. De nombreuses questions se posent sur le passeport vaccinal pour les mois à venir.
Un flacon de vaccin contre la Covid-19, une seringue et un passeport européen. De nombreuses questions se posent sur le passeport vaccinal pour les mois à venir.
©JOEL SAGET / AFP

Atlantico Business

La présidence du Medef en avait émis l'idée il y a déjà plusieurs mois, différentes professions le réclament et Thierry Breton l'annonce en Europe pour la mi-juin. Et la France, comme pour les masques, les tests et les vaccins, sera en retard.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Quelle que soit sa dénomination, le risque d’une persistance de la pandémie va rendre incontournable un certificat qui permettra de garantir la sécurité sanitaire de la vie humaine et sociale.

Ce certificat pourra être un passeport vaccinal qui indique que son titulaire a été vacciné ou alors un document attestant qu’il est armé d’anticorps tout simplement, parce qu’il a eu la maladie et en est sorti guéri. Mais ce document peut aussi prouver qu’on a subi un test PCR  dans les 72 dernières heures et que ce test est négatif.

Ce document, qui serait établi par l’administration officielle, pourrait être digitalisé avec des QR code qui permettraient de vérifier très vite de sa sincérité, mais il pourrait être aussi présenté sur papier.

Techniquement, l’établissement de ce type de document ne présente aucune difficulté. Les laboratoires d’analyse sont capables d’assurer l’information et les organismes d’assurance maladie sont en mesure d’en garantir l’authenticité.

Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, en avait émis l'idée dès le mois de janvier, en expliquant que beaucoup de professions en auraient besoin pour pouvoir travailler en paix et en confiance.

C’est évidemment un document qui permettrait aux personnes vaccinées, par exemple, de voyager à l’étranger si le pays de destination admet sa validité et conditionne l’accueil à sa présentation. Mais ce document peut aussi permettre d’accéder aux différents lieux de travail ou de loisirs. Il est évident que les entreprises ont intérêt à s’assurer de la non contagion de leurs personnels ou de leurs clients. C’est évidemment un document que les restaurateurs, les hôteliers, les directeurs de stade, de salles de spectacle ou de musées attendent avec de plus en plus d’impatience pour ouvrir leur établissement et revenir à une activité normale. Bref, la grande majorité des professionnels le réclament avec force. Et si le passeport vaccinal n’est pas prêt, ils réclament au minimum un test antigénique type auto test, ou mieux un test PCR.

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La reprise de la vie économique et sociale a évidemment besoin de tels laisser-passer. On peut aussi, comme l’a expliqué une fois Emmanuel Macron, lier ce passeport à un certificat sanitaire qui pourrait répertorier toutes les informations sanitaires : tests négatifs, attestation de non-symptôme et autre vaccination.

Selon Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur, ce certificat sanitaire ou ce passeport pourrait être disponible dès la fin de mois de juin afin qu’il puisse être utilisé pendant l’été et faciliter la mobilité des vacances, en évitant d’être testé à chaque instant.

Sera-t-il obligatoire en Europe ? Thierry Breton ne peut pas l’affirmer. Ça dépendra des différents Etats membres, mais le Danemark, l’Islande, la Suède, la Norvège, la Grèce l’ont déjà quasiment rendu obligatoire pour les voyages.

Cela dit, le projet ne fait pas l’unanimité c’est vrai. D’abord, parce que certains pays utilisent des vaccins qui n’ont pas reçu l’agrément de l’autorité de santé européenne. Le Spoutnik fabriqué par les Russes par exemple est utilisé par la Hongrie mais pas encore agrée, ce qui pose un problème au niveau de la validité du certificat de vaccination. Il n’existe pas encore de certificat standardisé. C’est ce à quoi Thierry Breton doit s’attaquer au niveau européen.

Ensuite, il faut reconnaître que les populations ne sont pas enthousiastes mais peut être parce qu’elles n’ont pas encore été vaccinées dans des proportions importantes, ce qui permettrait de garantir une immunité collective.

Enfin, la France est très en retard dans la mise en œuvre de ce type de projet, parce qu’entre la formulation de l’idée, sa mise en œuvre et son application concrète, il existe quantité de strates administratives et bureaucratiques qui freinent et bloquent l’idée, comme depuis le début de la pandémie. Au tout début, la France n’avait pas de masques, peu après, elle n’avait pas de tests. Quand la France avait de quoi tester, elle n’avait pas de quoi tracer les cas positifs, les assigner à résidence et les isoler. Aujourd’hui, elle risque fort de manquer de vaccins. Du coup, elle se refuse à prévoir un passeport vaccinal qui serait obligatoire.

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Mais le président de la République est très prudent pour une autre raison. Il craint sans doute le reproche de discriminer la population. Entre ceux qui sont vaccinés et ceux qui ne le sont pas parce qu’il n’y aurait pas assez de doses très vite, l’Etat français ne veut pas créer deux catégories de citoyens. Ceux qui pourraient vivre normalement et ceux qui en  seraient empêchés. Par conséquent, exactement comme il a refusé d’isoler les cas positifs, il finit par être contraint de confiner ou de déconfiner tout le monde. Affaire d’égalité.

Cette situation très ambiguë va créer une situation difficile à gérer pour l’été prochain. Parce que deux choses l’une, ou on reste confiné, ce qui ne sera pas accepté. Ou bien on va déconfiner l’ensemble de la population et on prend le risque d’une nouvelle flambée de virus à l’automne, ce qui ne sera pas mieux accepté.

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