Economie mondiale
Net ralentissement de la croissance chinoise : bonne ou mauvaise nouvelle pour le reste de la planète ?
Entre 2013 et 2018, la Chine a représenté 28 % de la croissance mondiale. Actuellement, la croissance chinoise commence à se stabiliser. Quelles peuvent être les conséquences sur la croissance mondiale ?
Atlantico : Entre 2013 et 2018, la Chine a représenté 28 % de la croissance mondiale, soit le double de celle des États-Unis, selon une tribune publiée dans le Financial Times par Kevin Rudd, ancien Premier ministre australien. Alors que la croissance chinoise commence progressivement à se stabiliser, cela signifie-t-il que la croissance mondiale en pâtira ?
Michel Fouquin : Une chose est certaine, la Chine a eu une croissance tout à fait hors-norme depuis bientôt près de 40 ans et nous nous attendions depuis quelques années à ce qu’elle revienne à un niveau plus faible de l’ordre de 5% par an. Si l’on regarde la performance actuelle de la Chine, on peut qualifier cela de retour à la normale. Dans le monde de l’après crise sanitaire, elle a été la première économie à rebondir et tout à coup elle revient à la situation initiale. Mais en effet cela peut inquiéter beaucoup d’acteurs du monde économique.
Il faut savoir qu’un ralentissement de l’économie chinoise ne sera pas de mauvais augure pour l’économie mondiale. La remarque de Kevin Rudd est simplement mécanique :: si la chine croit vite compte tenu de son poids dans l’économie mondiale celle-ci en « bénéficie », mais cet effet « bénéfique » sur l’économie mondiale est discutable si cela passe par la croissance des exportations chinoises grâce à des subventions publiques et que cela se fait au détriment de ses concurrents, si cette croissance suppose une production a très fort contenu en carbone c’est mauvais pour la planète etc
Par ailleurs une croissance forte de la chine s’accompagne de problèmes plus ou moins sévères d’approvisionnement qui pèsent sur les économies occidentales.
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Si il y a moins de demande chinoise sur l’économie mondiale, avec une baisse de sa croissance, cela peut être bénéfique et cela peut alléger les tensions d’approvisionnement.
Alors comment apprécier la situation actuelle ?
Si l’on regarde la Chine aujourd’hui, on se rend compte qu’elle est confrontée à une série de défis majeurs. Retenons en deux parmi d’autres : Il y a une forte volonté (louable) du gouvernement chinois de réduire les émissions de gaz à effets de serre et de mettre au pas le secteur de la construction qui est surendetté et qui menace la Chine d’une grave crise financière . Le géant asiatique a des problèmes de fond et cela se traduit par exemple par la déstabilisation du marché des métaux et provoque des remous en bourse.
Sur l’acier, entre janvier et juillet dernier, nous avons connu une montée des prix de l’acier de 40 %. Et fin septembre, la baisse des prix de l’acier a été de 50%, les prix du minerais de fer suit le mouvement Ces mouvements de prix qui nous impactent sont liés à la situation chinoise. Le gouvernement chinois a décidé qu’en 2021 la production d’acier devait être réduite au même niveau qu’en 2020 et pas plus. Or la croissance de ce secteur a été très forte de janvier à avril forçant les industriels du secteur à fermer certaines de leurs usines et leurs clients à se reporter sur reporter sur les marchés mondiaux ce qui a provoqué une montée des prix. De même l’aluminium dont la Chine est le premier producteur doit diminuer sa production car elle est très intense en électricité charbonnée. À travers ses objectifs louables de réductions d’émissions, elle provoque des remous sur les marchés mondiaux de producteurs de métaux, les déstabilisent et touche à notre croissance. La crise de l’entreprise Evergrande révèle un surendettement systémique qui de plus ne se limite pas à cette entreprise ce qui peut mettre en danger les finances de la Chine et provoquer une crise économique en Chine et par voie de conséquence dans l’économie mondiale.
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Comment pourrait évoluer la Chine à terme ?
L’une des autres difficultés que rencontre la Chine vient de ses importations de composants électroniques. Ils viennent d’Asie du sud-est, une région fortement impacté par la pandémie mondiale. La Chine souffre de cela, mais aussi Apple qui concentre en Chine la production de ses Iphone ou General Motors qui ont tous dus réduire leur production. Ces difficultés de la Chine touchent les chaines d’approvisionnement de nos éconmies et en ce sens pèse sur notre reprise.
La Chine est devenue l’ « usine du monde » en fabriquant en masse des produits manufacturés à bas prix dont le consommateur occidental abénéficié. Aujourd’hui, cet aspect est en train de s’atténuer, la Chine ne veut plus rester un producteur à bas couts avec une main d’œuvre peu qualifiée. Elle vise la haute technologie et Xi Jinping veut assurer l’autonomie stratégique de son pays, réduire sa dépendance à l’exportation et se concentrer sur son marché intérieur et sur ses relations avec les pays proches.
Peut-on comparer la situation de la Chine à celle du Japon à la fin des années 80 ?
Oui et non. Ce qui a bloqué la croissance japonaise a été l’ouverture forcée par les États-Unis de ses marchés financierst et l’appréciation dramatique de sa monnaie L’ouverture a fait que les grandes entreprises japonaises ont été contraintes de se soumettre aux règles de transparence exigées par les investisseurs étrangers et révéler à cette occasion l’ampleur de leur surendettement. ce qui a causé un effondrement de la bourse japonaise pendant des années. Cette économie était notamment tirée par l’exportation avec un faible taux de change la réévaluation du Yen a marqué la fin de la croissance de la part des exportations japonaise dans le monde
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La position chinoise est un peu différente car la Chine est plus importante que le Japon et a les moyens de s’opposer aux demandes des États-Unis . Elle pèse 15 % des exportations mondiales et en Asie c’est le premier partenaire pour beaucoup de pays. Il y a la constitution d’une zone économique régionale sous domination chinoise. Nous avons affaire à une nouvelle superpuissance avec plus d’ambition que le Japon. Jusqu’à présent Xi Jiping, à l’inverse de ce que les japonias ont fait, a choisi de renforcer le rôle des entreprises d’État qui suivent ses directives . Elles sont aussi capables de résister aux Américains car ces derniers sont dépendants d’’eux : les investissements américains en Chine sont remontés au premier semestre 2021 à leur plus haut niveau de l’avant pandémie.malgré les multiples conflits qui opposent les gouvernements des deux pays.
Au total la Chine dispose encore de réserves financières importantes qui doivent lui permettre de surmonter les problèmes auxquels elle doit faire face.
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